Caractéristiques
- Titre : 9 mois ferme
- Réalisateur(s) : Albert Dupontel
- Avec : Albert Dupontel, Sandrine Kiberlain, Nicolas Marié, Philippe Uchan, Philippe Duquesne, Bouli Lanners...
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Genre : Comédie
- Pays : France
- Durée : 1h22
- Date de sortie : 16 octobre 2013
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Cela faisait depuis Enfermés dehors que nous n’avions pas vu de film d’Albert Dupontel. La sortie de son dernier long, 9 mois ferme, drôle et plus tendre qu’à l’accoutumée, avec une Sandrine Kiberlain déjantée, était donc l’occasion idéale de nous rattraper.
Grand succès de l’année 2013 dans la catégorie comédie française, le film suit les mésaventures d’une juge de 40 ans très stricte qui découvre qu’elle est enceinte de 6 mois suite à une beuverie pour le réveillon du Nouvel An dont elle n’a plus aucun souvenir. Après avoir fait des tests ADN, elle apprend avec stupéfaction que l’enfant n’est pas de l’un de ses collègues mais d’un
cambrioleur accusé d’avoir mangé les yeux d’un vieux monsieur. Celui-ci ne tarde pas à s’évader et à la retrouver, bien décidé à se servir d’elle pour prouver son innocence.
Une comédie tendre et loufoque
Autant le dire, si cette nouvelle comédie emporte l’adhésion, elle est bien plus légère qu’un film comme Enfermés dehors, qui s’avérait beaucoup plus grinçant, puisque accompagné d’un constat social qui fait un peu défaut ici. Cependant, ce n’est pas le propos ici, et 9 mois ferme ne s’embarrasse pas de vraisemblance et propose une histoire où les deux protagonistes, opposés au possible, sont chacun à leur manière, des originaux.
Malgré sa brillante carrière, la juge incarnée par Kiberlain est toujours montrée isolée, et ce n’est en fin de compte que pour “échapper aux autres” qu’elle boit le soir du réveillon. Par la suite, l’alcool autant que la situation mettront en lumière une excentricité qui ne demandait qu’à s’exprimer, comme cela est visible sur les images de la vidéo de surveillance ou lorsqu’elle rend son “jugement” avant de sauter du haut de son armoire pour se débarrasser de ce bébé encombrant qui a décidé d’occuper son corps sans son consentement.
Quant à Robert Nolan, le cambrioleur, c’est un personnage caractéristique de l’univers de Dupontel, pas très intelligent, au comportement et au raisonnement coloré – voir l’excellente séquence d’explications pour prouver que le vieil homme a été victime d’un “accident” –mais paradoxalement attachant. C’est l’alliance des deux qui donne évidemment tout son sel au film, qui poursuit la veine cartoonesque et slapstick déjà présente dans Enfermés dehors.
Inversion des rôles et caméos
En cela, l’intrigue et le film restent simples et c’est cette épure (l’intrigue judiciaire étant quasi-inexistante) qui le rendent attachants, même s’il manque ce petit je-ne-sais-quoi, ce petit poil à gratter qui transcenderait le tout pour en faire un excellent film et pas uniquement un film sympathique. Les moments où la sauce prend le mieux, en fin de compte, sont ces passages où les rôles semblent inversés, le cambrioleur faisant la morale à la juge qui vient de tenter un avortement express et prend la place de l’homme de loi rendant son jugement pour lui signifier sa prise en otage et le “contrat” qui les liera.
Les petits caméos, nombreux ici, sont également sympathiques (Jean Dujardin en traducteur de journal télé en langue des signes notamment)
mais la palme en revient, comme toujours, à Terry Gilliam en prisonnier fou furieux qui vante les mérites de Robert Nolan globophage. Il faut aussi ajouter à cela la présence de Nicolas Marié, comédien récurrent de la filmographie de Dupontel réalisateur, qui joue ici l’avocat loufoque, bègue et incompétent du criminel et auquel on doit certains des passages les plus drôles du film.
Au final, 9 mois ferme convainc et permet de passer un bon moment, mais, malgré toute la tendresse que l’acteur-réalisateur éprouve pour ses personnages et une Sandrine Kiberlain (Encore heureux…) étonnante, on se surprend malgré tout à penser qu’un peu plus d’inventivité et de mordant auraient été les bienvenus pour faire véritablement décoller cette
fable parentale décalée. Ceci dit, le film confirme, après Le Vilain, que l’oeuvre de Dupontel est également à même de toucher un large public.