Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Nintendo Switch
- Développeur : Red Entertainment
- Editeur : PQube, Just For Games
- Date de sortie : 18 avril 2019
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
L’histoire, coûte que coûte
Si vous suivez nos tests, vous savez qu’on est du genre à essayer de ne pas passer à côté d’un Visual Novel. Danganronpa, Steins;Gate, 428 Shibuya Scramble, on n’aura de cesse de souligner le grand plaisir que l’on peut ressentir en les découvrant. Car voilà un genre bien à part dans l’industrie du jeu vidéo, que l’on peut qualifier de roman graphique, et plus ou moins interactif selon les titres. Certains tentent des mélanges carrément osés, comme Utawarerumono, licence utilisant des phases de RPG tactique. Le soft qui nous intéresse ici, Our World Is Ended, développé par Red Entertainment et édité chez PQube (distribué, en France, par Just For Games, c’est à préciser tant cette boîte produit de l’excellent travail), ne s’inscrit pas dans cette optique. Par contre, il vise l’autre particularité d’un Visual Novel : une histoire passionnante, et très japonaise dans l’esprit.
La créativité des auteurs japonais n’est plus à démontrer, surtout quand il s’agit d’aborder le Visual Novel. Our World Is Ended s’ajoute sans mal à la somme des réussites de ce genre, grâce à un récit hautement prenant. L’aventure nous projette dans la peau de Reiji, un jeune développeur qui travaille, au sein du studio Judgement 7, sur le jeu vidéo W.O.R.L.D. Ce soft, en réalité augmentée, représente un véritable défi pour lui et, un jour d’été incroyablement chaud, il embarque un casque AR pour bien en capter toutes les possibilités. Direction Asakusa, et c’est parti pour l’expérience. Laquelle va couper court, et surtout s’avérer effrayante : le dispositif est victime d’un bug : il décrit un quartier en ruine, post-apocalyptique. Pas très serein, Reiji retourne au studio en quatrième vitesse. Il ne sait pas encore qu’il vient de voir ce qui pourrait s’avérer le futur.
Des personnages qui participent pleinement à la réussite du jeu
Et c’est dans ce petit local qu’on fait connaissance avec le reste de l’équipe. Un moment important, tant l’écriture des personnages secondaires figure parmi les points importants d’un Visual Novel. Our World Is Ended dispose d’une galerie de protagonistes assez classique pour le genre de délire science-fictionnel qu’il nous propose. Le héros est un petit génie bourré de doutes, Owari le geek pervers, Yuki l’illustratrice un peu gothique, etc. On est dans nos pantoufles, mais force est de constater que cet ensemble fonctionne idéalement dès que le scénario s’emballe. Passé une introduction peut-être un peu trop longue, la problématique se charge de nous emballer : l’équipe est effectivement transporté dans un Asakusa issu de leur imagination débordante, avec les monstres qui vont bien. Tous remués, ils vont vite devoir se concentrer, car s’ils n’agissent pas le quartier finira par être détruit. Bien entendu, on décèle dans cette histoire une dose de méta, mais maquillée par une ambiance ouvertement délirante.
Autre grosse attente autour de n’importe quel Visual Novel, la qualité d’écriture des dialogues. On s’apprête, tout de même, à lire ceux-ci pendant des dizaines d’heures. Avant d’aller plus loin, sachez que Our World Is Ended est entièrement sous-titré en anglais. Il vous faudra un niveau moyen pour vous en tirer, le vocabulaire n’est pas très poussé, on s’en sort plutôt bien. Ce qui ne signifie pas que les répliques seraient simplistes, loin de là. Car Red Entertainment est parvenu à un résultat assez admirable, en travaillant chacun des caractères, et leur administrant des petits tics de langages. Cette application provoque un effet positif : on finit par reconnaître chacun des personnages sans même avoir recours au nom affiché, ce qui est toujours bon signe. L’humour un peu gras est omniprésent, et il ne nous dérange pas outre mesure, pour la simple et bonne raison qu’il participe à l’ambiance du titre. Quand on fait face à un pervers, celui-ci ne va pas réagir comme un puritain.
Une direction artistique qui saura vous charmer
Un Visual Novel, c’est rarement exclusivement une histoire. Pourtant, au niveau du gameplay, Our World Is Ended fait presque ce pari. Les seuls séquences qui vous demanderont de faire autre chose que passer une réplique se divisent en deux mécaniques. La première est un choix, on ne peut plus classique, entre trois possibilités. La seconde est toujours située autour d’une réponse à trouver, mais met en scène le stress de Reiji. Appelé Selection Of Soul, ce système fait défiler des choix, et c’est au joueur de sélectionner celui qui vous inspire le plus. Attention à être bien réactif, car il n’y a pas de seconde chance, et l’on peut vite se retrouver à opter par défaut, ou même laisser le personnage ne rien dire. Bon, ce n’est pas révolutionnaire, ni très emballant. Et l’on ressent ce vide d’originalité de gameplay quand les chapitres défilent.
Our World Is Ended ne se fiche pas de vous côté durée de vie ! Avec ses dix-sept chapitres, et ses multiples fins, comptez un peu moins de cinquante heures de jeu pour tout voir. Un chiffre assez costaud, et qui rassurera celles et ceux qui ont pu avoir peur : oui, l’histoire connaît bien des rebondissements, et des développements. Aussi, il est grand temps de souligner le gros travail effectué par l’illustrateur Eiri Shirai, que nous découvrons à cette occasion. Visuellement, c’est charmant au possible. La direction artistique se révèle courageuse, surtout dans l’utilisation de couleurs vives, qui dénotent avec des décors à l’apparence plus réaliste. Le character design est un régal pour les yeux, on regrettera juste que les animations n’apparaissent pas plus en nombre. Une bonne surprise en tout cas, tout comme pour la partie sonore. Le doublage japonais s’avère tout bonnement délicieux, toujours dans le ton idoine. La musique participe aussi à la bonne tenue de l’atmosphère, par contre elle manque un peu de morceaux et, à la longue, peut devenir rébarbative.
Note : 15/20
Si vous recherchez un Visual Novel au scénario passionnant, quitte à ce que le gameplay se situe en-deça des attentes, alors Our World Is Ended est fait pour vous. Il faudra, aussi, maitriser un niveau d’anglais moyen, rien d’insurmontable. Red Entertainement utilise sciemment des personnages que l’on pourrait qualifier de clichés, pour mieux les projeter (et nous aussi, par la même occasion) au-devant de problématiques qui utiliseront leurs particularités. En résulte des situations croquignolesques, parfois tendues, et ponctuées de rebondissements plutôt bien sentis. Voilà qui s’avère satisfaisant.