Caractéristiques
- Titre : Sonic le film
- Titre original : Sonic the Hedgehog
- Réalisateur(s) : Jeff Fowler
- Avec : James Marsden, Ben Schwartz, Natasha Rothwell, Tika Sumpter, Neal McDonough, Adam Pally et Jim Carrey
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Genre : Aventure, Famille
- Pays : Etats-Unis, Japon
- Durée : 92 minutes
- Date de sortie : 12 février 2020
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un supersonic film pour les enfants
Sonic le Hérisson bleu représente avec son célèbre rival, le plombier moustachu, un chapitre entier de l’histoire du jeu vidéo. Le petit héros représente à lui seul le symbole de la lutte fratricide que se sont livrés pendant de nombreuses années Sega et Nintendo (qui s’est conclue par la victoire de ce dernier) et dont cette adaptation tant attendue ne peut que faire vibrer la corde nostalgique des fans de la première heure.
La question qui se pose désormais est de savoir si Sonic le Film parvient à raviver pleinement nos souvenirs d’enfance tout en ayant la capacité de fédérer une nouvelle génération. La réponse est à la fois oui et non car le réalisateur Jeff Fowler (dont c’est le premier film), en optant pour un métrage qui s’adresse avant tout aux plus jeunes, pêche par manque d’ambition narrative.
Speed mais laborieux
En fait, Sonic le Film bute sur un écueil qui, pour une fois, n’est pas uniquement symptomatique de notre époque : celui de vouloir adapter un monde foisonnant d’imagination sans avoir ou plutôt sans se donner les moyens de ses ambitions. Actuellement, ce défaut se trouverait principalement dans le manque flagrant d’idées des scénaristes hollywoodiens mais, dans les années 80, ce furent les budgets alloués qui, en général, provoquaient la chute.
Pour exemple, le film de Fowler fait la même erreur que l’adaptation des Maîtres de l’Univers (sympathique nanar avec Dolph Lundgren datant de 1987) en nous proposant d’emblée un univers nouveau et hors du temps avant de faire basculer le métrage dans notre propre réalité, dont on se fiche littéralement vu qu’on la connait par cœur. Cette faute narrative va hélas scléroser le métrage tout du long et nous faire regretter que les leçons de l’histoire n’aient pas été retenues. Car, au final, le film va constamment à la fois se rapprocher de l’aura sympathique des années 80 tout en épousant ses malheureuses dérives. Et le scénario, balisé pour plaire aux plus jeunes risque de laisser les autres sur le carreau.
Des personnages en 2D
Si le personnage de Sonic (auquel Ben Shwartz prête sa voix) est au final plus crédible à l’écran que les premières images ne l’annonçaient, il reste tout de même psychologiquement sans relief et ne sert qu’à booster les ventes de peluches pour les moins de 10 ans. Néanmoins, il est rare que le héros soit le personnage le plus complexe et, au vu du public cible, c’est tout à fait pardonnable. Sauf que le problème se généralise vite au reste du casting.
James Marsden (la série Westworld) dans le rôle de Tom Wachowski, le shérif de la petite ville où a échoué Sonic, est psychologiquement aussi plat que son homologue en images de synthèse. MAIS il faut reconnaître qu’une fois réunis à l’écran, la complicité de leurs interactions constituent l’un des points forts du film, car c’est bien ensemble qu’ils fonctionnent le mieux.
Et le gnangnan débarqua
En fait, le vrai basculement du film dans le gnangnan se fait à l’apparition de l’antagoniste, le Professeur Robotnik interprété par Jim Carrey. Ce dernier, amené dans le récit de manière totalement artificielle, semble être fatigué d’essayer de prouver via des films d’auteurs qu’il peut jouer autre chose que le clown de service. Bilan : Jim Carrey fait du Jim Carrey et son Robotnik passe davantage pour un nuisible cafard que comme un génie du mal. C’est dommage, car face à un « couple » de héros humainement irréprochable, Sonic le Film aurait gagné du crédit avec un antagoniste plus sombre et plus menaçant, comme dans les derniers opus de la saga vidéoludique.
Terminons ce tour de casting par le personnage de Tika Sumpter, remarquée dans le film First Date en Michelle Obama, qui incarne l’épouse dévouée du shérif et parvient à rester loin des clichés par le biais d’une aura clairement sympathique. Elle est hélas parasitée par le personnage de sa sœur qui, elle, coche toutes les cases de la stéréotypée « Black de service ».
Sega, c’est plus fort que ça
Malheureusement, et ce malgré certaines qualités, il faut reconnaître qu’à la vision de Sonic le Film, l’objectif n’est pas pleinement atteint pour enthousiasmer les nostalgiques de l’ère Sega. La faute certainement à un métrage manquant d’ambition qui vend du rêve lors d’une séquence d’introduction dans le monde de Sonic qu’on aimerait explorer plus avant (ainsi que les autres mondes sous-entendus, comme celui du royaume champignon).
La vérité est que cet opus n’est qu’un métrage d’introduction, qui se voudrait le début d’une nouvelle saga. Pour preuve, l’absence totale dans ce métrage de réponses sur l’identité des réels poursuivants de Sonic ou du destin de la femelle hibou qui l’a élevé dans son monde d’origine. Le problème n’est pas que le film s’assume comme un premier épisode, mais qu’il mette si peu de moyens dans l’affaire pour convaincre le spectateur qu’il doit en savoir plus. Le box office décidera de la suite des événements mais, en ce qui nous concerne, l’échec de ce métrage ne serait pas une surprise malgré notre désir d’en voir davantage. La note finale sera en adéquation, moyenne formellement, mais avec une plus-value d’encouragement.