Caractéristiques
- Titre : A Real Pain
- Réalisateur(s) : Jesse Eisenberg
- Scénariste(s) : Jesse Eisenberg
- Avec : Jesse Eisenberg, Kieran Culkin, Will Sharpe, Jennifer Grey et Kurt Egyaman.
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Comédie dramatique
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 89 minutes
- Date de sortie : 26 février 2025
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Avec trois nominations aux Golden Globes, dont le Prix du Meilleur acteur dans un second rôle remporté par Kieran Culkin, et deux aux Oscars – Meilleur acteur dans un second rôle, toujours, et Meilleur scénario original – A Real Pain est le second long-métrage réalisé par Jesse Eisenberg, deux ans après When You Finish Saving the World, sorti directement en VOD. Il y interprète David, partant avec son cousin Benjamin (Kieran Culkin) en Pologne, sur les traces de leur grand-mère décédée.
Un long-métrage sensible et émouvant
Avec le jeu de mot présent dans son titre, Jesse Eisenberg place immédiatement deux thématiques au cœur de son film : le road trip dans lequel se lancent les deux cousins de confession juive sera un parcours douloureux, sur les traces d’ancêtres dont ils veulent honorer la mémoire. Mais « a real pain » est aussi une référence directe au caractère instable et difficile de Benji, qui peut très vite devenir « une vraie plaie » pour le petit groupe de touristes qu’ils rejoignent en Pologne.
En suivant ces personnages marqués par les cicatrices du passé, le film propose une réflexion sensible sur la souffrance – faut-il la relativiser à l’échelle des drames de l’humanité, la réprimer ou l’accepter ? – et sur les relations familiales et amicales. David et Benji sont très unis et partagent de nombreux souvenirs, mais cet amour quasi fraternel est terni par de la rancœur et de la jalousie, que le long-métrage représente avec beaucoup de justesse. Alternant habilement entre drame et comédie, le film est sincère, humain et très touchant.
Road trip et devoir de mémoire
Dans A Real Pain, le voyage est omniprésent : le film commence par un plan séquence dans un aéroport et s’arrêtera tour à tour dans des hôtels, des gares, ou un taxi roulant à vive allure sur l’autoroute. La caméra, assez mobile, s’éloigne alors des personnages pour s’intéresser aux grands espaces urbains, aux immeubles et aux rues. Elle ne filme pas seulement les monuments les plus emblématiques de Pologne, mais également les lieux du quotidien ou abandonnés. Et lorsqu’il s’agit de montrer les camps de concentration, passage attendu de ce film sur le devoir de mémoire, c’est avec pudeur et sobriété que le réalisateur laisse place au silence et au recueillement.
Le personnage de James, incarné par Will Sharpe, guide leur périple et l’ancre dans l’histoire à l’aide de dates et d’événements clés, mais cette approche didactique n’est jamais pesante pour le film, Benji veillant au grain pour l’interrompre lorsqu’il monopolise un peu trop la parole et l’attention. Tel un buddy movie, le film alterne alors entre réflexion sur la transmission et la mémoire de l’Holocauste, et règlements de comptes familiaux. Le tout au son de pièces pour piano écrites par le compositeur polonais Chopin, interprétées par le pianiste Tzvi Erez.
Un casting attachant et talentueux
Malgré son sujet difficile, A Real Pain s’éloigne du mélodrame larmoyant grâce à un casting particulièrement talentueux. Le petit groupe disparate de personnages réunis par le voyage – un couple de retraités américains (Liza Sadovy et Daniel Oreskes), une quinquagénaire dont la mère est rescapée des camps (Jennifer Grey) et un rescapé Rwandais converti au judaïsme (Kurt Egyiawan) – s’articule de manière harmonieuse autour des deux cousins, chacun apportant son expérience et ses observations au cours de leur circuit. Tous s’efforcent de s’accommoder des humeurs changeantes de Benji, véritable trublion volubile et amusant, toujours en quête d’attention, mais devenant par instants impulsif et tourmenté.
Jesse Eisenberg offre à Kieran Culkin, connu pour son interprétation du bouillonnant Roman Roy de la série Succession, un rôle taillé sur mesure. Très instable, enfantin et débordant d’émotions, l’acteur livre une prestation remarquable, faisant passer le spectateur du rire aux larmes en un clin d’œil. Le contraste avec son cousin David, père de famille bourgeois introverti, angoissé et mal à l’aise en compagnie, brillamment incarné par Jesse Eisenberg, est particulièrement saisissant. Malgré ces disparités flagrantes, le duo affiche à l’écran une complicité et une alchimie bouleversantes, qui font la véritable réussite du long-métrage.
A Real Pain est donc un film émouvant et sincère porté par un duo d’acteurs brillants. A mi-chemin entre buddy movie divertissant et drame intense sur le devoir de mémoire, ce second long-métrage de Jesse Eisenberg est l’une des grandes réussites de ce début d’année 2025.
