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[Test – DVD] Le chasseur et la reine des glaces – Cedric Nicolas-Troyan

Caractéristiques

  • Titre : Le chasseur et la reine des glaces
  • Titre original : The Huntsman: Winter's War
  • Réalisateur(s) : Cedric Nicolas-Troyan
  • Avec : Chris Hemsworth, Charlize Theron, Emily Blunt, Jessica Chastain, Nick Frost
  • Editeur : Universal Pictures France
  • Date de sortie Blu-Ray : 23 août 2016
  • Date de sortie originale en salles : 20 avril 2016
  • Durée : 115 minutes (version longue), 109 minutes (version cinéma)
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Image : 5/5

Rien à redire, c’est du très beau boulot que rend Universal Pictures avec ce DVD. Le gros travail sur la colorimétrie permet de rendre avec soin les ambiances parfois dans des teintes bleutées. Définition constante, contrastes parfait : confort de visionnage optimum.

Son : 5/5

Le chasseur et la reine des glaces est proposé en trois langues : italienne, française et anglaise. Toutes en Dolby Digital 5.1. Comme souvent, c’est la VOSTFR qui nous a parue la plus équilibrée, mettant bien en relief les voix, tout en cherchant à bien redistribuer les bruitages. La musique, plutôt épique et signée James Newton Howard, trouve remarquablement sa place. Un ensemble sérieux.

Bonus : 3/5

4 scènes coupées, un bêtisier et un making-of divisé en 2 parties constituent les suppléments de la version DVD. Si les scènes coupées sont parfois accessoires, elles s’avèrent ici assez intéressantes : on aura par exemple l’occasion de voir un joli combat entre Eric et Sara enfants, ainsi que quelques plans supplémentaires de Freya, assez touchants. Le bêtisier, sympathique, est typique de ce genre de bonus et donne à voir, entre autres moments sympathiques, toutes les prises ratées à cause du passage d’avions au-dessus des lieux du tournage, ce qui rend les images des acteurs en costumes moyenâgeux assez cocasses. On regrettera cependant que seules les deux dernières parties du making-of présent sur le Blu-Ray soient proposées ici. Si la partie sur les costumes est intéressante, celle sur les relations conviviales sur le plateau entre les acteurs et le réalisateur est assez accessoire. De même, il faudra s’orienter vers le Blu-Ray afin de découvrir le commentaire audio du réalisateur sur la version cinéma ou les scènes coupées.

Synopsis

Il y a fort longtemps, bien avant qu’elle ne tombe sous l’épée de Blanche Neige, la reine Ravenna avait dû assister, sans mot dire, à la trahison amoureuse qui avait contraint sa sœur Freya à quitter leur royaume, le cœur brisé. Celle que l’on appelait la jeune reine des glaces, à cause de son habilité à geler n’importe quel adversaire, s’employa alors à lever une armée de guerriers impitoyables, au fond d’un palais glacé.

Mais au sein même de ses rangs Eric et Sara allaient subir son impitoyable courroux pour avoir enfreint l’interdit : tomber amoureux.

Plus tard, à l’annonce de la défaite de sa sœur, Freya envoie ses guerriers récupérer le miroir dont elle est la seule à pouvoir catalyser les sombres facultés. Des tréfonds dorés de la psyché, elle réussit à ressusciter Ravenna. Les deux sœurs vont alors retourner leur puissance maléfique, décuplée par la rage, sur le royaume enchanté.

Leur armée s’avèrera désormais invincible…à moins que… les deux proscrits qui avaient jadis trahi la règle d’or, subissant l’exil et la séparation, ne parviennent à se retrouver…

image emily blunt charlize theron le chasseur et la reine des glacesLe film

Après le succès de Blanche-Neige et le chasseur en 2012, les studios Universal nous proposent à la fois le prequel et la suite de l’histoire avec Le chasseur et la reine des glaces, en concentrant l’intrigue sur le chasseur incarné par Chris Hemsworth (Thor : Ragnarok) tandis que Blanche-Neige reste hors-champ. Mêlant, à l’image du premier film, conte de fées et heroic fantasy au sein d’un univers qui n’est pas sans rappeler celui des films merveilleux des années 80 (Willow, Legend, L’histoire sans fin…), dont ce second long-métrage tend à se rapprocher un peu plus, Le chasseur et la reine des glaces raconte comment le Chasseur est devenu celui qu’il est. Mais, si le personnage incarné par Hemsworth est supposé être le héros de l’histoire, le film se focalise en réalité davantage autour de ses personnages féminins, qu’il s’agisse de Sara, l’amour perdu d’Eric (le chasseur), interprétée par une Jessica Chastain qu’on n’attendait pas dans ce genre de films de studio, mais apparaît fort à propos en guerrière espiègle et coriace au fort accent irlandais, de la terrible Ravenna (Charlize Theron) ou encore de sa soeur Freya (Emily Blunt), reine partagée entre douceur et cruauté. Ces personnages donnent tout son sel à ce film à grand spectacle qui aurait pu sembler bien fade si le scénario s’était concentré sur le personnage sympathique, mais finalement assez lisse d’Eric.

Tissant une intrigue naïve et cruelle à la fois propre aux contes, tout en restant grand public (exit donc la noirceur et la violence de films tels que Le labyrinthe de Pan), Le chasseur et la reine des glaces s’inspire des histoires d’amour contrariées qui sont légion dans les contes et leurs adaptations et s’interroge sur la possibilité pour un amour pur de survivre au milieu de la violence du monde. Si certains rebondissements et éléments possèdent un air de déjà vu, la manière dont ces éléments sont intégrés à l’ensemble fonctionne bien.

image emily blunt jessica chastain chris hemsworth le chasseur et la reine des glaces

En ce qui concerne le personnage de Freyja, il faut préciser ici que celui-ci est en réalité basé en très grande partie sur le personnage du conte La Reine des Neiges de Hans Christian Andersen – et assez peu sur la déesse de la mythologie nordique, malgré la présence d’une armée à sa solde et un rapport à la maternité, ici troublé et empêché. La tragédie initiale du personnage permet d’expliquer sa transformation en « méchante reine » interdisant l’attachement amoureux à ses chasseurs sous peine de mort là où le conte d’Andersen n’évoquait jamais la genèse du personnage. Evidemment, il y aussi un petit côté Maléfique de Disney avec Angelina Jolie, Freyja étant au départ une personne bonne dont le coeur s’est brisé et gelé après avoir été trahie.

Ce melting-pot à la Once Upon a Time tient bien la route, malgré une issue attendue, surtout parce que le scénario adapte bien le coeur du conte d’Andersen avec le miroir maléfique, qui déforme la perception des personnages, fait naître le doute entre eux et les monte l’un contre l’autre en faisant en sorte que leurs peurs les plus profondes (la peur de la trahison et de l’abandon en premier lieu) prennent le dessus sur eux. Cela donne un côté psychologiquement réaliste qui rend l’histoire d’amour entre les deux chasseurs aussi crédible que touchante. Dans ce contexte, les personnages de Sara et d’Eric remplacent le duo central des deux enfants, Gerda et Kai, du conte d’Andersen – dans la version originale, c’est la petite fille qui partait à la recherche de son ami ; ici, de manière plus classique, c’est Eric qui retrouvera Sara.

Si le film n’est pas exempt de défauts, entre des personnages devenus adultes qui n’apparaissent pas vraiment crédibles en tueurs sanguinaires à la solde d’une méchante reine, des gags et vannes qui tombent parfois à plat et un relatif manque de surprise à certains moments-clés, il nous permet en revanche de renouer avec l’esprit délicieusement naïf, mais bien ficelé, des films merveilleux des années 80, prenant ainsi le contre-pied du cynisme ambiant qui a contaminé des oeuvres se voulant modernes et malicieuses, comme le Blanche-Neige de Tarsem Singh (2012), dont l’humour balourd et les références aux actrices botoxées l’a condamné aux oubliettes des blockbusters ayant raté leur cible.

Avec son intrigue épurée, fidèle à la fois à l’esprit des contes et des récits fantasy, ses images aux décors merveilleux, nous faisant voyager de forêts en châteaux de glace et ses costumes qui rappellent là encore l’heroic fantasy des années 80, Le chasseur et la reine des glaces s’impose comme un spectacle plaisant, servi par la musique épique de James Newton Howard et la réalisation tout à fait honnête du Français Cédric Nicolas-Troyan, qui n’était autre que le réalisateur de seconde équipe sur Blanche-Neige et le chasseur. Cette suite a également le mérite d’être bien mieux rythmée que le premier film, dont le long tunnel au milieu de l’intrigue a perdu plus d’un spectateur à l’époque, en dépit de quelques scènes assez inspirées dans leur aspect gothique. Alors certes, l’intrigue, relativement cousue de fil blanc, ne surprendra pas les spectateurs familiers de ce genre d’oeuvres, mais ce côté classique et naïf, assumé comme tel, est aussi ce qui en fait la force face à un nouveau courant d’œuvres à l’approche pseudo-postmoderne cherchant surtout à rentabiliser, à coups de vannes anachroniques et de cynisme, ce retour en force de la tendance des contes de fées auquel nous assistons depuis le Alice de Tim  Burton en 2010.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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