[Critique] Cyborg : un film très Cannon

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Albert Pyun
  • Avec : Jean-Claude Van Damme, Vincent Klyn, Deborah Richter, Alex Daniels, Dayle Haddon
  • Distributeur : Cannon Group
  • Genre : Action
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 82 minutes
  • Date de sortie : 7 avril 1989
  • Note du critique : 6/10

Un film à réévaluer ?

image film cyborg
JVCD en bien mauvaise posture.

Quand on aborde Cyborg, l’un des premiers films dans lesquels Jean-Claude Van Damme tient le rôle principal, on va au-devant d’une véritable redécouverte. Plus que celle de la bonne performance de l’acteur dans cette œuvre, c’est surtout la tonalité qui nous marque. Et celle-ci est typique d’une boîte de production qui parlera de suite aux amateurs de vrai cinéma d’action (et pas de ces trucs avec des super héros en CGI) : Cannon Group. Un nom qui fait provoque encore, chez Culturellement Vôtre, un frisson parcourant l’échine. L’implacable Ninja, Invasion USA, Lifeforce, La Loi de Murphy, et bien d’autres titres qui ont gagné leurs lettres de noblesse chez les fans de bobines bien B. Et Cyborg fait clairement partie de cette belle liste. Plus encore, il est sûrement le dernier long métrage digne d’intérêt produit par la société de Menahem Golam et Yoram Globus.

Cyborg est autant un film d’action que de science fiction. L’histoire se déroule au début du vingt-et-unième siècle. Et la Terre est dominée par les féministes extrémistes à cheveux verts victime d’une épidémie de peste particulièrement mortelle. C’est dans ces conditions apocalyptiques, alors que les états ont rendu les armes, que des groupuscules terrorisent les survivants. Mais l’espoir pourrait bien renaître, grâce la mission plus qu’importante, menée par une scientifique à mi-humaine, mi-robot. En effet, elle doit transporter ses données jusqu’à Atlanta, qui contiennent un très possible remède contre la maladie. Après avoir perdu son coéquipier, tué dans une embuscade, la cyborg fait appel à Gibson, un véritable guerrier, rompu aux techniques de combat rapproché, mais aussi hanté par un lourd  passé. Seulement, sa mission va prendre fin quand le duo se fera attaquer par l’ignoble Fender, qui kidnappe la femme. Tout espoir est perdu ? Non, car Gibson, rejoint par Nady, rescapée d’un des massacres perpétrés par Fender, est très motivée pour retrouver ce chef de bande pour le moins sanguinaire…

Cyborg est typiquement ce genre de film qu’on aime réhabiliter. Descendu par la critique, moqué (à juste raison) pour ses bruitages que l’on qualifiera d’un poil exagéré, il était aisé de se le payer. Seulement, au fil du temps, et comme souvent avec les films de Cannon Group, le long métrage s’est trouvé une deuxième vie, au sein des vidéo clubs. Si vous êtes un enfant du début des années 1980, voire de la fin des années 1970, vous avez sûrement bavé devant la jaquette de Cyborg. Et, à la revoyure, on comprend pourquoi. Ici, point d’envie de faire dans la demie mesure. Dès l’introduction, qui nous présente un matte painting de New-York dévasté, on comprend que l’univers ne fera aucun cadeau à ses personnages. C’est détaillé par une voix-off, dont on captera plus tard qu’elle appartient au grand vilain du récit. Une ambiance délétère palpable, et ce malgré une direction artistique un peu datée mais toujours savoureuse.

Un spectacle assez fun pour offrir un bon moment

Dans Cyborg, Jean-Claude Van Damme incarne Gibson. Et l’acteur belge, encore débutant malgré son succès foudroyant, s’en tire avec les honneurs. Loin des envies de composition de Full Contact, il s’en tient à ce qu’il savait, à l’époque, faire de mieux : assurer une belle présence physique, tout en rendant la force du personnage très crédible. On avait, d’ailleurs, le vague souvenir d’un rôle finalement un peu superficiel. Force est de constater que notre mémoire nous jouait des tours. Le passé trouble de Gibson est un peu plus intéressant qu’escompté, créant une véritable émotion quand vient le moment de tout faire ressurgir. Ce qui, d’ailleurs, donne lieu à un flashback grandiloquent, un peu inspiré, dans sa cruauté, par l’inatteignable Il était une fois dans l’Ouest. D’ailleurs, les quelques productions Cannon Group, du côté de l’Italie (le Hercule de Luigi Cozzi, Les Barbarians de Ruggero Deodato), ont peut-être inspiré au scénario un esprit cruel très typique, notamment de Sergio Corbucci. Cette séquence qui nous montre le personnage principal, crucifié, ne peut que nous appuyer dans cette réflexion.

Cyborg est un spectacle de tous les instants. Bien entendu, on a droit à des moments un peu plus calmes, comme la rencontre, puis la mise en place de la relation avec Nady, jeune et belle rescapée, incarnée par une Deborah Richter pas toujours impliquée mais, au moins, charismatique. Même ces phases, moins mouvementées, gardent l’allant du scénario intact. Il faut bien dire que la figure de la poursuite d’un McGuffin, ici la cyborg Pearl Prophet (Dayle Haddon, vue notamment dans un certain Spermula, tout un programme), est toujours du pain béni pour une rythmique. Le montage file à la vitesse de la lumière, jusqu’à un final opposant notre JVCD presque national à un véritable colosse : Fender, sous les traits du surfeur professionnel Vincent Klyn. Si le combat tient toutes ses promesses, violent et apocalyptique, ce personnage est tout de même un peu trop mystérieux, au final. On aurait apprécié en savoir plus à son propos : pourquoi cette voix métallique ? Et ces yeux, d’un bleu improbable, ont-ils été pensé pour distiller un peu de doute sur sa condition d’être humain ? C’est une piste non-explorée, dommage. Mais que ce soit clair, cela n’impacte aucunement le sentiment qui nous anime en fin de long métrage : celui d’avoir assisté à un film d’action, parfois un peu ridicule, souvent bonnard, comme on n’en fait plus.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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