Caractéristiques

- Titre : Superman
- Réalisateur(s) : James Gunn
- Scénariste(s) : James Gunn
- Avec : David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult, Nathan Fillion, Isabela Merced, Edi Gathegi, Frank Grillo, Sean Gunn et Milly Alcock.
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Action, Aventure, Science Fiction
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 130 minutes
- Date de sortie : 9 juillet 2025
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie Vol.3, The Suicide Squad) et premier film du nouveau DC Universe, Superman raconte l’histoire du super-héros qui se retrouve impliqué dans des conflits aux quatre coins de la planète tandis que ses interventions en faveur de l’humanité commencent à susciter le doute. Percevant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la tech et manipulateur de génie, en profite pour tenter de se débarrasser définitivement de lui. Lois Lane, l’intrépide journaliste du Daily Planet, pourra-t-elle, avec le soutien des autres méta-humains de Metropolis et le fidèle compagnon à quatre pattes de Superman, empêcher Luthor de mener à bien son redoutable plan ?
Un récit simple, mais habilement enrichi
Était-il trop tôt pour proposer un nouveau film Superman, alors qu’une bonne partie du public considère encore Henry Cavill comme leur kryptonien ? Si l’on se base uniquement sur ce film, clairement non. James Gunn prend le contre-pied de bien des habitudes propres au genre super héroïque, et le résultat est, sans aucun doute, rafraîchissant. Le scénario, assez simple, n’en est pas moins efficace. Superman (interprété par David Corenswet, aussi convaincant en Clark Kent qu’en Homme d’acier) est déjà actif depuis quelques années. Il est l’un des nombreux super-héros de ce monde, mais reste sans conteste le plus puissant. Une position qui suscite la jalousie de Lex Luthor, incarné par Nicholas Hoult, parfait en mégalomane calculateur. Ce dernier élabore un plan visant à discréditer le super-héros auprès du grand public.
Simple, donc, mais James Gunn — également scénariste — y appose sa patte : un ton politique assumé (avec un conflit évoquant clairement la situation israélo-palestinienne), une réflexion sur le rôle des super-héros et leur responsabilité morale, notamment au travers d’une interview de Lois Lane (la pétillante Rachel Brosnahan). Le film assume également pleinement son inscription dans un univers partagé : Superman n’est pas le seul héros de Metropolis. Il évolue aux côtés du Justice Gang (clairement un embryon de Justice League) composée notamment de Green Lantern (Nathan Fillion, excellent et décontracté comme à son habitude), Hawkgirl (Isabela Merced, impressionnante de charisme) et Mister Terrific (Edi Gathegi, qui vole plusieurs scènes). Ils peuvent autant collaborer que gérer leurs affaires chacun de leur côté, pendant que Superman suit sa propre trajectoire.

De la politique, de l’humain, et un univers partagé assumé
Cette approche a le mérite d’être rafraîchissante, et s’avère même un tacle subtil à Marvel, dont les héros cohabitent dans une même ville sans jamais réellement se croiser face aux menaces majeures. Certes, si vous connaissez les comics, certaines révélations seront prévisibles. Mais peu importe : le plaisir est ailleurs. Gunn est généreux, et offre une belle variété de scènes d’action, bien réparties, qui contribuent à caractériser les personnages. Superman y retrouve une humanité rarement vue au cinéma — à la limite de la caricature, mais cela fonctionne grâce à la sincérité de l’approche. C’est d’ailleurs le cœur du film : l’humanité de Superman. Un thème pertinent, bien exploré. Gunn en profite aussi pour désamorcer intelligemment quelques points souvent moqués, comme la double identité de Clark/Superman et ses fameuses lunettes.
Dans cette version, Clark et Lois sont en couple depuis trois mois, une relation déjà un peu bancale qui donne à Lois sa propre intrigue, loin du simple rôle de faire-valoir. Même les personnages secondaires comme Jimmy Olsen ou Eve Tessmacher ont droit à leurs moments de lumière. L’humour, quant à lui, fonctionne parfaitement — l’une des forces de Gunn depuis ses débuts. Le seul vrai bémol côté scénario reste Krypto, le chien, un peu trop présent et occupant une place peut-être disproportionnée dans l’histoire. Pour le reste, ce scénario simple, mais riche en thématiques et inscrit dans un univers partagé dès le premier film, évoque un gros épisode de série télé… dans le bon sens du terme.

Une mise en scène colorée et immersive
Côté mise en scène, James Gunn assume un style éclatant, à mille lieues de l’univers sombre de Zack Snyder — et c’est clairement ce qu’il fallait. L’image est très colorée, autant dans la photographie que pour le costume de Superman. Un choix esthétique très proche de l’esprit des comics. On devine déjà la direction que Gunn souhaite prendre pour le futur DCU, et c’est prometteur. Les scènes d’action, comme souvent chez lui, bénéficient de superbes plans-séquence qui favorisent l’immersion. Quant aux scènes plus intimistes, elles sont tout aussi réussies : la scène d’interview entre Lois et Superman/Clark est probablement la plus belle du film, magnifiquement orchestrée.
Le rythme ne faiblit jamais durant 2h10. Les effets spéciaux sont de qualité. Enfin, un mot sur la musique composée par John Murphy et David Fleming : si elle fonctionne globalement, on peut regretter qu’ils n’aient pas pleinement osé utiliser le mythique thème de John Williams. Il en subsiste quelques variations, mais il y avait des moments où il aurait été justifié de le faire entendre avec plus de puissance. À défaut, un tout nouveau thème fort aurait dû être créé.
Avec ce Superman, James Gunn réussit son pari : redéfinir l’Homme d’acier tout en posant les bases d’un DCU partagé pleinement assumé, cohérent, coloré et profondément humain. Sans révolutionner le genre, le cinéaste insuffle une vraie personnalité à son film, loin du cynisme ambiant ou des approches trop lisses. Porté par un casting solide, un ton juste et une mise en scène inspirée, ce Superman-là a tout pour réconcilier les fans de longue date et séduire une nouvelle génération. James Gunn redonne des couleurs à Superman, et ça fait un bien fou.