Caractéristiques
- Titre : Silvio et les autres
- Titre original : Loro 1
- Réalisateur(s) : Paolo Sorrentino
- Avec : Toni Servillo, Elena Sofia Ricci, Riccardo Scamarcio, Kasia Smutnak...
- Distributeur : Pathé Distribution
- Genre : Biopic, Drame
- Pays : Italie, France
- Durée : 2h38
- Date de sortie : 31 octobre 2018
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Dans la peau de Silvio Berlusconi
Il a habité nos imaginaires par la puissance de son empire médiatique, son ascension fulgurante et sa capacité à survivre aux revers politiques et aux déboires judiciaires. Il a incarné le triomphe absolu du modèle libéral en ayant profité de la chute du communisme au début des années 1990. Silvio B. a incarné un pays – l’Italie – en osmose avec son époque en pleine recherche identitaire.
Le « cavaliere » avait déjà été traité au cinéma sous la caméra de Nanni Morreti en 2006 avec Le Caïman, à l’allure « un peu sage ». Dans Silvio et les autres, Paolo Sorrentino propose douze ans plus tard un détour dans une virée politiquement incorrecte dans la vie de luxe et de débauche du nabab italien. Le film dépeint la frange de la société transalpine la plus amorale et mégalo qui soit. Celle qui fantasme d’approcher le milliardaire; celui qui a été trois fois de suite chef du gouvernement tout de même ! Pendant 2h30, le spectateur devient le témoin numéro un de cet état des lieux.
Le portrait de toute une frange politique
Silvio et les autres porte parfaitement son titre puisque le film se divise en deux, voire trois parties : la première heure introduit le personnage principal que l’on va totalement zapper pendant l’heure suivante, quand d’autres apparaissent et disparaissent au fil du récit. Pour finir sur une dernière partie qui met en lumière les mensonges de l’homme politique, qui laisse métaphoriquement l’Italie en ruines.
Paolo Sorrentino s’intéresse à l’animal politique et à son entourage avec toute la virtuosité qu’on lui connaît, son style pop, ses images léchées et un goût particulier pour le choix des musiques. Une mise en scène à laquelle le réalisateur italien nous a bien habitués depuis sa Grande Bellezza.
L’acteur Toni Servillo retrouve son réalisateur fétiche Paolo pour la 5eme fois de sa carrière après le 1er film l’Uomo in piu (2001), les Conséquences de l’amour (2003), il Divo (2008), auréolé du Prix du Jury à Cannes et la Grande Bellezza, Oscar du Meilleur film étranger. L’acteur fétiche et toujours génial campe ici un Silvio à la fois cynique et brutal, parfois odieux. Mais le monstre (politique) prouve qu’il peut être un homme (blessé). Et donc un vrai personnage de cinéma.