Caractéristiques
- Titre : Black Flies
- Titre original : Asphalt City
- Réalisateur(s) : Jean-Stéphane Sauvaire
- Avec : Tye Sheridan, Sean Penn, Michael Pitt, Raquel Nave, Katherine Waterson et Mike Tyson.
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Genre : Drame, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 120 minutes
- Date de sortie : 3 Avril 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage réalisé par Jean-Stéphane Sauvaire (Une prière avant l’aube, Johny Mad Dog), Black Flies raconte l’histoire de Ollie Cross, jeune ambulancier de New York, qui fait équipe avec Gene Rutkovsky, un urgentiste expérimenté. Confronté à la violente réalité de leur quotidien, il découvre les risques d’un métier qui, chaque jour, ébranle ses certitudes et ne lui laisse aucun répit.
Des situations différentes et prenantes
Black Flies narre donc l’histoire de Ollie (Tye Sheridan, excellent). Cela fait quelques jours qu’il est ambulancier dans le secteur de Brooklyn, à New-York. Ce travail, il le fait pour pouvoir faire médecine. Il révise donc la journée, quand il ne fait pas le 19h/7h de son travail, ou entre quelques interventions. Avec lui, un homme plus expérimenté, Rutkovsky, l’impeccable Sean Penn (Flag Day). Au fil des semaines et des interventions, la découverte de ce métier ne sera pas tout rose.
C’est là que le scénario est intéressant. Il va nous montrer un lot d’interventions extrêmement différentes. Que ce soit des personnes touchées par balles, une crise d’asthme, une femme qui accouche, une crise d’épilepsie, etc. Les situations sont tellement différentes les unes des autres que l’on ne s’ennuie pas et on ne sait pas comment cela peut finir. Une situation simple au départ peut empirer, alors que l’inverse peut s’avérer aussi vrai.
Mais, au delà de ça, on assiste aussi à une étude de ce métier. Les ambulanciers sont les premiers à soigner une personne avant l’arrivée à l’hôpital. Chaque geste compte. Une erreur, un temps de réflexion trop long, et cela peut mener au désastre. Tout cela combiné donne une charge mentale assez lourde à ces personnes en première ligne. C’est ce qui est le plus passionnant dans Black Flies.
Une réflexion sur le métier d’ambulancier
Comment gérer ce que l’on voit au quotidien ? Comment gérer la tension d’une situation ? Et comment cela affecte-t-il la vie privée ? Ollie commence une relation avec Clara, mais cette histoire d’amour pourra-t-elle continuer avec ce que subit le jeune homme ? Il en est de même pour Rutkovsky, qui est divorcé de sa femme Nancy, Katherine Waterson, présente dans une seule scène, mais qui la met à profit, et qui a une petite fille.
Black Flies pousse également à la réflexion sur le travail même d’ambulancier, avec le personnage de Lafontaine, Michael Pitt, que l’on voit trop rarement sur grand écran. On pourrait le traiter de connard au début du long-métrage mais, au fur et à mesure des interventions, on perçoit ce qu’il veut faire comprendre à Ollie. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord avec ce qu’il dit, mais la désillusion de son métier est bien réelle, quand la plupart des personnes prises en charge décèdent.
De plus, il y a encore deux autres choses pertinentes abordées : la première est le stress post-traumatique avec Rutkovsky. Ce dernier a vécu le 11 Septembre. Il était sur place. Il n’a pas besoin d’en dire beaucoup pour comprendre que cela l’a clairement marqué. La seconde est la hiérarchie, qui n’est pas tendre. Une erreur et c’est la mise à pied. Ici, cela passe par le personnage du Chef Burroughs, Mike Tyson, qui fait ce qu’il peut et ne montre que peu d’empathie pour ses subordonnés.
Une réalisation réaliste
Côté réalisation, le français Jean-Stéphane Sauvaire fait dans le réaliste. Il reste au plus près de ses personnages, caméra à l’épaule. Il montre bien dans quel état est, par moments, Ollie. La caméra est l’extension du personnage, son point de vue sur ce qu’il vit autant que ses ressentis. Il filme aussi New-York – notamment le quartier de Brooklyn – de façon réaliste, que ce soit pour les bons et mauvais côtés. Il y a aussi tout un travail sur le son : que ce soit l’absence de celui-ci quand le personnage bugue sur une situation, ou encore quand il se sent mal. Le bruit de mouches est aussi bien utilisé et pertinent.
Les mouches noires du titre représentent les cadavres. Dans certaines situations, durant une intervention ou dans la vie d’Ollie, ce bruit est présent pour nous montrer que le personnage est en train de mourir intérieurement, ou lorsqu’il y a ou va y avoir un mort. Pour le reste, la musique est très peu présente, mais souligne bien certains moments. L’utilisation de « L’or du Rhin » de Richard Wagner en début et fin de métrage est aussi pertinente, montrant que, malgré ce qu’il se passe, la vie continue et un nouveau jour se lève.
Black Flies est un drame prenant et puissant sur le quotidien des ambulanciers de New-York qui sont en première ligne. Filmé de façon réaliste avec des acteurs impliqués, le long-métrage met en lumière un métier qui est dangereux et peu gratifiant.
