[Critique] Enfer Mécanique : les dents de la route

Caractéristiques

  • Titre : Enfer Mécanique
  • Titre original : The Car
  • Réalisateur(s) : Elliot Silverstein
  • Avec : James Brolin, Kathleen Lloyd, Ronny Cox, John Marley, R. G. Armstrong
  • Distributeur : Universal Pictures
  • Genre : Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 96 minutes
  • Date de sortie : 28 septembre 1977
  • Note du critique : 7/10

Une voiture charismatique joue aux croquemitaines

image enfer mécanique
Ils n’avaient qu’à traverser au passage piéton !

L’exploitation au cinéma, ce n’est pas un concept né d’hier, ceci est un doux euphémisme. Quand un succès populaire se déclare, dans les salles obscures, il est souvent suivi par ce qu’on pourrait plus ou moins qualifier de variations sur le thème, voire carrément de copies presque conformes, mais souvent sans le talent. On ne compte plus les clones de Rambo, Star Wars, Terminator (lui-même une petite resucée de Cyborg 2087, soyons précis) et autres blockbusters. Bien entendu, Les Dents de la Mer, l’un des chefs-d’œuvre de Steven Spielberg, ne pouvait que servir de terreau à ces productions de série B. D’ailleurs, tout récemment, nous avons abordé ce sujet, avec un livre consacré à la sharksploitation, paru chez Huginn & Muninn. Enfer Mécanique, aussi connu sous le titre de The Car, fait partie du haut des meilleurs représentants de ce sous-genre. Alors même qu’aucun squale n’habite le film.

Enfer Mécanique appartient à ces téléfilms de belle qualité, produits en pleine décennie 1970. Parmi ceux-ci, on retrouve un certain Duel, autre réalisation signée Steven Spielberg, destinée à la télévision avant que ses immenses qualités ne lui assurent un destin plus qu’honorable aussi bien au cinéma que dans divers festivals. Un camion conduit par un chauffard, un sentiment de paranoïa, on prend. Pour Les Dents de la Mer, on s’empare du besoin d’un signal sonore effrayant, d’attaques inattendues, et carrément de segments narratifs entiers, on y reviendra. Enfin, n’oublions pas que L’Exorciste était sorti en 1973, avec grand (et mérité) fracas. Donc, allez, vous ne serez pas contre un chouïa de satanisme ?

Sans retenue, on qualifiera le scénario de malin. Enfer Mécanique prend ces références, et les régurgite au sein d’un récit efficace, idéal pour animer un après-midi passé devant la télé. On rentre vite dans le vif du sujet : dans un environnement aride et poussiéreux, en plein Utah, un couple illégitime est pris en chasse par une rutilante bagnole noire, et bientôt mortellement renversé. Puis, c’est au tour d’un auto-stoppeur, alors qu’il assiste à une odieuse scène de ménage entre un homme violent (et volage, ça a son importance) et sa pauvre femme. Tout cela à Santa Ynez, petite ville jusqu’ici sans la moindre histoire. Le shérif Everett (John Marley), le capitaine Wade Parent (James Brolin, oui, le père de Josh) et l’officier Luke (Ronny Cox, l’éternel méchant de chez Paul Verhoeven) débutent l’enquête, et en viennent vite à la conclusion qu’un chauffard meurtrier sévit dans la région. Mais un élément troublant, qui fait suite au meurtre d’Everett, va plonger les policiers dans une peur apparemment irrationnelle : un témoin, une vieille dame native, affirme qu’elle n’a vu aucun conducteur…

Des références trop criantes, mais l’ensemble reste de qualité

Quatre coups de klaxons qui rentrent vite en mémoire, comme un avertissement sur les exactions qui s’approchent. Le caractère inéluctable des attaques. Oui, la voiture d’Enfer Mécanique, une superbe Lincoln Continental Mark III noire, avec ses phares aussi ronds que des yeux de tueur psychopathe, a des allures de prédateur, ou plutôt de croquemitaine. Entouré d’une aura de mystère, la bagnole démoniaque apparaît après un signe avant-coureur : la levée d’une bourrasque de vent, idéal pour bien marquer l’écran d’une ambiance à la limite du gothique. Bon, tout ceci fonctionne bien, par contre on est un peu plus embarrassé par la réutilisation de pans entiers de situations vues dans Les Dents de la Mer. Par exemple, on a droit à l’attaque sur le groupe d’enfants, avec même un surveillant en hauteur, comme sur les plages. Aussi, et moins visible, le capitaine Wade Parent nous est présenté au réveil, comme pour Martin Brody, histoire de bien appuyer son réveil au monde, à ses difficultés. Tout cela provoque, tout de même une impression de déjà-vu.

Cela ne signifie pas qu’Enfer Mécanique ne réserve pas de bons moments, loin de là. D’ailleurs, bien des metteurs en scène lui vouent un véritable culte, à commencer par Guillermo Del Toro, qui possède une réplique de la Lincoln Continental Mark III. Parmi les moments mémorables, on pensera au passage dans le cimetière, juste après l’attaque sur le groupe d’enfants. Elle participe grandement à l’atmosphère paranormale qui domine ce long métrage. Aussi, on se demande sans cesse ce que peut bien représenter cette voiture diabolique : d’où vient-elle, et surtout de qui en est-elle l’outil ? Le réalisateur, Elliot Silverstein, qui n’aura pas spécialement marqué la mémoire des cinéphiles avec ses autres films, ne donne aucune réponse. Et c’est une bonne chose. Même si le background des personnages tend vers un écho : celui de l’ex-femme de Wade Parent, décédée et en passe d’être « remplacée ». De là à penser que son spectre tient le volant, il y a tout de même un peu plus d’un pas. En tout cas, tout se termine dans une séquence assez marquante, un déchainement de flammes assez effrayant, baigné d’une musique qui rappellera quelques souvenirs aux fans de Shining. De la bien bonne petite série B, donc.

Retrouvez aussi notre test du Blu-ray, édité par Elephant Films.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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