Une nouvelle édition des soirées-débats Les Éclaireurs, la culture en mouvement a eu lieu le 25 juin à La Maroquinerie organisée par les Espaces Culturels E.Leclerc.
Cette soirée est disponible en intégralité sur le site de L’Internaute.
Pour débattre de la question : ” Festivals : la concurrence est-elle (trop) dure ? ” étaient réunis autour de Michel-Édouard Leclerc et Frédéric Taddeï :
- Emmanuel Négrier : directeur de recherche CNRS en sciences politiques au CEPEL
- Olivier Donnat : chercheur au Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication
- Angelo Gopee : directeur général Live Nation France
- Gérard Pont : vice-président Fondateur de Morgane et Président des Francofolies et du Printemps de Bourges
- Marie Sabot : directrice du festival WE LOVE GREEN
- Jean-Paul Roland : directeur général du festival Les Eurockéennes de Belfort
Pendant plus d’1h30, des acteurs du monde de la culture se sont rassemblés autour de Frédéric Taddéï pour échanger sur les festivals et les différentes questions que ce sujet soulève :
- La richesse de l’offre des festivals est-elle contreproductive ?
- Sur quoi se joue la bataille entre les festivals (expérience, programmation, prix…) ?
- Les festivals sont-ils des objets business ou culturels ?
- Les festivals sont-ils encore un tremplin pour les jeunes artistes ?
Comme l’a fait remarquer au début de la rencontre Michel-Édouard Leclerc :
Le festival a dépoussiéré le concert, quelle que soit la catégorie musicale, il a son lieu, son moment et c’est un moment fort de la vie sociale, libéré des contraintes.
Selon Olivier Donnat :
Aujourd’hui, le festival est un espace-temps enchâssé dans les relations sociales, on y va en couple, en famille, avec des copains. Nos sociétés manquent aujourd’hui de repères spacio-temporels ; il n’y a plus de fête religieuse comme avant, les festivals jouent un peu ce rôle maintenant.
Marie Sabot explique :
Le modèle économique du festival change d’un pays à l’autre. On a des taux de charges, de taxes différents en France et il n’y a pas d’harmonie au niveau européen. […] On est un jeune festival, et quand on arrive, les grands festivals ont déjà tout pris. Un tout nouveau festival doit se demander s’il va rester des aides publiques, notamment pour ce qu’on appelle les musiques actuelles.
Autre sujet important : la programmation. Quelle est l’importance de la programmation dans la bataille entre festivals et pourquoi ils doivent se réinventer ? Angelo Gopee d’argumenter :
La programmation se fait de plus en plus tôt pour avoir accès aux artistes. Il y a des cachets qui peuvent dépasser le million d’euros pour des artistes internationaux qui sont trop chers et donc on se rabat tous sur les artistes français. Avec la chute des ventes de disques, les artistes cherchent des revenus ailleurs.
Pour Emmanuel Négrier :
Le lieu, le décor est là pour signifier le caractère unique du festival, une presqu’île, des bâtiments historiques… Même si beaucoup de festivals se tiennent encore dans des champs.
Jean-Paul Roland de compléter :
Le risque c’est la « disneyfication » du festival. Si on pense au Hellfest, Coachella, il y a une tendance forte qui exacerbe ce qu’est l’expérience du festival. C’est pour ça qu’il faut défendre l’identité d’un festival.
Quant à Gérard Pont, il souligne :
Le public devient de plus en plus exigeant : une bonne sono, bien manger, bien dormir… et il y a des festivals qui sont annulés, des festivals ou tous les jours ne sont pas complets.