Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- PC
- Développeur : CyberConnect2
- Editeur : Bandai Namco Entertainment
- Date de sortie : 17 janvier 2020
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- Note : 8/10 par 1 critique
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Dragon Ball Z : Kakarot est un fantasme devenu réalité
S’il fallait utiliser une licence afin de décrire les rapports qu’entretiennent le jeu vidéo et les mangas, ce serait évidemment Dragon Ball. Quelle plus belle série que celle d’Akira Toriyama peut démontrer à quel point ces deux divertissements peuvent être connexes ? Aucune. Avec plus de soixante dix adaptations vidéoludiques (!), la saga a traversé les époques, et a laissé des souvenirs divers et variés. On se rappelle, non sans nostalgie, de Dragon Ball : le secret du dragon, sorti sur Nintendo en 1986, et qui fut le tout premier soft à être traduit en français (c’était catastrophique). Un peu plus tard, en 1993, la folie s’emparait des fans avec Dragon Ball Z : la légende Saien, jeu de combat aux graphismes qui ont enchanté toute une génération de gamers. Par la suite, les adaptations ont connu des fortunes divers, allant de l’épouvantable (Dragon Ball : Taiketsu hante encore les cauchemars de votre humble serviteur, les soirs de pleine Lune) au carrément mémorable (ah, Dragon Ball FighterZ…). De quel côté penche Dragon Ball : Kakarot ? Bonne nouvelle…
On va partir sur des bases saines et ne pas faire durer le suspens plus longtemps. Dragon Ball Z : Kakarot est un pur fantasme de fan, ce genre de jeu qu’on aurait tellement apprécié de pouvoir découvrir quand la saga était à son apogée, à la fin des années 1990. Imaginez seulement : un Action-RPG purement solo, dans un univers très fidèle au manga et avec, ce n’est pas rien, les musiques officielles de l’animé. La folie, on avait tous ce soft en tête, voilà plus de vingt ans. Pour rendre ce fantasme réel, Bandai Namco est allé chercher CyberConnect2, un studio japonais qui s’est notamment mis en valeur avec Naruto et Jojo’s Bizarre Adventure. Bon, on pourra aussi rappeler le malheureux épisode Final Fantasy 7 Remake, auquel l’entité était rattaché avant d’en être séparé plus ou moins dans les règles de l’art, mais écrivons que la bonne maitrise de la figure de style très casse-gueule de l’adaptation de manga est au centre du savoir-faire de l’entreprise. De là à penser que le projet était, donc, entre de bonnes mains, il n’y a que quelques pas, et le soft les assure presque tous.
De Raditz à Majin Boo, ils sont tous là
Comme prévu par le sous-titre, Dragon Ball Z : Kakarot s’attache à nous conter les arcs officiels du manga. On débute avec l’arrivée de Raditz, et ça se termine avec Majin Boo. On ne va pas vous faire l’affront d’un résumé, vous connaissez très bien l’intrigue. Et, si ce n’est pas le cas, sachez que CyberConnect2 est parvenu à rassembler non seulement tous les plus grands moments et la tension dramatique qui les accompagne (la première transformation de Goku en Super Saiyan nous file toujours le grand frisson), mais aussi les instants plus destinés aux connaisseurs. On ne parlera pas de détails, mais de fidélité qui fait plaisir, comme la PLS du pauvre Yamcha provoquée par l’explosion cruelle d’un Saibaiman. L’imagerie est clairement l’un des excellents points de ce jeu : on retrouve des plans iconiques à l’angle près, et la mise en scène des événements principaux reste de bonne facture. C’est moins le cas dans les dialogues des quêtes annexes, d’ailleurs celles-ci sont malheureusement assez fainéantes, mais ça n’assombrit pas trop le tableau. Sachez, enfin, que les fans pourront découvrir de multiples clins d’oeil, notamment à des OAV, et même d’autres jeux vidéo de la saga. Aussi, les auteurs ont été jusqu’à chercher à combler quelques espaces scénaristiques, comme les véritables motivations de Chaozu. Et c’est une agréable surprise : le résultat se veut à la fois cohérent et crédible. Bref, on est dans nos petits souliers de fans, et ce serait totalement agréable si seulement le résultat n’était pas atteint par la censure tout droit venue des USA. Pas de sang, un pantalon imposé à un bébé nu (Gohan après sa transformation), absence de la décapitation du Docteur Gero, et autres choses toutes plus infamantes les unes que les autres. Pour le coup, carton jaune à Bandai Namco : on ne doit pas céder au puritanisme atterrant imposé par une partie de l’époque.
Aller, on vous le doit bien : avouons que l’annonce d’une énième adaptation fidèle des différents arcs de Dragon Ball Z ne nous enchantait pas spécialement, sur le papier. On les connait déjà par coeur, et toutes les formes de divertissement (manga, animé, je vidéo) ont déjà exploité jusqu’à la moelle les Freezer et autres C-17. Mais c’était sans compter, et d’une, sur la bonne écriture que l’on vous décrit plus haut, et de deux sur le pouvoir incroyablement éclairant de l’Action-RPG en monde semi-ouvert. Dragon Ball Z : Kakarot ne se contente pas d’accumuler les grands combats de l’histoire de Goku et ses amis. Non, il permet aussi de s’approprier l’univers, de s’y mouvoir. On ne se voit pas imposer une bataille, on la rejoint. Et, si le coeur nous en dit, on peut fureter dans le monde, à la recherche de secrets, de quêtes annexes, de combats afin de prendre de l’expérience. Cell peut bien attendre, quand on a en tête de pêcher à la ligne queue de singe, ou quand il est temps de récupérer des ingrédients afin que Chichi nous concocte un plat complet. Si l’on a déjà vu Action-RPG proposant encore plus d’à-côtés, il faut tout de même préciser que le contenu reste costaud, proposant une durée de vie à l’avenant : comptez plus de trente heures quasiment en ligne droite, cinquante pour presque tout voir. Et même plus, grâce au contenu endgame et ses combats épiques (battre Vejito, ce n’est pas de la tarte). Et il ne faudra surtout pas oublier de rechercher activement les souvenirs disséminés ici ou là, qui nous racontent quelques séquences clés de Dragon Ball (sans le Z), ni de récupérer les cartes à collectionner.
L’encyclopédie va vous passionner, plus que les combats
Vous l’aurez compris, Dragon Ball Z : Kakarot c’est de l’or en barre pour les fans. Et CyberConnect2 en est bien conscient. Du coup, le studio a beaucoup travaillé sur tout ce qui est enrobage de l’univers. Et cela accouche de deux éléments qui, très clairement, vont déboiter pas mal de mâchoires. La première n’est nulle autre que l‘encyclopédie, accessible par le biais du menu pause. Laissons notre enthousiasme écrire ces mots : voilà exactement ce qu’on désirait depuis tant d’années. Vous allez trouver et débloquer des centaines d’informations concernant des personnages, des lieux, des monstres et autres. De quoi bien rafraichir la mémoire, et même recueillir quelques anecdotes en débloquant l’accès à des données cachées, en atteignant certains points dans l’histoire principale, ou en remplissant d’autres objectifs (trouver des objets, effectuer une quête annexes etc). Aussi, on pourra y écouter les musiques comme bon nous semble, revoir les cinématiques, avoir accès à un schéma des liens entre les personnages (hyper bien foutu), s’attarder sur les souvenirs débloqués ou sur les cartes à collectionner. On est sur un nuage (magique).
Le deuxième élément important, pour l’enrobage de l’univers, a plus à voir avec le gameplay de Dragon Ball Z : Kakarot, c’est le système de badge. Du coup, il est temps d’aborder la prise en mains, et il est préférable de débuter par les combats. Il s’agit, de notre point de vue, du point le plus discutable de ce jeu. Après la parenthèse dorée proposée par Dragon Ball FighterZ (mais qui loupait totalement le coche du côté de son mode Histoire), on revient à un système plus classique, en grande partie hérité des Dragon Ball : Xenoverse. On croise les potentiels combats contre les ennemis basiques pendant nos pérégrinations, et l’on peut s’y lancer après avoir bien vérifié que le niveau demandé est conforme à celui de l’avatar. Faites bien attention à cet élément, car des adversaires, entourés d’une aura rouge, pourront vous surpasser largement dans leurs statistiques, et vos chances de vaincre plongeront vers le néant. Une fois débutée, la bataille vous place dans une arène, à l’endroit même où la joute s’est déclenchée. On a alors le choix entre enchainement de coups physiques, de boules d’énergie, l’utilisation de coups spéciaux (Kaméhaméha, Makankosappo, Big Bang Attack etc), de la garde et de l’esquive. Rien de bien nouveau sous le soleil, et l’on aura même une impression de répétition qui s’installera pendant la seconde moitié de l’aventure. Heureusement, quelques gros combats importants proposent des variations, avec des attaques ennemies qui donnent lieu à des patterns originales, nous forçant à jouer prudemment. Une priorité à la défense qui d’ailleurs, met en avant l’utilisation du ki, et la gestion des transformations (Kaïo-ken, etc). Sans oublier l’attaque en équipe, avec une emphase sur la command d’attaque alliée qui répond très bien. Cela reste tout de même globalement poussif, surtout que la caméra fait parfois mauvais genre.
Les badges, une mécanique très satisfaisante
Et pourtant, on se lancera dans une tonne de combat. Car, comme tout Action-RPG, Dragon Ball Z : Kakarot base la courbe de progression sur l’expérience glanée à la fin d’une bataille couronnée de succès. Mais pas que. C’est ici que le gameplay du jeu gagne en intérêt de manière drastique : l’avatar peut gagner en force de bien des façons. On pourra récupérer des orbes Z de différentes couleurs, afin de perfectionner des supers attaques au sein d’arbres de compétences propres à chacun des personnages jouables. Dans le même temps, il ne faudra pas sous-estimer l’utilité de la cuisine, qui accorde des bonus temporaires mais aussi définitifs. On arrive au système de badge, lequel forme l’une des grandes satisfactions de cette expérience, malgré une introduction du concept trop vague pour ne pas passer par une phase d’apprentissage possiblement longue. Dès que vous rencontrez un personnage (important ou secondaire), vous gagnez son badge. Et celui-ci peut être placé sur l’un des tableaux communautaires. Ces derniers vous accorderont différents bonus (plus de ki, prix en magasin moins chers etc) selon les protagonistes que vous y placez, lesquels gagnent en puissance s’ils sont intelligemment utilisés. Les guerrier Z avec les guerriers Z, les cuisiniers avec les cuisiniers : tout est question de logique et ne vous en faites pas : il existe une description explicite et statistique des différents héros, donc vous ne serez pas perdus. Pour aller un peu plus loin, des effets secondaires sont accordés si une association répond à un schéma mis en valeur par la série, par exemple celle de Goku et Gohan. D’où l’intérêt des fans à bien faire parler leurs connaissances.
Techniquement, Dragon Ball Z : Kakarot nous laisse assez partagé entre enthousisasme et petits regrets. En effet, on a croisé des baisses de framerate , quelques animations trop raides et des modèles 3D imparfaits. À cela on ajoute une caméra pas toujours optimale pendant les combats, et des temps de chargement à la fois trop fréquents et trop longs. Mais soyons complets : Bandai Namco travaille sur une mise à jour qui devrait réparer le souci des loading récalcitrants. Rassurez-vous, le positif arrive : la direction artistique du soft s’avère tout bonnement sidérante. On ne va pas passer par quatre chemins, il s’agit du jeu le plus fidèle à l’univers créé par Akira Toriyama. Oui, devant Dragon Ball FighterZ. Pour terminer, on ne pouvait que souligner l’intense satisfaction qui née de la participation de bon nombre des musiques de l’animé, et d’autres spécificiquement composées pour le soft (et moins bonnes, globalement). Quel plaisir que d’entendre Cha-La Had Cha-La en introduction, ou de débouler à la Tour Karin avec ce thème qui nous résumait l’épisode précédent. Alala, que de bons souvenirs remontent à la surface grâce à ce titre…
Note : 16/20
Si le débat fait rage sur les Internets et dans les différents articles sortis à ce jour, nous avons choisi le camp des joueurs rendus heureux par l’expérience Dragon Ball : Z Kakarot. Certes, l’on regrette un système de combat trop classique, ce qui nous étonne de la part de CyberConnect2, mais tout le reste nous a carrément passionné. On tient enfin un titre DBZ, hors purs jeux de combat, qui retranscrit idéalement l’ambiance de cet univers, tout en le mettant en valeur grâce à une encyclopédie orgasmique. Si la recette peut encore être améliorée, Dragon Ball Z : Kakarot est le soft que l’on a toujours rêvé d’approcher. Ce qui en fait, de facto, une adaptation indispensable.