article coup de coeur

[Test] DOOM Eternal : l’un des champions de cette génération

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Id Software
  • Editeur : Bethesda
  • Date de sortie : 20 mars 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

DOOM Eternal au sommet des FPS

image test doom eternal
DOOM Eternal transforme la Terre en véritable Enfer.

Quatre ans après avoir totalement relancé la licence avec un DOOM de très, très haute volée, voilà que Bethesda passe la seconde et livre une suite ô combien attendue. Attendue, oui, mais aussi redoutée, car il faut bien dire que le retard à l’allumage, avec un report à la dernière minute, pouvait nous laisser penser que le jeu ne présentait pas toutes les garanties pour tenir son rang. Pour patienter, on a pu se replonger dans les Doom originaux, précurseurs en tous points, et l’on en est sorti persuadé qu’Id Software ne pouvait que réussir son coup. Une confiance qui se vérifie, manette en mains, puisque DOOM Eternal n’est nul autre que l’un des meilleurs FPS de cette génération de console… si ce n’est le meilleur.

DOOM Eternal va plus loin que son prédécesseur, et en tous points. C’est le cas notamment dans la philosophie scénaristique du mode solo. L’opus de 2016 n’était clairement pas un jeu qui misait sur son écriture, même si le contexte était plus finement géré qu’une simple succession de niveaux. C’est très simple, ici on va encore plus vers l’essentiel, même si l’aventure prend la suite direct des événements précédents, ce qui assure tout de même de la narration. On se retrouve donc aux commandes du Slayer ce guerrier prodigieux et véritable main armée contre les forces intrusives de l’Enfer. Ces dernières sont désormais bien installées sur Terre, où elles ont drastiquement fait chuter la population. Et devinez quoi ? Vous allez devoir les déloger, et pas d’une manière pacifique. Votre aventure ne sera pas que cantonnée au plancher des vaches, elle prendra de la hauteur pour atteindre d’autres planètes, et un endroit fort usité dans la licence. On ne vous en dit pas plus, mais les fans comprendront bien vite où l’on veut en venir. Globalement, l’intrigue n’est pas des plus inoubliables, par contre on se doit de souligner l’énergie débordante des cinématiques. Aussi, on remarque un bel effort pour développer l’univers, notamment par le biais d’un codex bien fourni. Et, bien entendu, tout traduit en français.

Vous l’aurez compris, l’histoire de DOOM Eternal n’est pas son plus grand atout, même si elle fait tout à fait le job. En vérité, elle est surtout là pour permettre aux joueurs de souffler entre deux gunfights à forte intensité. Là, on en vient à ce qui est LA grande force de ce jeu : son gameplay. La précédente itération méritait déjà l’appellation de Fast-FPS, ces jeux qui privilégient l’arène plutôt que le cheminement. Beaucoup d’ennemis donc, et des mécaniques qui misent sur la rapidité de la prise de décision, puis d’exécution. À la lecture de ce concept, vous comprendrez rapidement que le mot-clé de cette expérience est le skill. Si les softs occidentaux mettent très souvent cette donnée de côté, préférant plutôt le spectacle par le contenu, Id Software prend une toute autre route, celle de la maitrise de techniques visant à prendre le dessus de l’adversaire par la vitesse. Ne vous inquiétez donc pas, votre arsenal sera conséquent et surpuissant, mais il ne sera rien, absolument rien, sans un bon apprentissage des mouvements de l’avatar.

DOOM Eternal reprend le feeling de DOOM, du moins dans les grandes lignes. Il est toujours question d’un équilibre très finaud (et paradoxal vu le massacre qu’il provoque) entre utilisation des armes et du corps-à-corps. Il est toujours question d’avoir recours à la tronçonneuse, de manière limitée à l’essence dont vous l’abreuvez. Elle se recharge tout de même toute seule, mais pour une seule utilisation. Pas que pour provoquer de sublimes effets sanguinolents, mais aussi afin de récupérer sur le cadavre de précieuses munitions. Précieuses, car vous allez vite observer une tendance à voir les chargeurs se vider assez vite, surtout en début de jeu. Bon, plus tard aussi, quand le démoniaque Maraudeur deviendra un adversaire courant. Et quand vous êtes à sec, ou proche de l’être, il reste tout de même le fameux Glory Kill. C’est, à nos yeux, l’élément qui fait toute la différence. Après avoir affaibli un ennemi, celui-ci se met à clignoter. C’est le signe qu’il peut être terminé par une attaque physique, comme dans l’opus de 2016. Si la recette fonctionne autant, c’est bien grâce à ces mécaniques qui nous demandent de jongler entre les approches.

Encore plus nerveux et difficile

image gameplay doom eternal
La tronçonneuse, toujours aussi jouissive à utiliser.

Reste qu’évidemment, les armes sont de la plus haute importance. DOOM Eternal prend tout de même un risque en chamboulant un peu l’efficacité de certaines. On pense surtout au bon vieux fusil à pompe, qui devient ici notre pétoire de base. C’est dire, au passage, à quel point ce jeu mise sur la destruction, on n’est pas là pour faire dans le détail. Toujours est-il que, de manière surprenante, on a remarqué une meilleure efficacité des flingues automatiques, et surtout de leurs nouveaux tirs secondaires, ce qui n’était pas spécialement le cas jusqu’ici dans cette licence. Signalons aussi une innovation très jouissive : un lance-flamme vissé à l’épaule, qui sert de véritable joker dans certaines situations. Le choix deviendra vite très plaisant, surtout que le soft ajoute le principe de mods, ici appelés runes, des bonus à appliquer. Autres éléments visant à perfectionner le Slayer : les capacités passives. Tout cela fait en sorte que l’expérience devient de plus en plus fluide, et même plus facile qu’en tout début d’aventure. C’est, d’ailleurs, le moment de bien vous le signifier : cette suite est bien plus difficile que le DOOM de 2016, et ce même dans le mode le plus simple. Vous allez échouer, beaucoup, mais heureusement que les sauvegardes automatiques sont idéalement placées. Voilà qui rassurera les joueurs qui redoutaient un nivellement par le bas, en raison du grand succès de la licence : ce n’est pas du tout le cas.

Si l’on est fortement séduit par DOOM Eternal, tout n’est pas parfait pour autant. Notre seule véritable retenue, qui empêche le jeu d’atteindre la note quasi-parfaite, concerne une partie level design. C’est indéniable, Id Software pousse le joueur à avancer, et l’on perd au passage le côté exploration. Certes, il n’était déjà pas très développé dans le précédent opus, mais il s’avérait tout de même plus présent. Par contre, on recense plus d’objets à dénicher, et à admirer dans la Forteresse, un lieu fait pour s’entrainer et pour disposer de ces trouvailles. Aussi, les phases de plateforme et de grimpette, et surtout de sauts, nous paraissent parfois un peu difficiles à aborder à la manette. Ce n’est pas un défaut du soft, tant le FPS console restera toujours moins précis que sur PC : la souris va plus vite que le stick. Mais, en sachant cela, peut-être que les développeurs auraient dû revoir certaines phases, les adapter. Ceci est valable pour les phases entre les arènes, mais pas pour ces dernières. Là, les emplacements d’obstacles ou d’aides se font bien plus agréables. On pensera aussi aux phases de boss, toujours ultra-spectaculaires.

En plus de tout ça, DOOM Eternal est du genre à soigner sa durée de vie. Il vous faudra au minimum une quinzaine d’heures de jeu pour voir le bout du mode solo, tout en sachant que la très bonne rejouabilité peut évidemment multiplier ce chiffre. Les complétistes, du genre à ramasser toutes les figurines et terminer tous les défis quotidiens (qui vous récompensent à grands coups de bonus cosmétiques), en auront eux pour un peu moins d’une trentaine d’heures, ce qui est énorme pour un Fast-FPS. Et à cela, il faut aussi ajouter le multijoueur. Soyons clairs, on ne l’a pas autant poncé que la campagne, mais on a tout de même fait le tour des possibilités. Globalement, c’est bien plus réussit que le mode online du DOOM 2016, lequel manquait étrangement de patate. Là, on a du 2V1 très à-propos (intitulé Battlemode), puisqu’il permet de mettre face à face le Slayer et deux entités démoniaques. Les parties sont nerveuses et rapides, cependant on se doit tout de même de signaler une difficulté plus grande quand on incarne le héros, qui doit faire avec un objectif de temps très handicapant. Un petit souci d’équilibre qui, on l’espère, sera corrigé avec des MAJ.

Enfin, comment ne pas jubiler en abordant la technique de DOOM Eternal ? « Fichtre, que c’est beau ! » s’exclame-t-on dès les premiers instants sur une Terre devenu un véritable Enfer. Outre que la fluidité n’est jamais prise en défaut, ce sont les textures qui nous mettent une véritable claque à élan : elles sont bourrées de détails. Le jeu mise aussi beaucoup sur les démembrements des ennemis, et les particules. C’est gore, notamment à l’occasion des Glory Kills dont les animations se révèlent encore plus outrancières que dans l’opus de 2016. Quant à l’ambiance sonore, elle est démente. Les bruitages des armes, ceux des monstres (le Maraudeur ne sera pas votre pire cauchemar pour rien), tout provoque une ambiance très énervée. Sauf peut-être les doublages français, pas très convaincants. Impossible d’oublier les musiques, toujours signées Mick Gordon, et encore plus hardcores que par le passé.

Note : 18/20

Et dire qu’il y en a pour dire qu’un confinement est ennuyeux, alors qu’ils pourraient jouer à DOOM Eternal et tout oublier. Id Software est clairement le roi du FPS, tous sous-genres confondus, sur cette génération de console. Les mécaniques du DOOM de 2016 ont toutes été perfectionnées, la difficulté rehaussée, les ennemis multipliés, des armes ajoutées. La durée de vie devient colossale pour ce type de soft, avec moult objets à dénicher et des défis quotidiens qui raviront les collectionneurs. Aussi, la technique nous plonge dans une délicieuse ambiance infernale, et la musique souligne parfaitement la frénésie du gameplay. Tout cela fait qu’on se trouve face à un véritable immanquable.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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