Caractéristiques
- Titre : Last Christmas
- Réalisateur(s) : Paul Feig
- Avec : Emilia Clarke, Henry Golding, Michelle Yeoh et Emma Thompson.
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Comédie romantique
- Pays : Royaume-Uni, Etats-Unis
- Durée : 103 minutes
- Date de sortie : 27 novembre 2019
- Note du critique : 3/10 par 1 critique
Noël selon Paul Feig
Le réalisateur de Last Christmas, Paul Feig, est de son propre aveu un féministe convaincu, lequel a réalisé bon nombre de comédies mettant en scène des femmes dans les rôles principaux comme Mes Meilleures Amies (qui a révélé Melissa Mc Carthy) ou Les Flingueuses. Il s’est fait récemment une piètre réputation avec son remake de S.O.S Fantômes que même les studios cherchent désormais à oublier. Un film aussi mauvais dans le fond que dans la forme, hélas typique du cinéma actuel qui semble davantage préoccupé à cocher des cases pour tenter de plaire au plus grand nombre (ce qui fonctionne en plus rarement) plutôt que de se triturer les méninges à créer un scénario solide ou au minimum plaisant.
Partant de ce principe, on peut déclarer sans hésiter que Last Christmas est d’un niveau supérieur à son précédent effort (si on ne compte pas L’Ombre d’Emily, l’exception thriller de sa filmographie). Néanmoins, les carences de son réalisateur se ressentent encore et empêchent l’œuvre de s’imposer comme le film touchant de Noël. L’intrigue du film nous présente le personnage d’Anna qui, à l’instar de l’héroïne de Mes Meilleures Amies, semble être une jeune femme enchaînant les mauvaises décisions. Se remettant difficilement d’une opération du cœur, elle a accepté de travailler comme lutin du Père Noël pour un grand magasin. C’est à cette occasion qu’elle va faire la rencontre de Tom, un jeune homme charismatique et irradiant de positivisme qui va changer sa perception de la vie.
Miracle de Noël, ou est-ce trop beau pour être vrai ? Telle est la question. Avec Last Christmas, Paul Feig filme les rues de New York comme un village de conte de fée, évitant de montrer les grands buildings pour se concentrer sur l’intime, les petits détails magiques que personne, ou presque, ne remarque jamais. Une initiative louable mais un peu trop dirigiste, ne laissant pas au spectateur le soin de les découvrir par lui-même du coin de la rétine. A l’image de l’héroïne, nous sommes aveugles et il faut nous prendre par la main pour qu’on apprécie ce qui nous entoure, y compris durant la période de Noël alors que dans le monde (et en particulier aux Etats-Unis), il s’agit au contraire de la fête qui nous permet le plus de nous réunir et de nous émerveiller.
Des personnages sympathiques, mais caricaturaux
Anna est incarnée par l’actrice Emilia Clarke qui, après avoir incendié Port Royal à dos de dragon, avait bien besoin de ce genre de film pour se reposer. Son personnage de femme extravertie mais fragile et dépressive, permet à Last Christmas de se ménager quelques bons moments de rire et d’émotion, mais ne parvient pas à dépasser le cadre du vu et revu. Sans parler de l’inévitable prise de conscience finale, où Anna va ouvrir son cœur aux autres, tellement téléphoné et abrupt que les bâillements polis ne sont jamais loin. Henry Golding (déjà héros de la comédie Crazy Rich Asians) incarne lui Tom, le preux chevalier sur son cheval blanc (ici, plutôt une bicyclette) dont les apparitions régulières semblent toujours arriver à point nommé pour consoler Anna. Le caractère à la fois positif et mystérieux de ce personnage est au centre de la narration.
Les autres rôles de Last Christmas composent une tambouille trop clichée pour être digeste. Que ce soit les parents d’Anna, immigrés russes dont la mère (Emma Thompson, gâteuse) craint d’être renvoyée dans son pays sous l’ère de Trump (une pointe de politique), la sœur qui craint d’avouer son homosexualité et de présenter sa compagne noire à ses parents (un zeste de LGBT et d’anti-racisme), ou encore la représentation des pauvres victimes du Capitalisme (une pincée de lutte des classes). Tout ce subtil assemblage de saveurs ne ressemble pas à une dinde de Noël, mais plutôt à de la cervelle de singe en sorbet (cf. Le Temple Maudit).
Noël, désuet ou immortel ?
Pour conclure nous dirons qu’à l’ère de la surconsommation, des nouvelles icônes populaires (les héros de comics entre autres) et de ce que l’on pourrait nommer la « bien-pensance », il est devenu difficile de produire un film de Noël alliant traditions et modernisme. Pourtant, certains films y sont parvenus, comme Love Actually (un film mosaïque dont chaque personnage force la sympathie) ou le récent Les Chroniques de Noël sur Netflix, où Kurt Russell campe un Père Noël aussi débonnaire que très rock’n’roll.
Le long métrage que nous abordons aujourd’hui, lui, préfère verser dans la naïveté (voir l’amourette secondaire de Michelle Yeoh avec un soupirant sorti de nulle part) ou le politique idéologique. Paul Feig, tout comme durant la promotion de S.O.S Fantômes, s’en félicitera. Le spectateur, en revanche risque de s’ennuyer ferme devant Last Christmas et attendra sagement le prochain film de Noël qui, nous l’espérons, saura lui cumuler humour, bons sentiments et intelligence scénaristique.