article coup de coeur

[Critique] PIFFF 2017 : Downrange

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Ryuhei Kitamura
  • Avec : Kelly Connaire, Stephanie Pearson, Rod Hernandez, Anthony Kirlew, Alexa Yeames, Jason Tobias
  • Distributeur : Wild Side
  • Genre : Thriller
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 90 minutes
  • Date de sortie : 2018 (DTV)
  • Note du critique : 8/10

Ryuhei Kitamura opère un salvateur retour aux fondamentaux

 

Le rendez-vous incontournable que fut le PIFFF 2017 contenait, bien évidemment, la très attendue Séance Interdite. Et cette année, on avait deux raisons de penser très fortement qu’elle allait s’avérer mémorable. Tout d’abord, les films sélectionnés dans cette case, depuis quelques années, relèvent le sacré défi de proposer un spectacle grand-guignolesque. Et, cette fois, c’est l’auteur de l’un des films gores qui nous a le plus marqué (Versus), Ryuhei Kitamura, qui était prié de nous en mettre plein la vue. On va voir que le défi a largement été tenu par Downrange.

Victimes d’une crevaison, des étudiants en covoiturage sont contraints d’arrêter leur véhicule en plein désert. C’est alors qu’ils deviennent la cible d’un mystérieux sniper qui s’amuse à les tirer comme des lapins, avec une cruauté sans limites. Alors que l’une des survivantes profite de ses connaissances en terme de stratégie, les autres passagers vont faire face à une situation redoutablement verrouillée. Un véritable huis clos à ciel ouvert, dans lequel chaque mouvement peut s’avérer mortel.

Après quelques échecs plus commerciaux qu’artistique (No One Lives et Rupan Sansei), Ryuhei Kitamura a ressenti le besoin d’un retour au source. Et l’on peut écrire sans mal qu’il est salvateur. Si le scénario de Downrange ne casse pas trois pattes à un canard, il préfère les exploser en plein vol, avec un fusil de précision calibre 12. Tout d’abord, rassurons celles et ceux qui trouvent le réalisateur parfois trop long à la détente : l’intrigue s’installe vite. Très vite. Les premiers plans montrent le pneu exploser, direct. Suit une petite phase de caractérisation des personnages, parfois un peu lourdingue mais pas désagréable. Puis intervient la première victime. Et là, on comprend la cause de la présence de l’œuvre dans la case Séance Interdite. C’est sanglant, très sanglant. Le réalisateur se fait bien plaisir, et nous donne ce qu’on est venu chercher : une balle de sniper, ça fait des gros trous.

Gore, haletant et totalement fou

Downrange ne peut, pourtant, pas être résumé à sa seule dimension gore, aussi marquée et cruelle soit-elle. Couverts par leur voiture, ou une autre source de protection très limite (on n’en écrira pas plus, pour ne pas spoiler), les passagers vont devoir faire face aux conditions climatiques étouffantes, et le manque d’eau qui s’ajoute à l’absence d’espoirs. Si Ryuhei Kitamura s’amuse à torturer ses personnages, avec un sourire en coin pas trop appuyé donc agréable, il fait aussi en sorte que le spectateur se sente lui-même dans une situation périlleuse. En choisissant de ne pas trop en dévoiler sur le cinglé de l’histoire, il se voit obligé de coller de près aux protagonistes. Sa caméra est à hauteur de calvaire, même si elle s’accorde quelques folies dont le metteur en scène a le secret.

Downrange regorge de séquences hypertendues, mais aussi totalement folles. Si l’on excepte un ou deux monologues gonflants, le réalisateur donne parmi ce qu’il a pu imaginer de plus impressionnant. On garde évidemment en tête la scène du carambolage, impressionnante au possible, et sanglante à souhait. Ryuhei Kitamura perd peut-être un peu le contrôle du temps, avec des ellipses pas toujours heureuses, mais on comprend la finalité : tout ne pouvait que se régler la nuit. D’ailleurs, cette fin, qui nous restera longtemps en mémoire, contient une sève qu’on n’avait plus vu au cinéma depuis un moment. C’est… fou, oui, un vrai film mad, dont l’impact fut tel qu’il a fait hurler la salle, et qui nous redonne beaucoup d’espoirs quant à la survivance du cinéma gore, mis à mal depuis quelques années. L’un des meilleurs moments de ce PIFFF 2017 de haut niveau. Signalons, enfin, que Downrange sera édité en vidéo en France, par Wild Side.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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