Caractéristiques
-
Test effectué sur :
- PlayStation 5
- Xbox One
- Nintendo Switch
- PlayStation 4
- PC
- Xbox Series X/S
- Développeur : Hidden Fields
- Editeur : MWM Interactive
- Date de sortie : 16 mars 2021
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
-
Existe aussi sur :
Mundaun nous sort des sentiers battus
Si le survival horror n’est pas né d’hier, voilà près de trente ans que ce genre hante les amateurs de frissons, on peut tout de même lui reprocher de s’être parfois un peu trop concentré sur les mêmes thèmes. Bien entendu, des exceptions ont su se déclarer, comme les dinosaures de Dino Crisis, l’appareil photo de Project Zero (vite, le retour de cette licence !), ou l’épouvante psychologique de Silent Hill. Mais, globalement, le genre reste souvent arcbouté sur une mode, comme en atteste le récent focus sur le cache-cache à la Bloober Team, certes efficace mais devenu trop systématique. Dès lors, voir surgir un peu d’originalité ne fait jamais de mal, et c’est pour cela que Mundaun a rapidement retenu notre intérêt.
Mundaun nous provient d’une contrée plus habituée au référendum qu’au développement de jeux vidéo : la Suisse. Le studio Hidden Fields (entité d’un seul homme : le créateur-illustrateur Michel Ziegler) a jusqu’ici fait un peu parler pour l’esthétique très étrange de ses deux premiers projets (The Colony et ELSE), pas spécialement pour leurs qualités ludiques. Mais quand on a découvert le premier trailer de leur troisième titre, on a rapidement compris que les développeurs ont passé la seconde vitesse dans presque tous les domaines. Tout d’abord, le récit ressemble enfin à quelque chose, et même plus : il est carrément passionnant. Le joueur incarne un certain Curdin, lequel reçoit une lettre lui annonçant la mort aussi dramatique que soudaine de son grand père, avec lequel il a longtemps vécu. Alors que l’expéditeur lui recommande de ne pas faire le voyage, notre avatar brave ce conseil et prend la direction des Alpes Suisses, et plus particulièrement du village de Mundaun. C’est sur place que l’on va se rendre compte que le décès n’a rien d’accidentel, et même que des forces infernales ont été invitées à agir…
Mundaun peut compter sur plusieurs qualités, et si sa narration n’a pas grand chose d’original (on enquête et les zones d’ombre s’éclaircissent au fur et à mesure, c’est du basique), elle s’appuie sur une histoire très prenante. L’originalité des lieux, mais aussi de la menace agissante, fait que l’on évite l’impression de redite. Ouf, pas de zombies dans les parages, ni de cache-cache avec un quelconque monstre ! Le cheminement, s’il est assez clair comme de l’eau de roche et, finalement, ne réserve que peu de véritables surprises, a le don de nous poser des œillères : on se focalise sur une preuve, une situation, tandis que les conséquences de celles-ci, pourtant évidentes, nous paraissent trop lointaines pour que l’on ait un coup d’avance sur le scénario. C’est donc très maitrisé dans l’écriture, d’autant plus que l’univers en lui-même brouille les pistes. Dès les premières minutes, on se rend bien compte que Curdin va devoir se projeter dans les faits de manière très étrange, comme en se concentrant sur une peinture ou en observant son propre reflet. Cela devient donc assez psychologique, et l’on ne manquera pas de (fortement) penser à Silent Hill 2, surtout à l’occasion d’une introduction qui ne cache pas sa référence.
Grosse ambiance, petite technique
Mais n’allons pas trop loin dans la description de l’histoire : elle est tellement importante dans le trip Mundaun que dévoiler le moindre moment important pourrait en gâcher la découverte. Pour ce qui est de la prise en mains, on est là aussi sur du solide. L’aventure se déroule en vue subjective, mais s’éloigne de ce qu’on pouvait redouter en terme de copier-coller du jeu à la Bloober Team. Les déplacements, un peu trop lents même en activant la course, ont la bonne idée de très bien répondre, et le reste de la base se fait certes très classique mais efficace. Assez vite, on se rend compte que les environnements (trois, au total) sont étonnamment vastes, d’où l’utilité de la paire de jumelles que vous récupérerez rapidement. On fouille, on discute avec des PNJ hypers inquiétants, on récupère des objets utiles, tout prend des aires de jeu d’aventure. À cela, le soft ajoute des phases de combat contre des monstres qui pourront fortement rappeler le film The Wiker Man. Là, le constat est moins heureux : les armes, tout d’abord une fourche puis à feu (que l’on pourra même améliorer), n’offrent que des sensations très limitées. Le but, de toute manière, est d’éviter de se faire remarquer, mais cela manque tout de même d’un peu d’énergie.
Mundaun a aussi la bonne idée d’organiser son aventure en missions, qu’elles soient principales ou même secondaires (comme se préparer du café, par exemple). Cela, avec la présence d’un bloc-note très utile dans lequel nombre d’indices sont classés, donne au joueur une véritable impression d’agir, évitant ainsi le sentiment morne qui se dégage des walking simulator. On aura même quelques phases rigolotes (la luge !), bref c’est diversifié, et c’est très bien ainsi. La durée de vie, elle, pourra varier entre cinq à dix heures, selon votre propension à foncer vers la fin ou à prendre le temps de résoudre les puzzles annexes. Tout cela nous plait bien, et la direction artistique s’ajoute encore à ce constat, même si ici nous émettons une grosse retenue. Tout est dessiné à la main, dans une sorte de noir et blanc travaillant beaucoup les perspectives. Certes, la lisibilité n’est pas toujours optimale, mais l’on peut compter sur des bougies (justifiées par le scénario) pour nous guider. Cela ne plaira pas à tout le monde, mais pas pour des raisons artistiques : c’est la technique qui défaille. Les animations des PNJ et des ennemis font peine à voir, tout comme leur intelligence artificielle, on compte pas mal de bugs d’affichage. Sur PlayStation 5, cela reste fluide. Enfin, les musiques remplissent parfaitement leur rôle de soulignement de l’ambiance, et le doublage (sous-titré en français) des personnages, tout en patois local, apporte là encore beaucoup de personnalité.
Note : 14/20
Très conscient de ses limites budgétaires évidentes, Mundaun se penche sur ce qui n’a pas besoin de moyens pour fonctionner : son ambiance, son écriture, et l’intelligence de sa prise en mains. L’histoire nous sort des sentiers battus et rebattus du survival horror, et cette enquête alpine au-delà du réel apporte une bonne dose d’angoisse, soutenue par une direction artistique courageuse, pour le moins originale. Malheureusement, tout n’est pas rose. L’on regrette des phases de combat mollassonnes, et surtout une technique parfois défaillante. Rappelons tout de même que le jeu est l’œuvre d’un seul homme, Michel Ziegler, il faut donc lui accorder du mérite, et comprendre les quelques difficultés qu’il a fatalement rencontré. Cela ne doit cependant pas ralentir l’entrain d’un public curieux, recherchant une originalité qu’il trouvera ici.