[Étrange Festival 2016] Patchwork – Tyler MacIntyre

Caractéristiques

  • Titre : Patchwork
  • Réalisateur(s) : Tyler MacIntyre
  • Avec : Tory Stolper, Tracey Fairaway, Maria Blasucci, James Phelps
  • Genre : Comédie, Epouvante-horreur
  • Pays : Canada, Etats-Unis
  • Durée : 86 minutes
  • Note du critique : 5/10

Synopsis

Ellie, Madeleine et Jennifer, trois femmes aux caractères radicalement différents, sont enlevées après une soirée particulièrement arrosée et assemblées en une seule et même personne. Elles partent à la recherche du coupable, bien décidées à se venger…

La critique

Décidément, la figure horrifique de la création retournée contre son créateur, Frankenstein pour faire bref, n’a pas fini de hanter le cinéma de genre. Patchwork doit évidemment beaucoup à l’œuvre de Mary Shelley, mais attention car nous allons voir que la tonalité s’en éloigne grandement pour accoucher d’une comédie gore pour le moins déjantée… et déchaînée.

Tyler MacIntyre, qui jusqu’ici a fait ses armes de réalisateur dans le court-métrage, prend appui sur l’un de ces derniers qu’il étire sur une petite heure et demie. Patchwork, donc, était à la base plus un concept qu’autre chose, et l’on ne connaît que trop bien les problèmes qui découlent de ce genre de production : si formellement ça tient la route (généralement), c’est beaucoup plus problématique côté scénario. Seulement, ici, le réalisateur n’a pas spécialement eu à se creuser la tête : son court était crétinoïde, ce sera aussi le cas sa version maousse costaud.

Patchwork ne peut que récompenser le spectateur curieux en quête de métrage aussi loufoque que généreux. Ne nous attardons pas trop sur le fondamental : il est au pire abject, au mieux on s’en tartine d’une force phénoménale. Bon, cette histoire d’un trio de femmes victimes des hommes qui se retrouvent réunies au sein d’un seul et même corps pour aller buter du débilos mâle, en temps normal ça aurait eu droit au duo clou et pilori. Mais bon, on accepte la bêtise abyssale du propos pour se prendre une bonne giclée d’hémoglobine bien fendarde, voire même pour rire de bon cœur de la description incroyablement over the top de certains « charmeurs » clownesque en diable.

image patchwork

En quête d’indices pouvant lui permettre de remonter jusqu’à son Docteur Frankenstein, l’abomination défouraille, tabasse avant de causer. Patchwork fait dans l’humour pas spécialement fin, mais la formule prend plutôt bien : les trois âmes qui constituent ce melting-pot désorienté prend position, cause « entre elles » et provoque bien des tourments à son enveloppe charnelle malmenée. En résulte une impression qui rappellera évidemment Frankenhooker, sa créature bardée de tics grossiers et affublée d’une démarche aussi instable que ses pensées.

Seul regret que l’on peut éprouver en sortant de ce Patchwork aussi bêbête qu’efficace, le découpage en chapitre ne fonctionne pas aussi bien qu’espéré. L’idée est limpide : puisque le corps de cette monstruosité est un assemblage de plusieurs femmes, accordons le même traitement au film lui-même. Problème, du coup certains petits effets de suspens tombent à plat. Cet effet secondaire était pourtant assez prévisible : un film de ce genre a besoin de montées, d’instants plus forts que d’autres, et cette division tend à en dédramatiser leur nature en les balançant un peu n’importe comment. Dommage, même si l’impression générale est bonne.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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