article coup de coeur

[Test] Rage 2 : la colère a parfois du bon

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : Avalanche Studios, Id Software
  • Editeur : Bethesda
  • Date de sortie : 14 mai 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Du fun à tous les étages

image ps4 rage 2
Les villes sont l’endroit idéal pour récupérer des missions secondaires.

C’est peu dire qu’on attendait avec impatience Rage 2, le nouveau bébé né de parents aussi prestigieux qu’Avalanche et Id Software. Seulement, l’un des deux vient de traverser une période assez difficile, en courant plusieurs lièvre à la fois, ce qui n’est jamais très bon. Le plutôt injustement décrié Just Cause 4 n’a pas atteint ses objectifs. Surtout, c’est Generation Zero qui a négativement surpris les joueurs, avec un résultat loin d’être à la hauteur des quelques espoirs placés en lui, notamment à cause d’une finition défaillante. Dès lors, le doute se mélangeait à l’effervescence. Le résultat se devait de laisser place nette à l’un ou l’autre de ces sentiments. Verdict.

Presque huit années nous séparent de la sortie du premier Rage. Cela ne nous rajeunit pas, surtout qu’on se souvient très bien de la sortie, qui a su créer l’événement grâce à plusieurs qualités indéniables, notamment une technique à couper le souffle. Aussi, il s’agissait d’une nouvelle licence, alors que la génération de consoles précédentes se noyait sous une masse terrible de suites. C’est un peu moins le cas aujourd’hui, les éditeurs prennent plus de risques (voir, récemment, le récent exemple d’A Plague Tale), d’où le sentiment assez favorable lors de l’annonce de Rage 2. Il fallait, cependant, que ce dernier parvienne à relever un défi loin d’être aisé : sauvegarder un esprit post-apocalyptique assez foufou, et lui apporter de l’idée fraiche. D’où l’ouverture d’Id Software à Avalanche Studios, dont le Mad Max fut, pour nous, une expérience en partie mémorable.

Une bonne base, des studios doués à la fois dans la construction d’un monde ouvert et le design d’un FPS : Rage 2 s’est immédiatement positionné sur la bonne route. Une impression qui se trouve assez vite confortée, notamment par le scénario du jeu. Autant vous l’affirmer de suite : celui-ci se veut au croisement du délire et de la légèreté, le tout saupoudré d’une saveur assez typique des productions Bethesda, l’éditeur du titre ici abordé. On incarne un homme ou une femme, le soft nous en laisse le choix, et les deux proposent exactement la même aventure. Doublée différemment, et avec le même soin, cela va sans dire. Alors que l’humanité tente de panser ses blessures, plus de cent ans après que la Terre ait été victime de la collision avec l’astéroïde Apophis, vous vivez dans un camp sur-protégé. Du moins, jusqu’à ce que l’Autorité, groupe militaro-fasciste dirigé par le surpuissant Général Cross, pointe le bout de son nez malveillant. Le massacre qui s’ensuit va vous forcer à quitter votre zone de confort, en revêtant l’habit, technologiquement de pointe, d’un Ranger. Cela afin de mener à bien le Projet Dague, visant à détruire cette adversité féroce une bonne fois pour toutes.

La fureur au bout des doigts

image gameplay rage 2
Les combats sont jouissifs au possible.

Quitter son abri afin de découvrir des plaines dévastés, Rage 2 a très clairement compris les qualités d’écriture de Fallout. Au-delà de ce petit clin d’œil sympathique, le récit du titre se veut certes plaisant, mais finalement plus classique que ce qu’on pouvait espérer. Du moins d’après la direction artistique qui, elle, sort des sentiers battus avec sa propension au violet, et aux couleurs qui dénotent intelligemment pour attirer l’attention. La narration sait se faire fichtrement efficace, par le biais de dialogues remarquablement mis en scène, de notes à récupérer ici ou là. Classique, efficace, vous connaissez l’adage. Le tout étant, bien évidemment, entièrement traduit dans la langue de Molière. La seule véritable retenue, à ce niveau, se situe dans le caractère précipité des événements. Le soft va vite. Très vite. Trop vite. La durée de vie de l’aventure principale ne dépasse pas les huit heures, grand maximum. Une trentaine de plus, au total, sera nécessaire pour faire le tour de tous les événements, ce qui forme tout de même une expérience plus qu’acceptable. C’était déjà une particularité du précédent opus : son contenu se découvrait entièrement assez rapidement. Cela force un rythme effréné, et l’on peut parfois passer à côté d’un univers pourtant intéressant. D’ailleurs, on retrouve certains personnages bien connus, comme le docteur Kvasir, et d’autres…

Bien heureusement, Rage 2 a la bonne idée de proposer un gameplay qui donne envie de ne plus lâcher la manette. C’est sans aucun doute la grande réussite du soft : il est incroyablement agréable à parcourir. Rappelons qu’il s’agit d’un mélange de mécaniques typiques de l’open world, comme la conduite ou l’exploration, et d’autres tout droit venues du shooter à la première personne. Et ce tableau, qui se dessine devant vous, est complété d’une importante intervention du RPG : tout ou presque est évolutif. Pour se défaire des Cramés et autres mutants frappadingues, votre avatar pourra bien entendu utiliser son arsenal d’armes à feu, mais aussi des pouvoirs de plus en plus jouissifs à maitriser. Soulignons le soin avec lequel Avalanche Studios et Id Software ont traité le feeling des flingues. Tout, du recul à l’impact, donne l’impression d’une force de frappe réjouissante, que ce soit au simple pistolet Sidewinder (à ne surtout pas mésestimer !) ou au redoutable Hypercanon d’énergie, lequel permet d’éclater jusqu’à trois tronches en une seule charge. Les raisons de cette réussite tiennent surtout au souci du détail, comme cette excellente d’idée d’informer le joueur de la mort de son adversaire par le biais d’un indicateur en forme de tête de mort. Du coup, chaque headshot se savoure à sa juste valeur.

Rage 2 est généreux dans sa propension à nous filer le gros frisson du carnage bien mené. Enchainer les victime remplira de facto votre jauge d’Overdrive, sorte d’état second qui déchaine une violence des plus explicites. On retrouve, ici, l’esprit Id Software : une impression de puissance qui pousse le joueur à aller au contact, dans une frénésie de tous les instants. Du coup, on cherche à bien comprendre, digérer chacune des possibilités qui nous sont offertes, comme le Wingstick, ce boomerang à trois branches qui occasionne des dégâts bien gores. Aussi, il nous paraît impossible de passer outre les capacités Nanonites, des pouvoirs à récupérer un peu partout dans le Wasteland. On vous met au défi de ne pas kiffer comme une loutre quand un écrasement, une charge au sol aux effets dévastateurs, est mené à bien. D’ailleurs, cette spécificité implique, pour les gamers souhaitant l’utiliser, le besoin de jouer avec la verticalité de level design, ce qui s’avère toujours une bonne chose. La ruée, elle, est une sorte de dash permettant d’éviter les balles adverses. On pourra aussi créer un vortex afin de faire valdinguer les sbires de l’Autorité, nous permettant de les aligner comme de vulgaires cibles aériennes. Bien d’autres se joindront à votre arsenal, dessinant un ensemble d’un fun indéniable.

Un côté RPG à ne surtout pas mésestimer

image jeu ps4 rage 2
Quelques panoramas sauront vous impressionner.

Fun, et évolutif. Pouvoirs, armes, capacités de votre avatar, véhicules : dans Rage 2, tout est sujet à progression. Il faut donc accumuler les points de compétences indispensables à chacune des catégories, ce qui pousse tout autant à la dépense dans les différents magasins, qu’à l’exploration. C’est l’occasion d’aborder le Wasteland, monde ouvert pas spécialement vaste mais plutôt bien agencé. Avalanche Studios ne peut cacher l’influence de Mad Max, aussi bien dans les secrets placés à une cadence régulière que dans la conduite des véhicules. Si l’on débute avec l’unique, mais très redoutable, Phénix, votre garage va vite se remplir. Quand vous croisez un véhicule, vous pouvez en prendre le contrôle et le conduire jusqu’à la ville la plus proche.Cela aura pour effet de vous l’acquérir définitivement. De quoi varier les plaisirs, avec des réactions différentes, de la moto Raptor au Monster Truck dévastateur, en passant par l’indispensable aéroglisseur (vous verrez, dans les marais…) ou le planant Icare. Et avoir le choix n’est pas un luxe, quand il s’agit de bien aborder un convoi à détruire, ou une course à remporter. La physique se veut permissive, elle autorise des sauts impressionnants, et cela se ressent pendant les combats à toute berzingue. Attention à bien jouer de la fonction Foncer, une charge qui défonce la carrosserie adverse, et envoie voltiger les motos récalcitrantes. Utiliser le turbo, déraper, choisir une arme en fonction de la situation, tout cela se fait à la volée, dans la plus grande des félicités. Moins naturels,les menus se révèlent étonnement bordéliques. C’est un supplice que d’essayer de retrouver une information au sujet d’une mission. À revoir.

Se rendre d’un point à un autre, c’est bien. Encore fallait-il que les activités de l’open world soient au niveau. Comme nous l’indiquions plus haut, Rage 2 se révèle bonnard surtout pour qui va savoir prendre ses distances avec la seule trame principale. Là, on découvre un monde qui regorge d’éléments à dénicher, d’objectifs secondaires à atteindre. Le soft se fait très récompensant : le moindre barrage routier démantelé nous rapporte un peu de pognon, ce qui nous pousse à ne rien laisser au hasard. Ainsi, on s’est surpris à investir beaucoup de temps dans l’exploration d’endroits délabrés, car celle-ci sait gratifier le joueur. C’est un élément important, qui pousse à ressentir l’univers plus qu’à le subir. On a toujours une zone à nettoyer, un ravitaillement d’essence à détruire, une course à tenter, une attaque de convoi, une météore à délester de sa feltrite (une matière nécessaire à l’évolution), un contrat de chasseur de prime à honorer. Aussi, faites attention à l’environnement. Un lotissement vous paraît sans intérêt ? Observez bien, car l’une des maisons renferme sans doute un trésor très utile. Ajoutons la quête des Arches, l’achat de schémas pour rentabiliser vos trouvailles sur le terrain, et plein d’autres activités : vous aurez de quoi faire !

Précisons que notre test de Rage 2 fut effectué sur une PlayStation 4 standard. Et le moteur qu’utilise Avalanche Studios est l’Apex Engine. Le résultat à l’écran reste honorable, bien plus satisfaisant à ce niveau que le pauvre Just Cause 4. Outre la belle direction artistique, que l’on abordait un peu plus haut, on a apprécié les différentes animations, surtout des ennemis. Ceux-ci se répartissent en cinq groupes (l’Autorité, les Suaires Éternels, les Cramé, les Marécageux et les Mutants Abadon), et chacun présente ses particularité. Du coup, on les reconnait tout autant à leurs pétoires qu’à leur manière de bouger, ce qui provoque une attention toute particulière de la part du joueur. On aime, et ce même si les skins, au sein d’une même espèce, ne se différencient pas assez. Aussi, la distance d’affichage est parfois un peu juste, ce qui n’empêche pas quelques panoramas de toute beauté, surtout dans le nord de la map. Le seul véritable souci se situe dans certains bugs rencontrés. Ils ne sont pas nombreux, mais on a dû relancer notre sauvegarde deux ou trois fois afin de déclencher un événement, ou pour se dégager d’un freeze. Rien qui ne puisse se régler avec une mise à jour, donc pas de panique. Enfin, signalons un bon effort dans le domaine sonore. Le doublage français s’avère convaincant, malgré un mixage inégal. Quant à la bande original, elle est assuré par trois compositeurs : Johan Nilsson, Andreas Kinger, Eirik Roland. De ce trio, seul le second a déjà une expérience dans le jeu vidéo, et pourtant le résultat se révèle solide. Cela manque peut-être un peu de thèmes héroïques, mais on apprécie l’énergie qui se dégage. Pour un soft qui porte un tel titre, c’était indispensable.

Note : 16/20

Eh bien, voilà un bien bon jeu que ce Rage 2 ! Certes, on peut lui trouver quelques défauts, comme ces menus bordéliques, la trame principale précipitée ou une poignée de bugs. Mais l’association de deux studios aussi particuliers qu’Avalanche Studios et Id Software accouche d’un résultat fun au possible. Cela grâce à des sensations de combat très efficaces, et une exploration sans cesse récompensante. Aussi, le sentiment de constante évolution diffuse une saveur RPG entrainante, poussant le joueur à bien exploiter chacune des possibilités offertes. Fun, décomplexée, cette expérience saura vous passionner.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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