Caractéristiques
- Titre : Decision to Leave
- Titre original : Heojil Kyolshim
- Réalisateur(s) : Park Chan-wook
- Scénariste(s) : Park Chan-wook & Seo-kyeong Jeong
- Avec : Wei Tang, Go Kyung-pyo, Park Hae-il...
- Distributeur : Bac Films
- Genre : Romance, Drame, Policier
- Pays : Corée du Sud
- Durée : 138 minutes
- Date de sortie : 29 juin 2022
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Le retour d’un orfèvre
Hae-Joon, détective consciencieux, enquête sur la mort suspecte d’un homme en pleine montagne. Il ne tarde pas à soupçonner Sore, la femme du défunt, qui ne semble pas s’émouvoir de cette perte. Déstabilisé par l’attirance immédiate qu’il nourrit envers la suspecte, son enquête de police se transforme peu à peu en romance ambiguë…
Six ans après son dernier passage à Cannes avec Mademoiselle, le réalisateur d’Old Boy est de retour aux affaires avec Decision to Leave. Park Chan-wook nous livre une œuvre à la croisée des genres, qui rappelle autant Vertigo d’Hitchcock que Basic Instinct (le côté sulfureux en moins), ainsi que les romances un peu burlesques du cinéma de Capra. Partant d’un postulat simple mais appuyé par une réalisation ciselée, le cinéaste nous rappelle qu’il est un grand nom du cinéma sud-coréen avec son collègue Bong Joon Ho (Parasite, Memories of Murder) qui lui aussi apprécie les propositions atypiques.
Un scénario alambiqué et excessif
Si l’idée de départ est simple et pourrait donner une impression de déjà vu, elle n’est au final qu’un prétexte à une expérience retorse que Park Chan-wook va complexifier à l’extrême. Peut-être trop d’ailleurs car, contrairement à sa référence principale (Vertigo d’Alfred Hitchcock) qui savait maintenir une progression simple et épurée, le récit éclate souvent ici en circonvolutions narratives qui alourdissent la fluidité de l’ensemble. Decision to Leave semble vouloir prendre si souvent ses spectateurs à contre-pied par des ruptures de ton et de mélange des genres, qu’il finit par les perdre, au risque de les ennuyer.
Les surprises (nombreuses) de l’intrigue finissent par sembler trop orchestrées d’avance pour convaincre et révèlent l’intention d’un réalisateur privilégiant davantage l’expérience sensorielle que la crédibilité narrative. C’est dommage car le métrage est porté par un duo fascinant d’ambiguïté. Park Hae-il et Tang Wei crèvent littéralement l’écran en incarnant ce couple maudit, uni par le fantasme mais séparé par la vie.
Une réalisation virtuose
Déployant une mise en scène faite de jeux de miroir (souvent par le biais d’écrans tactiles), de mouvements de caméras complexes et de plans larges extérieurs dotés d’une photographie à la beauté saisissante, le réalisateur Park Chan-wook nous invite à un véritable festival d’inventivité visuelle, appuyé par de nombreux flashbacks et ellipses qui éclatent le récit en une mosaïque brouillant la réalité. On comprend donc que le film ait obtenu le Prix de la Mise en scène au Festival de Cannes 2022.
Principalement censé traduire par le biais de l’image les fantasmes et rêveries de ses personnages en leur permettant d’apparaître dans des plans de manière fantomatique alors qu’ils ne se trouvent pas dans la même pièce, Decision to Leave nous fait littéralement vivre le désir de deux êtres qui voudraient être constamment ensemble, tout en sachant que c’est impossible. Une véritable démonstration de force donc, mais qui, comme le scénario, a trop tendance à surenchérir à l’excès, au point de finir par lasser au bout de plus de deux heures de métrage.
Un atypisme qui divise
Decision to Leave est un métrage coincé entre ses flamboyances et ses excès. Une œuvre particulière, dont la beauté formelle séduira certains mais en rebutera d’autres par son manque de fluidité narrative. Certains points mettront tout le monde d’accord, comme le casting et surtout le couple vedette, qui fascine tout du long, même quand le scénario dessert ses personnages, ainsi qu’une réalisation au cordeau.
Le tout manque néanmoins trop d’intensité pour pleinement convaincre et se hisser au niveau de précédents métrages du réalisateur, comme Old Boy. Peut-être une prochaine fois….