[Test] Evoland Legendary Edition : bon duo, mais des soucis techniques

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • OSX
    • Xbox One
  • Développeur : Shiro Games
  • Editeur : Shiro Games
  • Date de sortie : 5 février 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 5/10

Deux aventures intéressantes à découvrir, mais des bugs

image evoland
Evoland est plein de références parfois croquignolesques.

Voilà une aventure intéressante à découvrir. Et ceci au-delà des probables qualités des deux jeux contenus dans Evoland Legendary Edition. Remontons le temps, direction l’an de grâce 2013. La hype autour des jeux vidéo indépendants était alors déjà ben implantée, ouvrant les portes des différentes plateformes à tout un tas de studios à dimension que l’on qualifiera d’humaine. Et c’est le cas pour Shiro Games, entité bicéphale bordelaise, créée par Nicolas Cannasse et Sébastien Vidal. Leur premier titre, Evoland, fut récompensé lors d’une compétition, la Ludum Dare (48 heures pour créer un soft, autour d’un thème imposé). Ce carton aura poussé les deux compères à perfectionner le titre, et à le proposer à la vente sur Steam, où il rencontra un succès d’estime. Assez pour enclencher la production d’Evoland 2, paru deux ans plus tard. Depuis, Shiro Games est surveillé par les passionnés, qui attendent leurs nouveaux jeux au tournant. Une belle histoire donc, à laquelle on peut ajouter un petit coup de pouce sur Dead Cells, et l’on avait hâte d’en découvrir la substantifique moelle, sur PlayStation 4.

Comme évoqué ci-dessus, Evoland Legendary Edition est une compilation, laquelle contient les deux jeux formant la licence. Le projet est simple : proposer ces softs sur les machines récentes, dans leur état d’origine. Il ne s’agit pas d’un remaster, donc aucune amélioration technique n’est à attendre. Puisque le trip se veut très direct, abordons ces softs pour ce qu’ils sont, tout d’abord côté scénario. Celui-ci ne brille par par une quelconque profondeur. Il s’appuie surtout sur un concept : celui de l’évolution du jeu vidéo. Et plus particulièrement, pour Evoland, du RPG. Dans celui-ci, on incarne un avatar dont le destin est de pourfendre un adversaire hautement belliqueux, en faisant progresser son environnement. L’idée est aussi simple que très efficace : on débute quasiment sur Game Boy, en terminant avec de la 3D, en passant par tout un tas de stades que l’on débloque en ouvrant des coffres.

Très simple donc, jusque dans son gameplay. Evoland manie plus ou moins habilement les différentes mécaniques du RPG, et plus particulièrement du J-RPG, même si quelques sorties de pistes nous mènent vers le jeu de rôle occidental, ou des sous-genre comme le hack’n slash. Dans certains donjons, ou sur la carte du monde, on combat au tour par tour. Mais d’autres fois, les coups se filent en direct, comme dans un bon vieux Action-RPG. L’ensemble n’est pas spécialement hyper cohérent dans le gameplay, mais l’intérêt est ailleurs : faire capter au joueur les différents stades d’évolution de ce genre roi. Il est tout à fait plaisant de dénicher un coffre, tant on est impatient de découvrir une nouvelle évolution. Aussi, les amateurs de références vont pouvoir s’en donner à cœur joie, le jeu n’en manque pas et parvient à leur donner un véritable sens. Final Fantasy 7, Secret of Mana, Diablo et bien d’autres répondent présent, et leur évocation n’est pas innocente. Par contre, on peut évidemment regretter un arrière-goût de prototype, tant on aurait apprécié que le concept aille plus loin, notamment dans le développement de ces citations : pas de lexique, ni aucun bonus. Dommage, mais cela donnait à espérer pour la suite.

Shiro Games tient un bon concept

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Evoland 2 se range définitivement du côté de l’Action-RPG.

Evoland 2 a pris votre dévoué serviteur à revers. Car cette suite va beaucoup plus loin qu’une amplification du concept d’Evoland. On a bien différentes époques vidéoludiques évoquées, 8 bits, 16 bits, et de la 3D. Ceci pour représenter le passé, le présent et le futur des personnages embarqués dans le scénario. Mais on dit au-revoir à la saveur apprentissage, contenu dans le premier soft : Shiro Games ne veut plus nous faire comprendre les modifications de gameplay, mais les utilise pour le bien de sa narration. Un peu dommage, surtout que le récit n’est pas transcendant outre mesure. On a droit à une ambiance de RPG japonais assez classique, mais habité d’un humour parfois habile. Comme dans Chrono Trigger, il est question de voyages dans le temps, et de modification de la timeline par le biais des différentes péripéties. C’est assez prenant pour faire oublier le revirement de philosophie.

Evoland 2 gagne aussi en cohérence du gameplay. Si l’on a différentes phases, allant du shoot’em up au duel style Street Fighter, en passant par du combat en tour par tour, Shiro Games a tout de même préféré installer définitivement l’Action-RPG dans le fauteuil principal. Et c’est tant mieux, tant ça fonctionne bien. Tuer des ennemis vous rapporte soit de l’argent, de la vie ou de l’expérience, et l’on progresse relativement bien. Seule véritable retenue dans la prise en mains, cette lenteur du personnage, à l’époque du présent, donc en 16 bits. Elle est assez horripilante, et il n’existe pas de possibilité pour courir. Sinon, on apprécie plutôt ce voyage, assez long finalement. Enfin, les petits secrets, ici ou là, donnent à l’ensemble encore plus de goût. Trouver des composants pour fabriquer un équipement légendaire, ou des aliments afin d’aider une chaîne de restaurants rappelant fortement une enseigne américaine, cela ajoute de l’intérêt à la farfouille des environnements.

Pas mal de bons points donc, et pourtant Evoland Legendary Edition est atteint d’une véritable tare. Malheureusement, le jeu est truffé de bugs en tous genres. Lors de notre test, le jeu a crashé trois fois, aussi bien sur Evoland que sur Evoland 2. Aussi, et surtout, ce dernier voit son déroulement être bousculé par de gros soucis d’affichage : dans le futur, en 3D, l’intérieur des maisons de la ville principale, Génova, ne s’affichent que partiellement. Aussi, le titre embarque un jeu de cartes à collectionner, lesquels permettent de se lancer dans des batailles. Las, certaines ne se déclenchent pas, et révèlent un écran bleu. Espérons que Shiro Games se penche actuellement sur ce problème, et nous réserve un patch. Auquel cas, la note pourra être augmentée de trois points. Précisons que notre test n’implique que la version PlayStation 4, pas les autres. Précisons tout de même que ces bugs n’empêchent pas le joueur de terminer le second titre, tel qu’il figure actuellement. Enfin, signalons l’intelligence avec laquelle le groupe Shakkam s’est emparé du devoir de composition. Les musiques suivent le style graphique employé, avec des sonorités rappelant non pas des thèmes déjà existants, mais l’esprit de ces anciens travaux. De quoi apprécier l’écoute, même en-dehors de l’expérience manette en mains.

Note : 11/20

Evoland Legendary Edition nous pose un véritable souci : les deux jeux nous ont charmé, et pourtant on ne peut totalement adouber l’expérience. Et ceci non pas à cause de la qualité des softs, mais de bugs assez gênants (sur PlayStation 4, tout du moins), que l’on se prend en pleine poire, surtout à l’occasion d’Evoland 2. Du coup, si Shiro Games fait paraitre un patch, on pourra ajouter trois bons points. Car le studio peut se targuer d’avoir su installer un concept étonnant, et une suite tout aussi surprenante, qui ne se contente pas de perfectionner une recette. Le tout doublé d’un contenu costaud juste ce qu’il faut, avec plus d’une vingtaine d’heures au compteur pour qui veut, par exemple, trouver tous les objets cachés.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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