A partir d’aujourd’hui, Mardi 5 Avril, et jusqu’au 6 Novembre 2016, se tient à la Cité des Sciences et de L’Industrie une exposition d’utilité public : Mental Désordre. En Europe, une personne sur quatre doit faire face à un dysfonctionnement de sa santé mentale au cours de la vie, un chiffre fort qui doit nous pousser à nous poser des questions qui, au bout du compte, s’avéreront salvatrices. Comment définir une maladie psychique ? Quelles en sot les symptômes, ou encore les conséquences sur nos vies de tous les jours ? Si les réponses ne sont pas aisées et provoquent des débats depuis bien des années, l’exposition Mental Désordre essaye de nous éclairer par le biais de la pédagogie.
Mental Désordre se doit de commencer par un historique des différents traitements des troubles psychiques, afin de démontrer que l’on a tout de même connu pas mal d’évolutions depuis l’antiquité. Prenons l’exemple d’une jeune femme touchée par une dépression. Si elle avait été consulter Rufus D’Ephèse, en -100 avant JC, il lui aurait détecté un excès de bile noir, et lui aurait prescrit des saignées, un régime alimentaire sain et des ballades au calme. Aujourd’hui, en 2016, des médicaments et une psychothérapie lui permettent de mieux appréhender ses émotions, et de travailler sur de meilleurs lendemains. Entre ces deux repères, Richard Napier aurait eu confiance en son traitement à base de laxatifs, de vomitifs, de sangsues et d’opium. Freud se serait concentré sur l’enfance de la jeune femme, et Ugo Cerletti lui aurait administré des électrochocs, parfois sans anesthésie.
La première des animations de Mental Désordre nous invite à regarder à travers six trous de serrures, qui donnent chacun sur une scène nous présentant des soins administrés dans six institutions différentes. Ainsi, vous pourrez faire face, accompagné par un narrateur, à une reconstitution miniaturisée d’une lobotomie, aux USA en 1950, pays qui aura pratiqué cette horreur sur des milliers de personnes, provocant des dégâts irréversibles. Ou encore découvrir le cabinet de Freud, à Vienne vers 1890. On regrette juste que les différents décors ne soient pas soutenus par une écoute au casque, et il vous faudra tendre l’oreille pour entendre un contenu pourtant de qualité.
Parmi les autres activités de l’exposition Mental Désordre, l’on a été très touché par la scénette « Vivre avec la dépression », qui nous place en tant que spectateur du quotidien d’une famille dont l’un des membres est clairement atteint de tous les symptômes. Cité des Sciences et de L’Industrie oblige, les activités sont nombreuses et parfois interactives. Vous pourrez notamment essayer le « schizophone », un casque conçu par l’artiste Français Pierre Laurent Cassière, qui vous permettra de faire face aux effets produits par la déformation de la perception auditive (prenez-vous en photo avec cet outil sur la tête, vous ne le regretterez pas). Vous aurez aussi à votre disposition une table à quizz, jouable jusqu’à quatre personnes simultanément, dont les questions vous pousseront à reconsidérer certaines idées reçues.
Bien d’autres activités vous attendent dans cette exposition Mental désordre, comme « Parcours de vie », qui vous présentera cinq témoignages de personnes souffrant de troubles mentaux, ou encore « Avez-vous peur ? » qui utilise la technologie Kinect pour vous permettre de participer à un mini-jeu dont le but est de nous faire comprendre qu’il faut savoir faire face à ses peurs. Assez inoffensif mais plein de sens, tout comme « La chambre des phobies », qui place le visiteur dans le noir absolu et lui prépare quelques petites suprises. Mental Désordre est bien complet sur son sujet, on pense à cette base de donnée à disposition du visiteur, qui répertorie les types de troubles psychiques et leurs symptômes. On sort de l’exposition en ayant glané quelques infos, et en ayant passé un moment pédagogique précieux.
Il est à noter que l’exposition propose du braille sur certains éléments, et que l’exposition est aussi adaptée aux anglophones et hispanophones. Mental Désordre, une exposition actuellement à la Cité des Sciences et de L’Industrie, jusqu’au 6 Novembre 2016.