Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Développeur : Level-5
- Editeur : Bandai Namco Entertainment
- Date de sortie : 23 mars 2018
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- Note : 8/10 par 1 critique
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Une suite agréablement surprenante
Notre intérêt pour Ni No Kuni ne date pas d’hier. Alors que la suite, sous-titrée L’Avènement d’un nouveau monde, est désormais disponible, toujours développée par l’infatigable studio Level-5, on se remémore de bons souvenirs. Tout a débuté en 2008, lors d’une annonce restée dans les mémoires. Et pour cause : ce premier jeu, d’une toute nouvelle licence, allait s’accompagner de cinématiques dirigées par le studio Ghibli, et affichait une direction artistique adaptée à la situation. Un véritable événement non seulement pour les gamers, mais aussi les fans d’animation japonaise. Sorti en 2013 en Europe, le soft a su trouver son public, notamment grâce à un système de Familiers très addictif. Cinq ans plus tard, l’éditeur Bandai Namco fait le pari de creuser cet univers, en prenant quelques risques. Sont-ils payants ?
Élément de la plus grande importance dans un RPG japonais, le scénario tient évidemment une place centrale. Ni No Kuni 2 nous a beaucoup plu notamment pour sa volonté d’aller droit au but, côté récit. Loin du recours systématique aux cinématiques, un phénomène qui a beaucoup porté atteinte à certains jeux du même genre, Level-5 décide d’installer les problématiques dès l’introduction, puis de laisser le joueur voguer en direction de la solution, à l’exception de quelques rares cutscenes. L’exemple du traitement de Roland est, à ce titre, carrément exemplaire. Terminé, les longs tunnels narratifs : en quelques minutes seulement, on comprend que cet homme, qui vit dans le monde réel, est un homme politique, et sera plongé dans un monde parallèle, suite au déclenchement d’une guerre très explosive. Dans ce nouvel univers, il deviendra l’ami et Premier Ministre d’Evan, jeune roi de sang mêlé, déchu après un coup d’état meurtrier. Ensemble, et accompagnés d’acolytes qui rejoindront l’aventure, ils vont tout faire pour unir les différents Royaumes dans une paix durable et globale. Et ce malgré les plans maléfiques de Kundal…
Un jeu aux millions de sourires
Avant d’aller plus loin, sachez qu’il n’est nul besoin d’avoir joué à Ni No Kuni, pour bien tout comprendre des tenants et aboutissants de Ni No Kuni 2. Le boss de Level-5, Akihiro Hino, l’a assumé en interview : il s’agit peut-être du même monde, mais tout est affaire d’interprétation. Le plus évident des liens est le nom de la première ville traversée : Carabas. Dans celle-ci, on retrouve d’ailleurs une situation politique qui pourra rappeler des éléments scénaristiques du premier jeu. Alors, s’agit-il d’une suite, dont le récit serait espacé de plusieurs siècles avec le précédent soft, ou d’une variation comme peut le proposer la série des Final Fantasy ? On penche pour la première solution. La narration, elle, a évolué dans le bon sens. Comme écrit plus haut, les cinématiques sont bien moins présentes que par le passé, ce qui renforce l’esprit de conte par le biais des phases de gameplay. Aux côtés du cheminement principal, vous aurez aussi droit à toute une foule de quêtes annexes. Si leurs déroulés n’est pas du genre passionnant (on y reviendra plus tard), on ne peut nier qu’elles participent grandement à la cohésion de l’univers. On croise des personnages hauts en couleur, dans des lieux pleins de personnalité, du moins pour ce qui est des Royaumes.
Le gameplay, lui, a pris une direction totalement différente. Ni No Kuni 2 fait le choix des combats en temps réels, et en arène afin de cloisonner les déplacements. On pensera forcément à ce qu’a pu proposer la licence Tales Of, elle aussi éditée par Bandai Namco, tant le dynamisme du résultat est un plaisir à prendre en main. Le studio de développement a eu la bonne idée d’inclure un ciblage des ennemis, c’est là une base rassurante. Carré balance des coups rapides, Triangle des attaques plus lentes et puissante, Rond permet de sauter pour frapper les ennemis en l’air, R1 pour utiliser une arme à distance, et l’on peut avoir recours à des magies en maintenant R2. Afin de fuir un duel trop déséquilibré (ce qui n’arrivera pas souvent), il faudra rejoindre les bords de la zone, pendant un laps de temps, ce qui place le personnage en posture délicate. Mais ce n’est pas tout, car le jeu multiplie les idées. Vous serez accompagnés par des mousses, des petits esprits que vous serez en capacité de créer et faire évoluer. Pendant les joutes, il sera possible d’activer leurs pouvoirs, qui pourront être bien utiles quand l’adversité devient un peu plus délicate. Aussi, ils vous procureront des sphères, aux différents effets vivifiants. Il sera possible de s’accorder des objets salvateurs, notamment pour restaurer de l’énergie, mais seulement dans une limite de nombre imparti, ce qui ajoutera un peu de tactique lors des duels de haut niveau. Seul regret : les esquives sont assez lentes, une évidence qui peut créer certains désagréments…
Des mécaniques diverses qui créent un ensemble vivifiant
Des quêtes, des combats, Ni No Kuni 2 assure le noyau du RPG à la japonaise. Mais à cela, il ajoute deux mécaniques qu’on n’avait pas vu venir. Tout d’abord, les phases de stratégie. Pas de panique, les Starcraft et autres Alerte Rouge ne sont pas invités à la fête. Le principe de ces séquences est beaucoup plus porté sur l’action. Evan est accompagné de quatre escadrons, toutes associés à un type : épée, marteau, arc, bouclier, pistolet et lance. Chacun a son point fort, et son point faible. Par exemple, si l’une de vos factions est l’épée, il sera plus fort que le marteau, et plus fragile face à la lance. Ainsi, le roi déchu se doit de remplir un objectif, en terrassant les troupes ennemis. Pour cela, il faudra principalement faire attention à trois éléments. Le premier est la jauge militaire, qui permet d’accélérer les déplacements et la vitesse d’attaque. Le second est la puissance militaire, laquelle vous accordera notamment le droit de recréer des troupes, ou de lancer certaines attaques ou bonus. Attention, car si vos possibilités chutent à zéro, vous ne pourrez plus rien espérer. Enfin, on a les tactiques, qui sont associées aux chefs d’escadron. Par exemple, Grant fait appel à des planeurs qui jettent des bombes sur l’ennemi. La réussite de cette mécanique tient dans sa vision d’ensemble, qui forme un véritable jeu dans le jeu, et ce même si certaines batailles auront tendance à devenir très fouillis.
La deuxième grosses mécaniques assez inespérée est la gestion du château. Ni No Kuni 2 vous propulse dans la peau d’un souverain certes déchu, mais pas dénué d’envie de régner. Pour parvenir à son objectif, créer « un royaume aux millions de sourires », il va falloir gérer ce nouveau territoire, pertinemment baptisé Espérance. Au départ, vous serez le chef de deux ou trois maisons en bois, mais les choses vont évoluer, et pas qu’un peu. Plus vous voyagerez, plus vous rencontrerez des personnages qui voudront rallier votre monarchie idyllique. Et plus nombreuse sera cette main d’œuvre, plus le château gagnera en influence. Les richesses seront amassées, dépensées pour construire de nouveaux bâtiments. Aucun de ceux-ci ne seront à prendre à la légère. Par exemple, la Forge vous permet de créer des armes, de les faire évoluer. Afin de proposer plus de matière, voire des effets qui auront cours en-dehors d’Espérance, comme grâce à a Caserne et le perfectionnement des stratégies militaires, il faudra se lancer dans des Recherches. Lesquelles demanderont du temps, ingame, pour être menées à bien. Cette tâche est principalement l’affaire des travailleurs sur le site. S’ils sont spécialisés, tout ira plus vite. Croyez-nous, vous allez passer du temps dans cet aspect gestion, car les bienfaits en valent la peine.
Un résultat pas dénué de défauts
Ni No Kuni 2 étonne par sa propension à toujours garder le joueur éveillé, malgré quelques baisses de régime sur certains aspects. Les quêtes annexes, si elles sont nombreuses et parfois assez drôles, se résument trop souvent à du très classique Fedex. Aussi, on aurait apprécié un peu plus de villages, notamment dans les endroits reculés d’un continent de l’Est, assez vide de substance. Tout cela est contrebalancé par un sens du rythme assez efficace. On félicite Level-5 d’avoir pensé aux voyages rapides, tant ils permettent de ne pas se fader des allers et retours incessants. Par contre, cela tire une balle dans le pieds des moyens de transports : le bateau et l’avion n’ont finalement que peu de sens. Du moins de prime abord, car les joueurs qui voudront se lancer dans le très désirable 100% devront y avoir recours, ne serait-ce que pour atteindre certains coffres. La collecte, d’ailleurs, est l’un des autres points importants du jeu. Chaque ennemi est l’occasion d’un loot. Des armes et défenses certes, mais aussi des ingrédients qui auront leur place dans des recettes, constructions et même pour faire évoluer vos précieux mousses. Vous aurez aussi la possibilité de vous plonger dans des labyrinthes procéduraux, dans le but d’atteindre le dernier étage et le boss qui va avec. Une jauge de danger grimpera constamment, augmentant par la même occasion le niveau des ennemis. Pas de panique, vous pourrez faire baisser la menace grâce à des orbes roses, à donner en offrandes à certaines statues. Comme vous pouvez l’observer : le jeu est très riche en mécaniques différentes, ce qui forme un ensemble très plaisant à parcourir, malgré la répétitivité des quêtes annexes.
Le dernier point, et pas des moindres, concerne la partie techniques de Ni No Kuni 2. Et autant le signifier de suite : elle souffle le chaud et le froid. Ce dernier est associé aux quelques baisses de framerate, et environnement très peu inspirés, voire fainéant, des donjons et autres grottes. Aussi, la distance d’affichage, sur la map, aurait pu s’avérer plus profonde. Heureusement, ces quelques retenues sont accompagnées d’un sentiment beaucoup plus enjoué pour le reste. La direction artistique est carrément enchanteresse, ce qui créeé une sensation délicieuse de dépaysement. Notre coup de cœur va à la rococo et naturaliste (oui, les deux) Gamblor. Le character design est efficace, assez sobre en fin de compte. Par contre, la variété des ennemis est étrangement limitée, ce qui s’ajoute au regret de ne pas avoir droit à un bestiaire au sein de la pourtant agréable encyclopédie. Pour finir, les musiques sont toujours dirigées par le surdoué Joe Hisaishi (Kids Returns, Hana-bi, Princesse Mononoké, Le voyage de Chiriro, bref un monstre sacré), qui accouche de thèmes dans l’ensemble assez égaux. On aura du mal avec le morceau de la Méca-usine, tandis que celui de Mécarbor, ou le thème principal évolutif, sont de doux plaisirs pour les oreilles.
Note : 16/20
Après les cinquante heures que demandent l’histoire principale, et les cinquante de plus pour atteindre le 100%, Ni No Kuni 2 nous apparaît comme une belle réussite. Pas dénuée de défauts, certes, notamment dans la conception très répétitives des quêtes annexes, ou la pure techniques parfois incertaine. Mais l’ensemble est tellement généreux avec le joueur, permettant à celui-ci de toujours éprouver l’envie d’aller plus loin, qu’on lui pardonne sans mal ces petits loupés. Reste un soft abordable, à la difficulté adaptée à son temps (facile d’accès pour ceux qui ne veulent que l’histoire, plus difficile pour qui veut tout voir), bourré de mécaniques intéressantes. De là à espérer que Bandai Namco et Level-5 continuent d’explorer cet univers, il n’y a qu’un pas…