Caractéristiques
- Titre : Masters of Sex : saison 3
- Créé par : Michelle Ashford
- Avec : Michael Sheen, Lizzy Caplan, Caitlin Fitzgerald, Annaleigh Ashford, Emily Kinney...
- Editeur : Sony Pictures Home Entertainment
- Date de sortie coffret DVD/Blu-Ray : 6 Avril 2016
- Durée totale : 648 minutes
- Note : 6/10 par 1 critique
Image : 4/5
La saison 3 de Masters of Sex se déroule en plein coeur des 60’s, à l’aube de la révolution sexuelle. L’esthétique de la série, toujours aussi élégante, s’en ressent et se pare de couleurs chaudes tandis que les costumes des actrices sont mis en avant par une belle photographie. Rien à redire sur le transfert sur support DVD, ni sur les contrastes de l’image.
Son : 4/5
Les classiques version française et version originale sous-titrée nous sont proposées. Si nous préférons de loin la version originale, il est à noter que les épisodes ont visiblement été sous-titrés par différentes personnes et que l’épisode final comporte des erreurs assez étonnantes autour du vocabulaire médical. Le son est quand à lui bien mixé, avec un bon équilibre entre la partition discrète et raffinée de Michael Penn et les dialogues.
Bonus : 2.5/5
Un bêtisier de 4 minutes et 32 minutes de scènes coupées constituent les suppléments de ce coffret. Pas déplaisant pour les aficionados mais un peu mince : la plupart des séquences présentées n’apportent pas grand chose ou sont trop téléphonées (cf. le plaidoyer de Masters face à son fils) et ont donc été coupées à raison. En revanche, on aurait adoré voir un making-of ou un documentaire dédié aux vrais Masters et Johnson et détaillant l’adaptation de leur vie en série.
Synopsis
La saison trois se déroule en 1966 lorsque le fameux duo Masters et Johnson tente de gérer la renommée et les feux des projecteurs alors que leur étude sur le sexe est enfin dévoilée. C’est le début d’une révolution sexuelle et le travail de Masters et Johnson va avoir un impact important sur les relations contemporaines et spécialement sur leur relation qui évolue vers un « mariage » à trois avec Libby, la femme de Masters.
Critique de la saison
Après une saison 2 d’une belle subtilité s’achevant par l’élection de John Fitzgerald Kennedy, la saison 3 effectue une ellipse de 6 ans et nous parachute en plein milieu des années 60, à l’aube de la révolution sexuelle, à laquelle William Masters et Virginia Johnson participent à leur manière. Leur livre Human Sexual Response publié, ils deviennent de plus en plus médiatisés et sont reconnus pour leur travail visionnaire, qui leur vaudra néanmoins les foudres des fondamentalistes chrétiens. Leur liaison amoureuse continue, à tel point qu’un mariage à trois se formerait presque entre les deux chercheurs et Libby, l’épouse de Masters.
Cette troisième saison a fortement partagé les critiques en raison de la plus grande importance donnée à la vie personnelle des personnages, qui se retrouve ici au premier plan. Si la portée scientifique de leurs recherches est toujours présente, à travers l’épineuse question des assistants sexuels, qui sera source de discorde entre eux, c’est davantage le mode de vie de Bill et Virginia, leur manière de vivre leur liaison tout en maintenant leur collaboration, qui intéresse ici les scénaristes, car il se fait l’écho de la révolution sexuelle qui commence à bouillonner. Il en va d’ailleurs de même pour les personnages secondaires, à commencer par Margaret (Allison Janney), l’ex-femme de Barton Scully (Beau Bridges), qui forme un ménage à trois avec un nouveau compagnon et une irritante jeune femme.
Le résultat est convaincant, bien qu’il puisse manquer de nuances dans certaines scènes, un peu à l’instar de la sous-intrigue mettant en scène la fille de Virginia, Tessa, qui démarre de manière intéressante avant de s’enliser quelque peu. Une certaine artificialité peut se faire sentir de temps à autre, notamment dans la façon d’amener certains rebondissements-clés, trop attendue ou trop abrupte. Cependant, malgré ces quelques défauts, qui ne sont pas nécessairement présents d’un bout à l’autre, cette saison 3 s’en sort plutôt bien et parvient à maintenir les spectateurs en haleine. Contrairement à une série telle que Desperate Housewives, dont le saut dans le temps était surtout un prétexte grossier, un deus ex machina pour scénaristes en panne d’inspiration, l’ellipse de 6 ans effectuée par Masters of Sex est pleinement justifiée par la volonté de Michelle Ashford, la showrunner, de mettre en parallèle les recherches de ses héros avec l’évolution de la société américaine.
Si le duo Masters-Johnson ne réalise aucune grande avancée durant cette période, la série montre que la question fort actuelle des assistants sexuels était déjà d’actualité et s’interroge sur la notion de liberté sexuelle : sommes-nous guidés par un désir qui nous serait propre ou bien par les phéromones ? Etre dans une relation « libre » implique-t-il un plus grand détachement émotionnel ou tout cela n’est-il qu’un leurre ? La série pose un regard complexe sur ces questions et touche souvent juste, si l’on excepte un épisode maladroit, pour ne pas dire assez embarrassant, où les chercheurs s’intéressent au cas très particulier d’un gorille.
Libby (Caitlin FitzGerald) occupe quant à elle une place plus importante, ce dont on ne peut que se réjouir vu le talent de l’actrice. Notre seul regret concernant le traitement de son intrigue est que son amant est bien moins intéressant que le précédent, d’où une petite frustration d’avoir manqué la suite de cette première liaison, qui nous est en partie racontée, par petites touches. L’alchimie entre Michael Sheen et Lizzy Caplan fonctionne quant à elle toujours aussi bien et, si l’on sent que les scénaristes ont tâtonné pour faire évoluer Virginia, les fragilités de Bill apportent une émotion palpable à leurs confrontations, notamment en fin de saison. La justesse de ton, à quelques accidents de parcours près, ainsi que le jeu des acteurs, donnent à leur histoire un sentiment d’authenticité que l’on ressens fortement.
Parfois hésitante mais souvent touchante, cette saison 3 de Masters of Sex sert de transition avant une saison 4 qui devrait être déterminante pour la relation des héros. Les vrais William Masters et Virginia Johnston ayant convolé en justes noces en 1971 peu de temps après le divorce du chercheur, on imagine que la série pourrait s’achever à ce moment-là, par la réunion officielle de ces deux personnages ayant vécu leur histoire dans le plus grand des secrets durant des années. La saison 3 s’achemine vers ce point culminant, avant de faire dévier sa trajectoire, retardant ce que le spectateur sait être inévitable. Si à vouloir brasser trop d’histoires, trop de sujets, cette saison peut donner l’impression de s’éparpiller par moments ou de survoler certaines sous-intrigues (le fils de Virginia, parti au Vietnam), il y a malgré tout une vraie cohésion dans les thèmes abordés, ainsi que dans l’évolution de la trame principale, qui s’achève, une fois n’est pas coutume, sur un cliffhanger. La diffusion de la saison 4 devrait commencer à la rentrée aux Etats-Unis, sur la chaîne Showtime.
Masters of Sex – Intégrale saison 3, DVD, Sony Pictures Home Entertainment, sortie le 6 avril 2016. 24,99€