Caractéristiques

- Titre : Évanouis
- Titre original : Weapons
- Réalisateur(s) : Zach Cregger
- Scénariste(s) : Zach Cregger
- Avec : Josh Brolin, Julia Garner, Alden Ehrenreich, Austin Abrams, Cary Christopher, Benedict Wong et Amy Madigan.
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Epouvante-horreur, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 128 minutes
- Date de sortie : 6 aout 2025
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Après le succès inattendu de Barbare en 2022, Zach Cregger revient avec Évanouis, un thriller horrifique qui prend pour décor la banlieue américaine et s’appuie sur un mystère glaçant : la disparition de dix-sept enfants d’une même classe, tous à la même heure, la même nuit. En deux heures et huit minutes, le réalisateur déroule un récit chapitré, intrigant et parfois frustrant, où chaque point de vue dévoile un fragment de l’énigme. Trois ans après la réussite de son premier long-métrage, Zach Cregger parvient-il à transformer l’essai ?
Énigme chapitrée et puzzle d’indices
Une disparition massive et mystérieuse d’enfants, voilà le point de départ d’Évanouis. La petite ville américaine où se déroule l’action bascule alors dans l’incompréhension et la peur, chacun cherchant à comprendre la cause de cet événement hors normes. Ce postulat de départ est narré dans un court prologue, une voix d’enfant douce et apaisante racontant en off la disparition, à la lisière entre conte macabre et faux true crime. Ce choix installe d’emblée une atmosphère troublante, mêlant l’innocence apparente à l’horreur latente. Le récit se centre d’abord sur Justine Gandy (Julia Garner), l’institutrice de la classe. Très vite, une partie des parents endeuillés, à commencer par Archer Graff (Josh Brolin), voit en elle la principale responsable. Déterminée à comprendre ce qui s’est passé, Justine s’engage alors dans une quête de vérité semée d’embûches.
Le film adopte une narration chapitrée en six segments, chacun prenant un point de vue différent. Si le premier chapitre s’attache donc à Justine, accusée et rejetée, le second bascule vers Archer, menant sa propre investigation. Les segments suivants élargissent encore le spectre des regards, chaque personnage apportant un fragment de vérité, jusqu’à la révélation finale. Le réalisateur évite habilement la redondance grâce à des changements de focus qui ne répètent pas l’information, mais l’enrichissent. Ce jeu de perspectives entretient un suspense constant et maintient l’intérêt jusqu’aux dernières minutes.

Une mise en scène classique au service d’un crescendo maîtrisé
Visuellement, Évanouis ne cherche pas la sophistication. La mise en scène est plutôt simple, faite de nombreux champs et contre-champs et de dialogues posés. La caméra capte la banlieue pavillonnaire américaine avec un œil neutre, et l’on aurait aimé qu’elle creuse davantage les mœurs ou la psychologie collective des habitants. Cette sobriété est ponctuée de quelques moments plus inspirés, notamment grâce à des travellings bien sentis, souvent placés lors des séquences nocturnes.
Le film prend le parti de se concentrer sur les conséquences de la disparition avant de revenir, plus tard, sur ce qui s’est réellement passé. Cette construction contribue à un rythme d’abord mesuré, qui s’accélère progressivement jusqu’à un climax anxiogène teinté de notes grand-guignolesques assumées. Malgré une certaine lenteur, il n’y a que peu de temps mort sur les deux heures de projection. Le film alterne entre scènes de la vie quotidienne et moments de tension plus marquée. Les jump scares sont assez classiques mais font leur effet, et quelques images viennent tout de même troubler durablement. La frontière avec le fantastique est constamment frôlée, mais nous ne révélerons bien évidemment pas si le récit y bascule totalement.

Entre satisfaction et frustrations
L’une des surprises d’Évanouis réside dans sa bande-son. Là où l’on pourrait attendre des nappes sonores et des bruitages inquiétants, Cregger choisit régulièrement des morceaux pop rock, créant un contrepoint original à l’angoisse du récit. Cette légèreté musicale vient parfois désamorcer la tension, mais participe aussi à l’identité singulière du film. Quant au casting, solide, il contribue à l’efficacité du récit. Julia Garner campe une Justine à la fois fragile et obstinée, Josh Brolin impose sa présence en père meurtri et hargneux, et Benedict Wong, Alden Ehrenreich ou encore Amy Madigan complètent une distribution homogène qui soutient le mystère sans jamais tomber dans l’excès.
Malgré ses qualités, le long-métrage peine à maintenir la tension et l’effroi sur toute sa durée. Le final risque clairement de diviser, même s’il a le mérite de donner une conclusion cohérente au mystère. Sur le plan de l’horreur pure, les images angoissantes ne manquent pas, notamment celles des enfants courant dans la nuit, bras écartés dans des postures étranges. Cependant, l’efficacité de la peur pâtit de certaines facilités, comme l’abus du contraste classique entre silence et bruit soudain, ou le recours fréquent à des environnements nocturnes et sombres, propices aux cauchemars. En comparaison, Barbare s’était montré plus convaincant et original.
En définitive, Évanouis confirme que Zach Cregger n’est pas le réalisateur d’un seul coup d’éclat. S’il n’atteint pas la singularité brutale de Barbare, il démontre qu’il sait tisser un mystère captivant et s’aventurer sur un terrain narratif plus ambitieux, quitte à en perdre un peu d’impact horrifique. Porté par un casting solide et quelques images mémorables, le film reste une proposition intéressante dans le paysage de l’horreur contemporaine, suffisamment marquante pour donner envie de suivre avec attention le parcours à venir de son réalisateur.