[Test – Blu-ray] Alliés — Robert Zemeckis

Caractéristiques

  • Titre : Alliés
  • Titre original : Allied
  • Réalisateur(s) : Robert Zemeckis
  • Avec : Brad Pitt, Marion Cotillard, Jared Harris, August Diehl, Camille Cottin, Lizzy Caplan...
  • Editeur : Paramount Pictures (Universal Pictures Video)
  • Date de sortie Blu-Ray : 4 avril 2017
  • Date de sortie originale en salles : 23 novembre 2016
  • Durée : 2h04
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Image : 4/5

Alliés est proposé dans un format widescreen 2:40:1, autrement dit en Cinemascope, avec un très bon rendu dans l’ensemble. La scène d’ouverture, notamment, où le personnage de Brad Pitt apparaît en parachute dans le désert, est de toute beauté, de même que la scène d’amour en pleine tempête de sable. Sur une grande partie des scènes, les contrastes, la profondeur des noirs et la colorimétrie sont irréprochables, rendant parfaitement justice au soin apporté à la photo par Don Burgess, qui avait déjà travaillé avec Zemeckis sur Forrest Gump et Seul au monde, et dont le travail ici lorgne du côté des grands mélos épiques hollywoodiens en Technicolor.

La définition parfaite (le film a en partie été tourné en Red Weapon Dragon) permet de voir quasiment le moindre cheveu sur la tête des acteurs et les détails des décors. Cependant, on note quelques soucis de contrastes trop prononcés sur certaines scènes d’extérieur dominées par des teintes vertes provenant de feuilles d’arbres ou de buissons. Il s’agit bien de la seule réserve au sujet de ce master de haute qualité.

Son : 4/5

Le film est proposé en version originale anglaise sous-titrée en français, anglais, mais aussi danois, néerlandais, finnois, allemand, italien, espagnol, norvégien, suédois ou japonais, rien que ça ! On trouvera bien entendu la version française, ainsi que la version allemande, italienne, espagnole et japonaise et — fait assez rare pour être souligné — une piste d’audio-description en anglais pour les malvoyants. La piste originale du film, proposée en 5.1 Surround DTS HD Master Audio, est d’une clarté et d’une précision remarquable, avec une bonne répartition entre les enceintes. Le mixage est parfaitement équilibré entre dialogues, bruits d’ambiance et musique. Les pistes doublées, en 5.1 Surround Dolby Digital, ne sont du coup pas comparables du point de vue de l’ampleur et de la précision, mais s’en sortent de manière honorable.

Bonus : 3/5

La galette de Paramount Pictures regorge de suppléments. En voici la liste :

  • L’histoire d’Alliés
  • Des plateaux au Sahara : les décors d’Alliés
  • À travers l’objectif : la réalisation avec Robert Zemeckis
  • Coudre le passé : les costumes d’Alliés
  • Jusqu’à ce que la mort nous sépare : Max et Marianne
  • Garçons et filles : la distribution
  • Lumière, pixels, ACTION ! Les effets visuels d’Alliés
  • Au volant : les véhicules d’Alliés
  • Feu à volonté : les armes d’Alliés
  • Ça swingue : la musique d’Alliés

Ce behind-the-scenes mis bout à bout constitue un making-of assez complet et intéressant dans l’ensemble, notamment en ce qui concerne les décors, les costumes ou les effets visuels. Cependant, la dimension clairement promotionnelle d’un certain nombre de vidéos, où les acteurs s’extasient sur leurs partenaires de jeu d’un bout à l’autre, rend certaines parties plus superficielles. Dommage, car il y aurait eu bien plus à dire sur la méthode de travail de Robert Zemeckis.

Synopsis

Casablanca 1942. Au service du contre-espionnage allié, l’agent Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d’une mission à haut risque. C’est le début d’une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu’il aime.

image alliés brad pitt marion cotillard désert
© Paramount Pictures

Le film : 2,5/5

Sorti en fin d’année sur nos écrans, Alliés, 18e long-métrage de Robert Zemeckis (Forrest Gump, Contact…), n’avait pas vraiment rencontré son public, en dépit de son casting cinq étoiles. La sortie du Blu-Ray est donc l’occasion de revoir ce film historique cherchant à retrouver l’aura des chefs d’œuvres hollywoodiens des années 40 et 50 tels que Casablanca (1940), afin de voir si le cinéaste a su relever le défi. En lieu et place d’Humphrey Bogart, nous retrouvons donc un Brad Pitt (L’étrange histoire de Benjamin Button, Tree of Life,Vue sur mer…) au regard las, tandis que Marion Cotillard (Contagion, Assassin’s Creed…), entre force et fragilité, apparaît comme un mélange de Marlene Dietrich(période Vénus Blonde) et Ingrid Bergman. L’ouverture en plein désert — entièrement reconstitué en images de synthèse, d’après un scan ultra-précis de dunes — de toute beauté, est du pur Zemeckis : des couleurs chatoyantes, presque irréelles, semblant sorties tout droit d’un laboratoire Technicolor (ce n’est pas le cas), une musique rappelant celle de Forrest Gump, composée par le fidèle Alan Silvestri et un atterrissage en parachute en apesanteur filmé en plongée confèrent à la scène une atmosphère de conte de fées à contre-courant de l’histoire qui va nous être contée, celle de deux agents secrets réunis en pleine Seconde Guerre Mondiale afin de vaincre le nazisme.

Si ce début peut sembler étrange par rapport au sujet, il colle en réalité tout à fait aux thèmes de la duplicité et de l’illusion qui sont abordés dans le scénario de Steven Knight et que Zemeckis adapte ici à son univers. L’histoire d’amour entre Max et Marianne, qui ont tout d’abord joué au couple marié alors qu’ils ne se connaissaient pas, serait-elle un leurre, un joli conte trop beau pour être vrai ? C’est la question centrale autour de laquelle s’articule la trame narrative, et le cinéaste s’amuse ainsi, tout au long du film, à instaurer une ambiguïté autour du personnage de Marion Cotillard, notamment en disséminant lors des 40 premières minutes, avant la révélation des soupçons posant sur Marianne, certains éléments qui viendront ensuite semer le trouble. Comme cette phrase, balancée avec élégance par la jeune femme lors de la rencontre du couple : « Mes sentiments sont sincères, c’est pour ça que ça marche ». Du coup, Robert Zemeckis joue avec cette idée de conte tout à fait improbable au milieu de l’horreur : une attirance charnelle qui donne lieu à un vrai coup de foudre, une scène d’amour dans une voiture en pleine tempête de sable, un accouchement sans encombres dans la cour d’un hôpital, en plein bombardement…

image alliés brad pitt casablanca
© Paramount Pictures

L’idée est bonne et la réalisation, léchée, souvent tout à fait convaincante. Malheureusement, entre l’intention et l’effet sur le spectateur, il y a également un gouffre, qui gêne à de nombreuses reprises la vision du film. Pour commencer, il apparaît clairement, durant toute la première partie, que Brad Pitt traversait une mauvaise passe et que le cinéma n’était probablement pas au centre de ses préoccupations. Si Max est supposé être taiseux et un brin fatigué des horreurs de la guerre, l’acteur apparaît malheureusement souvent mono-expressif, pour ne pas dire apathique, et ne fait pas d’efforts véritables pour dissimuler sa fatigue. Ainsi, difficile de croire au trouble qu’il ressent face à Marianne lors de leur face-à-face nocturne sur un toit de Casablanca. Sa tentative de rapprochement à ce moment-là, qui fait suite à un échange très écrit, apparaît purement artificielle. Pire, lors de l’entretien où son supérieur (Jared Harris) lui révèle les doutes des services de renseignement britanniques au sujet de son épouse, il est incapable de jouer l’incrédulité et la colère, semblant même calculer la précision de son coup de pied destiné à renverser juste comme il faut la chaise sur laquelle il est assis — geste supposé être spontané et impulsif — tel un pantin désarticulé. Il est gênant de voir Pitt, pourtant immensément doué, se vautrer ainsi et accomplir son travail de manière aussi mécanique.

Cependant, lorsque Max sort du bureau et que la caméra le filme en gros plan dans le couloir, entre ombres et lumières, un déclic semble enfin se produire, permettant à l’acteur de montrer de nouveau à quelle trempe d’acteur il appartient, son visage vieillissant lui apportant une profondeur nouvelle qui a commencé à se dessiner à partir de L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford en 2007. On voit ainsi son visage passer par mille émotions contradictoires, tout en gardant sa contenance. A partir de ce moment-là, l’acteur est enfin dedans et sa performance ne procurera plus cet effet de malaise gênant au spectateur.

image brad pitt marion cotillard alliés casablanca
© Paramount Pictures

Malgré ça, on peine à croire et à s’attacher à ce couple de cinéma glamour au possible : entre Marion Cotillard et Brad Pitt, l’alchimie est le plus souvent discrète, pour ne pas dire absente. Si la performance de l’acteur pendant toute la partie cruciale où l’on nous « vend » leur attirance et leur coup de foudre joue clairement un rôle dans ce manque d’adhésion, Marion Cotillard a également sa part de responsabilité : fausse quand elle joue en français au milieu des « amis » collabos de Marianne (alors qu’elle est censée être 100% crédible en tant qu’espionne) et juste quand elle joue en anglais, elle révèle un jeu inégal et cette oscillation fait parfois sortir le spectateur du film. Zemeckis n’est pas francophone et ne semble pas à son aise avec ces dialogues dans la langue de Molière, qu’il semble toujours pressé d’écourter. Cet inconfort, qui était déjà présent dans un film tel qu’Inglorious Basterds de Tarantino, par exemple, avec ses douloureuses scènes de dialogues pourtant jouées par des acteurs français, est sans doute la cause du déséquilibre dans le jeu de l’actrice, mais, en conséquence, cela nuit parfois à la crédibilité de l’intrigue.

Par ailleurs, si elle est bien gérée dans la scène d’ouverture, la dimension conte de fées apparaît régulièrement plaquée, alors que le spectateur est censé y adhérer pleinement et rêver aux côtés de ce couple. L’accouchement en plein bombardement apparaît ainsi comme une idée à la fantaisie naïve que même Steven Spielberg n’aurait pas osé mettre en images, sauf peut-être dans le cadre d’une série telle que Histoires fantastiques, qui était néanmoins assez légère. Le contraste recherché, censé faire ressortir le sentiment d’urgence en temps de guerre, qui provoquait un certain sentiment d’exaltation, encourageant les gens à vivre l’instant présent, ne prend pas vraiment et provoque souvent l’incrédulité. Cela est hautement frustrant car le cinéaste a toujours de belles idées visuelles, mais on reste bien trop souvent extérieur aux rebondissements, dont on semble parfois voir les contours. On ne ressent donc pas vraiment d’émotion devant ce couple, même durant la scène d’amour, pourtant joliment filmée.

image marion cotillard alliés fusillade
© Paramount Pictures

Malgré tout, Alliés se laisse regarder plutôt agréablement dans l’ensemble et comporte de beaux moments : la scène de la fusillade qui précipitera la fuite du couple et scellera leur union, fait preuve d’une nervosité tranquille convaincante et les acteurs, en tenues de soirée, s’y montrent aussi crédibles que glamour. C’est peut-être LE moment de ces deux personnages à l’écran, celui qui fera que l’on suivra la suite avec intérêt et que l’on accordera un minimum de crédit à leur histoire par la suite. Cette séquence donne un certain cachet au film et il n’est donc guère étonnant que l’affiche en soit extraite, même si l’on regrettera évidemment que tout le reste ne soit pas à la hauteur de ce moment. Enfin, Marion Cotillard apporte à mesure de la progression de l’intrigue davantage de profondeur à son personnage et parvient parfaitement, dans la seconde moitié, à doser l’ambiguïté fondamentale de Marianne, tout en révélant sa vulnérabilité, pour un résultat troublant qui donne lieu à une poignée de très belles scènes où elle crève l’écran.

Pour le reste, malgré la maestria des effets visuels et la méticulosité de Robert Zemeckis dans les décors, entre reconstitution méticuleuse et effet studio assumé, malgré le souffle épique qu’il tente d’insuffler à l’ensemble et la veine mélodramatique qu’il tutoie, le résultat est très mitigé. Même lorsque, enfin, les différents éléments s’emboîtent, il n’est pas facile de passer outre le sentiment d’artificialité qui se dégage d’un bout à l’autre et qui, au-delà du jeu maîtrisé autour de la duplicité, n’était certainement pas l’effet escompté. Alliés apparaît alors — un peu à l’image d’Apparences, réalisé par le cinéaste américain en 2001 avec deux autres stars incontournables — comme l’un de ces jolis objets visuels qui avaient en théorie tout pour eux, mais dont les ingrédients réunis ne parviennent pas à lui conférer la substance et l’aura recherchées, en dépit de passages plaisants. Dommage !

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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