[Test] Gal*Gun 2 : le concept fou fonctionne toujours

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
  • Développeur : Inti Creates
  • Editeur : PQube
  • Date de sortie : 13 avril 2018
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Toujours aussi nawak et bonnard

image gameplay gal gun 2
Il va falloir calmer bien des ardeurs !

Alors qu’on sent bien que l’Occident cherche à imprimer une dose de politiquement correct à la production vidéoludique (on se souviendra du traitement d’Uncharted 4), le Japon semble encore résister face à cette vague à cheveux verts, et autres philosophes pseudo-marxistes de pacotille agissants dans les limbes de Youtube. Si l’on est loin de défendre tout ce qui peut prendre ses distances avec la vision moderne des rapports entre les personnes, qui tend à séparer plus qu’à rassembler, il faut aussi souligner ce qui prend un contre-pied intéressant. C’était le cas de Gal*Gun : Double Peace et Senran Kagura : Peach Beach Splash, tous deux aussi sortis chez PQube. Le premier était un shooter totalement barré, qui proposait de calmer l’ardeur de filles quelque peu anxiogènes et intrusives. En effet, elles étaient la cible d’une malédiction, tout comme le personnage principal. Alors, pour éviter tout malentendu et ne surtout pas profiter de la situation, notre avatar balançait des salves de phéromones, ce qui permettait d’envoyer les filles au septième ciel. Un concept bien fou, aussi grivois que drôle, traité de manière légère : une respiration dans ce monde gagné par le puritanisme le plus assommant. Voici, donc, la suite, avec Gal*Gun 2.

L’un des petits regrets laissés par le précédent jeu (d’une licence en comptant quatre) était lié à des phases dialoguées trop bavardes et fréquentes. Avec Gal*Gun 2, Inti Creates rectifie le tir, ce qui ne peut que faire mouche dans un shoot. L’histoire, sa qualité, reste très légère, mais jamais agaçante. Elle est très simple : le joueur incarne un étudiant comme les autres. Enfin presque, car, un jour, vous vous apercevez que votre smartphone a installé, de lui-même, une étrange application. Quand le jeune homme l’enclenche, il reçoit de suite un casque de réalité virtuelle, et un étrange pistolet-aspirateur appelé Demon Sweeper. Et ce n’est pas tout ! Un ange, jolie fille blonde nommée Risu, fait son intervention, afin de vous informer sur la situation : elle vous accompagnera pendant un mois de votre scolarité, afin de venir à bout de la menace très kawai incarnée par Kurona…

Une histoire moins bavarde qu’auparavant

image playstation 4 gal gun 2
On a droit à des dialogues moins touffus.

Comme informé plus haut, Gal*Gun 2 va bien plus vite que son ainé, droit au but. Après un tutoriel rapide, mais efficace, le jeu dévoile ses multiples forces de narration. La première provient du changement de forme que connaît la recette. Le fait de suivre un cheminement découpé, par jour, rend le tout un peu plus routinier, très clairement, mais aussi on gagne en cohérence des interventions scénaristiques. Le récit connaît quelques petits rebonds, pas très marqués mais tout de même présents, seulement on remarquera une certaine explosion des éléments scénaristiques. Ils se trouvent non seulement sur notre route, par le biais de missions à sélectionner, mais aussi dans des scénettes qui, elles, pourront être déclenchées uniquement si le joueur le décide. On pense notamment à la relation avec l’amie d’enfance Nanako, que l’on croise tout du long dans la salle de classe. Si on lui file des sucreries, dûment accumulées en récompense de nos actes, elle sera contente et se confiera de plus en plus, jusqu’à ce qu’une véritable histoire, pas si secondaire, se dévoile. L’intention, clairement, est de laisser au gamer le choix de s’investir dans la partie purement narrative, et c’est une bonne initiative.

Gal*Gun 2 reste un shoot, mais il prend quelques distances avec l’épisode Double Peace. Tout d’abord, le rail fait place à une construction par sauts, comme dans certains jeux en réalité virtuelle. C’est un choix pertinent, évidemment dicté par le fait que notre avatar se trimballe un casque VR en permanence. Cela modifie, assez radicalement, le rythme des niveaux parcourus. Tout d’abord, on en a presque terminé avec le par cœur : on doit, dans la très, très grande majorité des cas, se débarrasser des ennemis qui apparaissent à l’écran, afin d’atteindre l’étape suivante. Mine de rien, ça change la donne, et cela va créer le débat entre ceux qui appréciaient de devoir connaître les levels de fond en comble, afin de viser les gros scores, et ceux qui préfèrent s’appliquer à enchainer les tirs précis, dans le but là aussi de déchainer le multiplicateur de points. On se situe plutôt dans la deuxième catégorie : c’est plus agréable de comprendre aisément ce qu’il se passe à l’écran, même si cela demande moins d’implication à long terme. Aussi, on pourra profiter de la fin des vagues de donzelles pour fouiller les décors, en vue de shooter les Mr. Gappiness planqués, ou les figurines de Kurona.

Plus rythmé, mais aussi moins nerveux

image gal gun 2
Les niveaux s’enchaînent dans un tempo élevé.

Une mutation dans le rythme donc, mais Gal*Gun 2 ne se contente pas de ça. Il est parfois possible que votre personnage, surnommé Master par son ange, se cache derrière un élément du décor. On pourra, alors, déplacer son champ de vision, sur le côté, le haut, et même lui ordonner de se mettre à plat ventre. C’est aussi idéal pour trouver des éléments cachés, ne l’oubliez pas. Le zoom est toujours au rendez-vous, et le concept du tir de phéromone ne bouge pas. Vous êtes en capacité soit de les inonder (trois tirs suffisent), soit de trouver leur point faible, en passant le réticule de visée sur le modèle 3D. Préférez ce deuxième cas de figure, car il permet d’augmenter la valeur de combo, jusqu’à ce que vous vous fassiez toucher par l’une des déchainées. Assez souvent, certaines d’entre elles seront possédées par des mini-démons. Là, vos phéromones perdront énormément en efficacité. Alors, visez les diablotins avant de réduire la menace girly. Ensuite, deux solutions s’offrent à vous : tirer sur les suppôts de Kurona, ou les aspirer. La seconde solution est celle qui vous rapportera le plus de points, mais attention à ce que le Demon Sweeper soit bien rechargé en énergie, laquelle se gagne en shootant celles qui sont folles du corps de l’avatar. Cela apporte bien du peps à l’ensemble, qu’on se le dise !

Gal*Gun 2 déploie d’autres mécaniques, qui forment un résultat très japonais, côté gameplay. Si l’on apprécie de jouer à ce jeu, tout du long, c’est parce que le studio de développement, Inti Creates, fait en sorte que le joueur ressente constamment le sentiment de réussite, du moins quand il maîtrise la situation. La difficulté du soft n’est pas élevée du tout, on aura que peu vu l’écran de game over, c’est surtout la course au scoring, au parcours parfait, qui constituera le challenge. Dans les moyens de se défendre face à la déferlante certes mignonne mais envahissante, on pourra compter sur le Lovestruck : zoomez sur le regard des filles pour faire apparaître une jauge qui, une fois remplie, provoquera une telle joie que le prochain tir fera l’effet d’une bombe pour le moins jouissive. Attention, car se lancer dans cette entreprise peut s’avérer dangereux si les furies sont trop présentes aux alentours. Plein de détails s’ajoutent, comme l’aspiration des habits, utile pour se tirer de situations parfois tendues, mais pas terrible côté points. Aussi, certains secrets donnent du piquant à a recette : chemins cachés, ennemis qui se fondent dans le décors.

Trêve de polémiques

image jeu gal gun 2
Dans la joie et la bonne humeur !

Gal*Gun 2 est un jeu coquin, grivois. En France et, de manière encore plus poussée, en Italie, nous avions les comédies des années 1970, aujourd’hui révolues, rendues ringardes par l’hégémonie d’une approche américaine finalement assez prude. Le Japon échappe à ce politiquement correct, parfois pour le pire (on ne cautionne pas certaines choses, traitées de manière trop sérieuses), mais aussi pour le meilleur. Par contre, on peut aussi être interloqué par certaines phases, sans non plus hurler au sexisme et autres tasers idéologiques puritains. Le mode Doki Doki fera écarquiller quelques yeux : il faut viser certains points précis des filles, afin d’en extraire les démons et les aspirer. Si vous êtes particulièrement appliqués et rapides, vous pourrez gagner du temps, et collecter des diablotin hauts gradés, tandis que les habits de la conquise voltigeront. On est dans le délire le plus absolu, le non-sens assumé, et c’est rafraîchissant même si l’utilité de la chose nous échappe un peu. On observe aussi une édulcoration des séquences olé-lé : il en existe encore, mais on reste assez éloigné de ce qu’on a pu voir auparavant.

Gal*Gun 2 fait donc presque un sans-faute ? Hélas, non, car la technique du jeu n’est pas des plus affriolantes. C’est fluide, très clairement, mais l’ensemble manque de précision, d’animations dans les décors. On a l’impression de voir le même jeu qu’on a pu découvrir à l’occasion de Gal*Gun : Double Peace, jusque dans l’utilisation de contextes déjà visités, comme le parc. C’est dommage, surtout qu’on attendait un peu le jeu sur ce point précis. Autre regret, la collectionnite n’est plus aussi aigüe qu’auparavant. On a bien l’intérieur de la chambre à décorer grâce à des objets gagnés, mais c’est tout. Pas de carnet de conquêtes, mais la possibilité de prendre rendez-vous, et c’est dans ces conditions qu’on aura accès aux descriptions. Pas folichon. L’aspect sonore, lui, est bien plus à la hauteur, même si on airait apprécié plus de morceaux dans la bande originale. Cette dernière, signée par pas moins de huit artistes (Ippo Yamada, Ryo Kawakami, Kotaro Yamada, Luna Umegaki, Tsutomu Kurihara, Takuya, Hiroaki Sano et Hiroki Isogai, désolé pour le name dropping mais c’est important), contient tout ce qu’il faut de rythmes effrénés à tendance frivole. Quant au doublage japonais, il est en tous points remarquable !

Note : 14/20

Gal*Gun 2 propose un délire aussi plaisant que celui de ses prédécesseurs, tout en explorant de nouvelles propositions de gameplay. On apprécie grandement la décision d’alléger les parties dialoguées, ce qui permet au jeu de gagner en rythme, tandis que la forme, plus routinière (mais pas dans le mauvais sens du terme), rend l’ensemble plus cohérent. La prise en mains est plus directe, ne perd pas en subtilité mais le fait de ne plus être sur rails nous permet de mieux digérer les différentes manipulations. Techniquement, c’est toujours propre mais daté, cependant qu’on soit clair : on ne joue pas à ce soft pour recevoir une mandale visuelle. On se plaira à tout collecter, dénicher, à atteindre de gros scores. Et vous aurez de quoi faire : la durée de vie du titre dépasse amplement ce qu’on peut attendre de ce genre de soft, avec plusieurs fins à la clé, mais aussi un mode Score Attack et un New game +. Espérons qu’Inti Creates continue sur cette lancée, cette licence déploie assez de qualité pour qu’elle voit ses itérations se multiplier.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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