Caractéristiques
- Titre : La La Land
- Réalisateur(s) : Damien Chazelle
- Avec : Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend, J. K. Simmons, Callie Hernandez, Rosemarie DeWitt...
- Editeur : M6 Vidéo
- Date de sortie Blu-Ray : 25 mai 2017
- Date de sortie originale en salles : 25 janvier 2017
- Durée : 128 minutes
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- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 5/5
C’est un très bon master que nous propose là M6 Vidéo : la définition est excellente, avec un bon niveau de détails et, surtout, la colorimétrie, de toute beauté, retranscrit joliment le travail du directeur de la photo Linus Sandgren : que ce soit dans ses séquences façon Technicolor, ses scènes en extérieur, son climax fantasmatique ou encore ses passages plus intimistes, La La Land resplendit dans sa version Blu-Ray, permettant une bonne immersion. Les contrastes sont également à la hauteur, et on perçoit par moments un léger grain qui donne à l’image une texture agréable, tandis que le reste des scènes conserve la chaleur de la pellicule et une précision quasi-numérique.
Son : 4/5
Le film est proposé en VOST et VF en piste DTS-X, qui permet une meilleure spatialisation. En VO, le résultat est impressionnant de clarté et de profondeur, avec des effets Surround palpables et les différents sons et bruitages qui se détachent avec une belle précision, restituant parfaitement les ambiances du film de Damien Chazelle. Le mixage est par ailleurs de qualité, avec une excellente répartition entre dialogues, musique et ambiances sonores. Les amoureux de comédies musicales bien équipés se délecteront de la restitution du score de Justin Hurwitz et des numéros chantés, très fluide. L’impression de nous retrouver dans une bulle aux côtés des personnages, au milieu du tumulte de la Cité des Anges, est clairement présent, ce qui était essentiel pour un film comme La La Land. La VF s’en sort également très bien, avec la réserve habituelle quant à la hauteur plus accrue des dialogues.
Bonus : 3,5/5
Cette édition spéciale Fnac possède le même contenu que le coffret de M6 Vidéo, à savoir le Blu-Ray, le DVD, la bande-originale du film et les suppléments suivants :
- Commentaire audio de Damien Chazelle et Justin Hurwitz
- La La Land enchante Paris (9’11)
- La La World : le phénomène autour du monde (9’12)
- A la découverte de La La Land (4’07)
- La musique de La La Land (13’31)
- “Another Day of Sun” : une ouverture triomphale (10’36)
- Justin Hurwitz : le génie musical de La La Land (14′)
- Galerie d’affiches
La différence principale vient du packaging (visuel différent) et de la présence dans une pochette cartonnée d’un DVD contenant une masterclass de 40 minutes de Damien Chazelle au cinéma Les Fauvettes à Paris en janvier 2017, en compagnie du rédacteur en chef de Studio Ciné Live, Jean-Pierre Lavoignat.
En ce qui concerne les suppléments en eux-mêmes, le commentaire audio du réalisateur et de son compositeur, ainsi que le making-of de la scène d’ouverture sur l’autoroute, sont clairement les éléments les plus intéressants proposés. Les cinéphiles et aspirants réalisateurs apprendront de nombreux détails techniques dans le commentaire audio, particulièrement généreux, mais également riche en anecdotes de tournage. Le making-of du numéro musical d’ouverture permet de mesurer toute la difficulté de la scène, pensée comme un tour de force technique, mais qui faillit tourner au désastre et demanda bien des ajustements. On apprendra également que la production fit fermer la bretelle de l’autoroute durant pas moins de 3 jours !
Pour le reste, si les suppléments autour de la conception de la musique du film et le travail de Justin Hurwitz sont fort intéressants, les trois premières vidéos proposées, exlusives à la France, sont bien plus promotionnelles, enchaînant tapis rouge et extraits d’interviews en compagnie des acteurs et du réalisateur. On notera néanmoins que ces bonus très codifiés sont un peu plus développés que ceux proposés habituellement, avec un petit côté fun où l’on pourra admirer le flegme des acteurs au milieu d’une foule en délire. On regrettera en revanche l’absence du reste des bonus de l’édition américaine (8 tout de même !), étrangement évincés. Pourtant, on aurait réellement apprécié de voir l’entraînement de Ryan Gosling au piano (qui n’a pas eu besoin de doublure mains), le tournage du climax instrumental de la fin ou encore écouter l’équipe parler de la place de Los Angeles dans le film.
La masterclass de Damien Chazelle est intéressante, notamment lorsque le réalisateur parle de sa cinéphilie, son rapport aux comédies musicales ou encore de son premier long, Whiplash. En revanche, comme le public des Fauvettes n’avait pas encore vu le film, Jean-Pierre Lavoignat ne rentre pas nécessairement dans le détail de La La Land, ce qui s’avère un peu frustrant.
Synopsis
Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.
De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance.
Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent…
Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?
Le film
Phénomène critique et public, La La Land était sur toutes les lèvres en début d’année, au point d’en agacer certains. Au-delà de la volonté de son réalisateur de renouer avec l’esprit des comédies musicales des années 50-60, le film méritait-il autant de louanges ? Cinq mois après sa sortie, notre réponse est oui, mais pas tout à fait pour les raisons que l’on pourrait croire. En effet, si l’on se concentre uniquement sur l’aspect comédie musicale, La La Land est un film enthousiasmant mais imparfait, porté par un réalisateur nourrissant de grandes ambitions, mais ne possédant pas le même brio que les grands du genre pour filmer les scènes musicales, malgré de bonnes idées, dont une impressionnante ouverture sur l’autoroute et un bon équilibre entre esthétique Technicolor à l’ancienne et esthétique à la précision quasi-numérique mettant en valeur les paysages et la lumière de Los Angeles.
Cependant, le film ne se laisse jamais engloutir par ses références et ne cherche pas à nous faire croire que nous sommes dans une comédie musicale d’antan, malgré les références évidentes à Chantons sous la pluie, Un Américain à Paris, Drôle de frimousse ou encore Jacques Demy, qui sont convoquées avec sincérité et modestie. En assumant la fragilité et la maladresse de ses interprètes au chant et à la danse, le film se pare d’une touchante vulnérabilité, qui devient carrément bouleversante lorsque la comédie musicale enjouée cède peu à peu la place à un récit plus doux-amer sur les personnes que nous laissons en cours de route, les avenues que nous aurions pu, mais n’avons pas empruntées, le souvenir de l’euphorie et du désir qui subsistent dans un pan de notre conscience.
Les deux amoureux trouvent ensemble l’élan nécessaire pour poursuivre leurs rêves, mais les aléas de la vie et incompréhensions feront qu’ils ne les réaliseront pas forcément ensemble. Pourtant, lorsque vient le sublime climax instrumental — sans doute le numéro musical le plus abouti du film — hommage appuyé aux nombreuses oeuvres romantiques inspirées de Paris, c’est bien ce sentiment d’urgence, ce tourbillon de vie qui pousse les artistes à partir à la conquête de leurs rêves qui subsiste, mais teinté d’une mélancolie à coller le frisson qui surgit au détour d’un regard, d’une mélodie. Moment suspendu, sur le fil, avant que la vie ne reprenne ses droits. Si La La Land, tout en bénéficiant d’un excellent score et de très belles chansons, n’est peut-être pas tout à fait la grande comédie musicale que l’on attendait, il est, à sa manière, un grand film sur l’amour perdu et ce que nous laissons derrière nous dans notre quête d’absolu.