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[Critique] Slender Man : les bras nous en tombent

Caractéristiques

  • Titre : Slender Man
  • Réalisateur(s) : Sylvain White
  • Avec : Joey King, Julia Goldani Telles, Taylor Richardson, Annalise Basso, Jaz Sinclair, Talitha Bateman
  • Distributeur : Sony Pictures
  • Genre : Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 94 minutes
  • Date de sortie : 13 août 2018 (VOD)
  • Note du critique : 1/10

Un navet de plus pour le cinéma d’horreur post-2010

image critique slender man
Slender Man est un échec sur toute la ligne.

On sait bien qu’il ne faut jamais trop entretenir d’espoirs quand un film d’horreur est annoncé, de nos jours. Mais tout de même, celui-ci nous bottait bien. Il avait surtout, pour nous plaire, son concept central : le Slender Man. Car nous faisons partie de ces adorateurs de cinéma de genre qui en ont plus que marre que de voir la nostalgie l’emporter sur l’inventivité. Halloween de John Carpenter est un classique. Est-ce une raison pour que les réalisateurs se battent pour y aller de leur remake, reboot, suite, ou autres ? Il faut de la fraicheur, que cette décennie puisse apporter sa pierre à l’édifice, avec des monstres et croquemitaines originaux. Ici, c’est un mème Internet, plutôt bien fichu, qui aurait du nous valoir quelques frayeurs. Malheureusement, le projet est tombé entre les mains d’irresponsables. Producteurs et distributeurs se sont tirés dans les pattes, coupant par-ci, remontant par-là, pour un résultat hautement déplorable.

Slender Man, vous le connaissez ? Mais si, cet être imposant, aux longs membres, habillé d’un costume nickel, que certains petits malins (un certain Victor Surge fut le premier) incrustaient dans les troisièmes voire quatrièmes plans de photos bien glauques ? Un véritable mythe s’est construit sur ce physique très inquiétant, accouchant d’un être malfaisant, qui traque et terrorise les enfants. Un véritable croquemitaine donc, ici aux prises avec un groupe de quatre adolescentes. Ces jeunes filles vont invoquer l’antagoniste, au cours d’une soirée pyjama assez ridicule. Si vous survivez aux dialogues débiles au possible, une première disparition va avoir lieu. Ce qui va pousser les trois autres courges à se bouger le fion.

Slender Man ne fait que creuser. Dès l’ouverture, et une caractérisation des personnages parmi les plus détestables jamais vues sur un écran, on sent bien que quelque chose ne tourne pas rond. Comment avoir peur quand les protagonistes sont d’insupportables gamines sans la moindre problématique ? On va le répéter, à destination du réalisateur Sylvain White (Souviens-toi… l’été dernier 3) : si l’on veut effrayer le spectateur, il faut créer de l’empathie pour les potentielles victimes. Sinon, on s’en fout royalement, on décroche, on passe son temps sur le smartphone, où à discuter avec la pauvre personne qui a le malheur de partager ce moment embarrassant. Et faire joujou avec la caméra, se lancer dans des effets de style prétentieux mais surtout d’une vanité confondante, n’y changera rien.

Des personnages incroyables de bêtise

Slender Man se loupe totalement sur les personnages principaux, la direction des comédiens (Joey King, Talitha Bateman, Julia Goldani, toutes épouvantables) mais aussi dans le traitement de son antagoniste, pourtant idéal. La menace n’est jamais à la hauteur des attentes, principalement à cause d’une incapacité à proposer des situations intéressantes. On pensera notamment à la séquence de renvoi du croquemitaine. Les trois gourdes doivent se rejoindre dans les bois, pour s’y délester d’objets qu’elles affectionnent particulièrement. La prochaine étape est de se bander les yeux, répéter quelques phrases ridicules. Cependant, il ne faut surtout pas regarder le monstre, jamais. Mais que fait l’une des crétines, genre trois secondes après le début du rituel ? Mais oui, elle retire son bandeau ! Comme ça, parce que madame a entendu un bruit. Non, ce genre de réaction ne peut pas provoquer l’effroi, juste un facepalm bien puissant. Et ce n’est rien comparé à ce que vous devrez subir, par la suite.

Slender Man ne sait pas à qui il s’adresse. Aux fans de films d’horreur ? Non, ils cracheront sur cette chose. Aux adolescents, qui pourraient s’identifier aux gamines ? Non, même si les teenagers sont parfois de vrais cas sociaux, ils n’ont pas mérité d’être rapproché de ce genre d’êtres infernaux. Reste le croquemitaine, donc, âme perdue dans un ratage complet. Jamais iconique, il est vidé de toute substance, ne gagne jamais en relief. La carte du mystère aurait pu être la bonne, si seulement ses actions parlaient pour lui. Hélas, rien de ce qu’il entreprend ne fait sensation. Pire, tout se termine dans une séquence visuellement immonde, avec des CGI qui ne dénoteraient pas dans un Sharknado. Si le Slender Man se voulait une sorte de malédiction, il l’est surtout pour le cinéma de genre actuel, qui n’avait pas besoin de ça…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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