article coup de coeur

[Test] Hitman 3 : la fin d’une trilogie remarquable

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PlayStation 4
    • PC
    • Stadia
    • Xbox Series X/S
  • Développeur : IO Interactive
  • Editeur : Square Enix
  • Date de sortie : 20 janvier 2021
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

Hitman 3, le champion de la licence

image gameplay hitman 3
Hitman 3 utilise bien e ray tracing.

Vous vous souvenez de l’année 2000 ? Mais si, tout le monde avait peur du fameux bug qui devait faire tomber l’économie mondiale et provoquer les sept plaies d’Égypte. Votre dévoué serviteur passait son bac aussi, ça ne nous rajeunit pas. Au milieu de tout ce chaos, entre infos alarmistes et révisions chaotiques, les joueurs pouvaient allumer leur PC et lancer le tout premier Hitman, une véritable petite bombe dans le milieu des amateurs de jeux d’infiltration. Exit le pourtant très classe Solid Snake, l’Agent 47 allait bien plus loin dans le trip du chat et de la souris. Le succès, au moins d’estime, fut au rendez-vous, mais la licence ne parvint jamais réellement à décoller pleinement. Tout du moins jusqu’à Hitman : Absolution, premier opus que IO Interactive signe sous l’édition de Square Enix. Puis, en 2016, la licence opéra un véritable et salvateur reboot…

Hitman, donc, se remis en question et fit table rase de pas mal d’erreurs commises au fil d’itérations parfois décevantes. Avec le reboot de 2016, IO Interactive a pris la décision de soigner tout particulièrement deux piliers : la scénario, bien plus intéressant qu’auparavant, et l’infiltration dans ce qu’elle a de plus jouissive. Pour le moment, intéressons-nous au récit, sans pour autant rentrer des détails qui vous dévoileraient des points importants de Hitman et Hitman 2. On retrouve donc le duo formé par l’Agent 47 et son informatrice Diana Burnwood, dans une quête vengeresse qui vise ici à annihiler la menace des trois personnalités formant Providence. Une traque qui les mènera de Dubai jusqu’aux Carpates, en passant par le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine et l’Argentine. Le joueur verra donc du pays, et ce motivé par des cinématiques clairement mieux mises en scènes qu’auparavant. Cela devient plus lisible, les conflits nous paraissent aussi fluidifiés. Certes, la narration n’est pas ce qui intéresse principalement les fans de la licence, mais on a trouvé cette conclusion scénaristique sympathique tout du long, notamment grâce à une fin qui joue habilement avec l’aura de l’Agent 47, tout en prenant à revers certaines attentes. Et le tout est sous-titré en français, évidemment avec le plus grand soin.

Hitman 3 se vit comme la consécration d’une formule, sa maturation totale et définitive. IO Interactive n’avait pas grand chose à revoir après le déjà excellent Hitman 2, mais on relève tout de même de petites subtilités qui viennent parfaire la recette. Rappelons d’abord que l’esprit de ce reboot se tourne intégralement vers le plaisir de l’infiltration, de la mission réussie en toute discrétion. Ne pensez pas foncer dans le tas en tirant sur tout ce qui bouge : l’Agent 47 est une quiche lorraine dès qu’il s’agit de la jouer à la John Woo. Le but d’IO Interactive est de vous faire apprécier la découverte, on est carrément dans de l’exploration visant à remplir des contrats avec le plus de classe possible. Au sein de véritables mondes ouverts, la surface des niveaux se révélant encore plus imposante que dans le déjà impressionnant second opus, le joueur farfouille, trouve des endroits offrants de nouveaux points de vue, écoute des discussions révélatrices, observe des travailleurs pouvant lui offrir un costume idéal pour passer des contrôles stricts. C’est toujours aussi impressionnant : on peut passer des heures et des heures à simplement prendre note de comportements de certains PNJ importants, étudier des déplacements, ceci bien aidé par un level design hyper intelligent, qui propose des tonnes de cheminements différents.

Une durée de vie énorme pour un au revoir marquant

image test hitman 3
La direction artistique est particulièrement soignée.

Hitman 3 peut donc déjà compter sur des bases très solides, mais quelques petits éléments viennent encore renforcer le résultat. Tout d’abord, un élément saute aux yeux à l’occasion de certains niveaux : la gestion de la foule a encore progressé. Elle était déjà satisfaisante pour le premier épisode, mais on a encore monté d’un cran l’impression de réalisme. Les gens font tout de même plus attention à notre avatar grâce à une meilleure intelligence artificielle (ce qui se constate aussi chez des ennemis plus logiques), on a moins l’impression d’être parfois entouré de PNJ dont le seul but serait de nous retarder. Ceci souligné par les animations de l’Agent 47 qui, s’il est toujours aussi maladroit quand ça commence à barder, remue comme un prédateur quand il s’agit de faire preuve de finesse. Aussi, ces groupements peuvent maintenant afficher jusqu’à trois cent personnages, ce qui réserve des moments assez dingues notamment dans la rave party berlinoise et dans les sublimes rues nocturnes de Chongqing. Enfin, la grande star de notre panoplie de gadget est un appareil photo capable d’analyser l’environnement, et de hacker des codes d’accès pour accéder, par exemple, à des conduits. Et rassurez-vous, ceci ne facilitera pas trop la fameuse quête du 100%, qui ne s’offrira qu’aux joueurs les plus méritants.

Hitman 3 impressionne aussi dans son contenu. Si les novices auront clairement l’impression de se perdre dans les méandres de menus pas toujours évidents à maitriser (ne vous inquiétez pas, ça s’arrange avec le temps), les autres vont se lécher les babines goulument. D’ailleurs, ils pourront aussi invoquer tous les niveaux qu’ils ont apprécié dans les deux précédents opus : on peu les lancer depuis ce troisième épisode, une super idée, évidemment à la condition de posséder les jeux adéquats. On aura donc déjà fort à faire avec les environnements embarqués, arracher les 100% en dénichant toutes les intrigues, glaner le plus d’expérience possible demandera beaucoup de temps. Et quand c’est terminé… il y en a encore ! Les speedrunners sont d’ailleurs particulièrement gâtés avec une tendance à l’implication par l’exploit. D’ailleurs, certains explosent déjà des records aussi improbables que renversants. Ajoutons aussi la possibilité de créer ses propres contrats avant de les partager, de tenter ceux de la communauté, et des modes de jeu proposant encore d’autres cibles : Escalades et Cibles fugitives. Tout juste pourra-t-on regretter la disparition du mode multi Ghost, mais cette absence est malheureusement compréhensible du fait des serveurs vite désertés à l’époque de Hitman 2.

Hitman 3 est un jeu qui, s’il est disponible sur les anciennes consoles, se pense pour la génération actuelle. Comment cela se traduit-il à l’écran ? Eh bien avec une technique très, très efficace. Pourtant, il s’agit toujours du même moteur : Glacier est poussé dans ses derniers retranchements, et on peut le sentir à l’occasion d’une ou deux petites baisses de framerate, mais à la fois très rares et mineures. Dès le début, à Dubai, on se prend une bonne claque : les effets de lumière sont saisissants, créant parfois des contre-jours sublimes. Bien entendu, on a droit à du ray tracing un peu partout, imaginez bien qu’un gratte-ciel offre des tas de possibilités au niveau des reflets : au sol, aux vitres, c’est la fête ! Les autres environnements sont au moins à l’avenant, et l’on a un gros coup de cœur pour le décor anglais, que l’on croirait tout droit inspiré du Chien des Baskerville : la campagne plongée dans un léger brouillard, le manoir se dessinant au loin, ça donne la chair de poule. La Chine et ses néons vous marquera aussi, c’est certain, peut-être un peu moins le ton classique de Berlin. Le sound design fait lui aussi grande impression, avec un vrai travail sur la spatialisation que l’on vous conseille fortement de découvrir au casque. Seul petit regret : la DualSense n’est pas réellement mise à contribution, dommage. Pour terminer, sachez que la version PlayStation 4 (donc compatible PlayStation 5) embarque un mode en réalité virtuelle, que l’on n’a pas pu tester pour le moment.

Note : 18/20

La trilogie-reboot se conclue par l’épisode le plus abouti de la licence. Hitman 3 est un chef-d’œuvre pour qui accroche au concept de l’infiltration jusqu’au-boutiste, celle qui vous demande de prendre le temps de l’exploration des environnements en quête des différentes manières de remplir un contrat meurtrier. IO Interactive propose des environnements très plaisants à farfouiller, fait preuve de sa maitrise du level design. Et le studio en profite même pour encore monter la jauge des PNJ affichés, tout en soignant un brin plus l’intelligence artificielle. La durée de vie se fait solide comme un roc, tout comme un moteur Glacier tout de même poussé dans ses derniers retranchements. Voilà donc de quoi quitter l’Agent 47 avec le sentiment du travail bien fait.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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