Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Développeur : Dead Mage
- Editeur : 11 Bits Studios
- Date de sortie : 15 octobre 2019
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- Note : 8/10 par 1 critique
Mission réussie pour Dead Mage
Le genre du Rogue-lite a tellement été usité depuis quelques années, notamment avec le succès de l’excellent Rogue Legacy, qu’on a l’impression que tout a déjà été tenté à son sujet. Et pourtant, la production vidéoludique indépendante parvient souvent à distiller de la nouveauté, ce qui ne cesse de nous étonner. Children of Morta apporte une nouvelle pierre à ce constat. Le titre, développé par Dead Mage et édité par le décidément très actif 11 Bits Studio (après une phase de financement participatif), nous turlupinait depuis quelques mois. En effet, on ne voyait pas comment les codes de l’Action-RPG et ceux du Rogue-lite allaient accoucher d’un résultat homogène. Et pourtant…
Children of Morta est un Rogue-lite pas comme les autres, et cela se ressent dès les premières minutes de jeu. Oui, dès la mise en place de l’histoire, car celle-ci se veut plus développée que dans tous les autres softs du genre que l’on a pu découvrir. La Morta du titre n’est autre que la région montagneuse dans laquelle l’intrigue prend racine. Y habite la famille Bergson, que l’on va découvrir au fur et à mesure d’une histoire soigneusement contée par une voix off à la tonalité idéale pour bien nous tenir en haleine. Car une malédiction va s’abattre sur les lieux, par la faute d’un dieu maléfique et corrupteur. Là est le nœud dramatique, et tout autour l’écriture se charge de développer les protagonistes, nous les rendant plus proches, avec leurs forces et faiblesses. La narration, quant à elle, s’avère une réussite bluffante. Les éléments importants sont apportés à un rythme assez soutenu et, surtout, ne se font jamais trop intrusifs. Dead Mage peut se targuer d’avoir atteint son objectif : prouver que le narratif et la boucle de gameplay du Rogue-lite peuvent très bien cohabiter.
Children of Morta se présente comme un Action-RPG, et ce même s’il reprend la caméra isométrique de l’Hack’n’slash. Cela signifie que les combats se font en temps réel, et quelques mécaniques viendront distiller une progression de l’avatar. Il va falloir se défendre contre des hordes de monstres, donc on peut compter sur différents types d’attaques : coup simple, de zone. On pourra aussi se défendre, notamment grâce à une esquive qui, à nos yeux, s’avère l’une des seules faiblesses du titre. En effet, on la trouve difficilement utilisable, car les monstres manquent peut-être de plus de signalétiques dans leurs patterns. Au-delà de cette retenue, on apprécie beaucoup l’impact du scénario dans la prise en mains. en effet, au fur et à mesure on verra notre choix de personnage s’étoffer. Ils seront six au final, et chacun représente une classe : chevalier, assassin, archer, moine, berserk et pyromancien. Chacun dispose de capacités qui lui sont propres, ainsi qu’une utilisation de la jauge de stamina qui peut grandement différer. Au final, on peut raisonnablement penser que chacun pourra y trouver son compte, même si le jeu essaie finement de vous pousser à tenter de tous les essayer.
Un mélange des genres qui accouche d’un très bon jeu
Un Rogue-lite doit respecter une multitude de codes, et Children of Morta se les approprie avec une habilité peu commune. Bien entendu, les niveaux sont générés procéduralement. D’ailleurs, signalons ici qu’ils sont plutôt habiles, et l’on apprécie l’effort pour rendre les personnage visibles même s’il nous est arrivé de tomber sur des décors qui n’arrangeaient en rien la lisibilité à l’écran. Aussi, et c’est là que le travail d’équilibriste de Dead Mage force le respect, il a fallu trouver la bonne dose entre l’importance des bonus temporaires (en temps, ou au run) et le gain d’expérience inaliénable à l’Action-RPG. Et c’est encore une mission réussie haut la main. Le loot au sein des niveaux se complétant étonnamment bien avec les capacités glanées par le biais des points empochés lors des gains de niveaux. Bon, certaines parties paraîtront plus difficiles que d’autres, et ce dû à la malchance, mais c’est là tout le sel du genre. Aussi, le challenge s’avère assez corsé, surtout dans les premières heures. Quand vous parviendrez à terrasser le premier véritable boss, cette fichue araignée, tout ira de mieux en mieux.
L’une des particularités du Rogue-lite, c’est l’échec presque inévitable, mais surtout toujours récompensant. On devient de plus en plus fort, et ce malgré la défaite. Children Morta fait sienne cette mécanique, là encore avec une grande puissance. Tout d’abord, la narration découle aussi de ces fiascos, comme vous le découvrirez. Ensuite, le retour au bercail, après le coup fatal porté par l’ennemi, est l’occasion de rejoindre la demeure familiale des Bergson. C’est ici qu’on a accès à différents magasins et autres petites activités. Aussi, on peut déclencher des scénettes, lesquelles continuent d’approfondir les personnages et leurs liens. On pourra même prendre plaisir à regarder ce qui a parfois des airs de maison de poupée, au sein de laquelle les sujets vivent et expriment leurs pensées. Parfait pour souffler entre deux runs acharnés, ou attendre qu’un pote vienne vous rejoindre pour une partie. En effet, la coopération est au programme, mais uniquement en local pour le moment (le online est en cours de développement, il sera ajouté plus tard).
Children of Morta propose un contenu assez important, même si on aurait voulu encore plus de donjons et de grottes. De base, son concept pousse le joueur à s’y investir, et s’ajoute à cela l’envie de découvrir certains secrets. Les niveaux en regorgent, non seulement de bonus mais aussi d’éléments du récit. Par exemple, vous dénicherez parfois des salles qui contiennent un parchemin, important pour une meilleure compréhension de l’univers. D’autres événements gardent l’esprit aux aguets, comme ce passage du chiot, qui implique le système de compagnons.. Tout cela fait que, pour voir l’intégralité du soft, il vous faudra bien vingt-cinq heures de jeu. Techniquement, le jeu se tient bien, même si le pixel art des personnages, surtout des ennemis, n’est pas toujours des plus déchiffrables. Les environnements mettent aussi un peu de temps à se diversifier mais, globalement, la direction artistique reste une belle qualité. Et cela dans une fluidité à toute épreuve. Quant à la musique, elle est purement atmosphérique, et fait passer l’émotion des situations traversées. Cela manque d’un thème immédiatement mémorable, mais on apprécie l’utilisation de la guitare et du violoncelle.
Note : 16/20
Décidément, l’inventivité des studios indépendant nous étonnera toujours. Le Rogue-lite, un genre plus qu’usité depuis des années, trouve en Children of Morta une relance de haut niveau. Tout juste pourra-t-on regretter de le terminer l’aventure un peu trop tôt, un character design inégal et une esquive ratée. Tout le reste fonctionne du tonnerre, comme cet équilibre entre les bonus et l’évolution du personnage, la narration prenante et les bonnes sensations du système de combat. Cela accouche d’un jeu dont on vous conseille la découverte.