Caractéristiques
- Titre : Rosalie
- Réalisateur(s) : Stéphanie Di Giusto
- Scénariste(s) : Stéphanie Di Giusto, Sandrine Le Coustumer
- Avec : Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Anna Biolay, Gustave Kervern et Juliette Armanet.
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Genre : Drame, Historique, Romance
- Pays : France, Belgique
- Durée : 115 minutes
- Date de sortie : 10 avril 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Stéphanie Di Giusto (La Danseuse), Rosalie, sélection officielle du Festival de Cannes 2024 dans la section Un Certain Regard, raconte l’histoire de Rosalie, une jeune femme dans la France de 1870. Mais ce n’est pas une jeune femme comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. De peur d’être rejetée, elle a toujours été obligée de se raser. Jusqu’au jour où Abel, un tenancier de café acculé par les dettes, l’épouse pour sa dot sans connaître son secret. Mais Rosalie veut être regardée comme une femme, malgré sa différence qu’elle ne veut plus cacher. En laissant pousser sa barbe, elle va enfin se libérer.
Une autre féminité
Rosalie est donc un long-métrage sur l’émancipation d’une femme. Une femme différente, à la pilosité accrue, qui va devoir s’accepter et faire accepter cette différence. Le scénario s’avère assez classique dans sa construction, mais inverse quelques thématiques, ce qui n’est pas plus mal. Si, quand Rosalie (Nadia Tereszkiewicz, dans une magnifique performance) révèle son secret à son tout nouveau mari Abel, cela se passe mal, il s’avère que le village l’accepte bien tel qu’elle est au départ. Alors oui, certains vont en profiter pour faire de l’argent en la considérant comme un phénomène de foire. Mais le fait d’être reconnue, d’être interviewée par des journalistes ou prise en photo permet à la jeune fille de s’affirmer et de s’accepter telle qu’elle est alors qu’elle avait caché cette particularité toute sa vie.
Si son mari Abel (Benoît Magimel, touchant) le prend mal au début, ignorant tout de ce secret avant le mariage, et qu’il trouve cette jeune femme repoussante, le scénario va prendre une direction assez classique puisque une histoire d’amour qui va se développer au fur et à mesure entre eux. Alors oui, c’est prévisible, mais cette partie est bien gérée puisque l’évolution se fait de façon progressive. De plus, le personnage d’Abel a aussi gardé des cicatrices de la guerre. Le fait que l’histoire soit prévisible n’empêche pas que l’on s’attache aux personnages et à ce couple atypique.
Des thématiques bien traitées
A l’inverse, alors que Rosalie est bien acceptée par la population au départ, elle va être, progressivement, mise à l’écart à cause d’un gérant d’usine, Barcelain (Benjamin Biolay, toujours aussi monolithique dans son jeu), et de son régisseur Pierre (l’impeccable Guillaume Gouix). Au travers de ces deux personnages, on comprend la jalousie que le succès de Rosalie suscite en ville.
Si, du côté du scénario, il y a peu à dire car, autant sur le développement des personnages, des thématiques et de l’intrigue il n’y a pas beaucoup à dire même s’il y a quelques petites longueurs en milieu de métrage, et que les acteurs sont impliqués – surtout que le duo Tereszkiewicz et Magimel est bouleversant vers la fin du film. La réalisation est quant à elle classique. Alors oui, cela sied bien au film : il y a de superbes plans, que ce soit dans le village ou encore mieux dans la forêt. La direction photo s’avère superbe, mais il manque un petit quelque chose, surtout pour les scènes dans le bar où, par exemple, l’espace est assez réduit.
Un drame d’époque classique mais attachant
Côté montage, Rosalie est bien rythmé la plupart du temps. Comme nous le disions plus haut, il y a quelques petites longueurs en milieu de métrage. On reconnaitra aussi le superbe travail sur les décors (naturels ou construits) et costumes qui nous plongent bien dans la période des années 1870. Le maquillage et le travail sur la barbe ou le corps de Rosalie sont impressionants. On croit vraiment à l’hirsutisme (le dérèglement hormonal qui entraîne une hyperpilosité) du personnage. Enfin, la composition musicale de Hania Rani est tout simplement magnifique. En plus de parfaitement accompagner le film, elle reste en tête grâce à un thème sublime.
Rosalie est un drame historique assez classique avec ses thématiques et personnages parfaitement traités. Il nous a conquis avec des images magnifiques et un duo d’acteur qui offre de belles performances. Nadia Tereszkiewicz est touchante. Un film somptueux.