Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- PC
- Stadia
- Développeur : Crystal Dynamics
- Editeur : Square Enix
- Date de sortie : 4 septembre 2020
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Marvel’s Avengers, un jeu service respectueux des fans
La sortie de Marvel’s Avengers aura tout été sauf un long fleuve tranquille. Annoncé par le biais d’un teaser très énigmatique en 2017, le jeu a ensuite connu un développement non pas difficile mais discuté. Il faut bien dire que la licence est des plus populaires, et le fait de voir Crystal Dynamics (édité par Square Enix, rappelons-le), entité jusqu’ici concentrée sur le revival de Tomb Raider, posait des questions. Le studio allait-il prendre pleinement conscience du potentiel vidéoludique de ce qu’il avait entre les mains ? Allait-on obtenir un deuxième très gros soft après un Marvel’s Spider-Man qui a rencontré un succès phénoménal ? Après un report de quelques mois, les premiers éléments de réponse sont venus d’une Bêta. Les voici dorénavant plus définitifs.
Et encore, « définitifs » est un bien grand mot que l’on doit utiliser à bon escient. En effet, Marvel’s Avengers s’inscrit dans la mouvance des jeux services. Ces expériences qui, à l’image d’un Anthem par exemple, tentent de garder le joueur cramponné à sa manette non pas pendant des heures, mais des mois voire des années. Et ce à l’aide de contenus ajoutés au fur et à mesure (gratuitement ou non), comme des missions, des personnages ou des éléments cosmétiques. Entre nous, votre dévoué serviteur n’est pas spécialement fan de cette structure qui, il est vrai, pousse les studios de développement à plomber leurs softs d’un rythme hésitant, et de mécaniques RPG un peu forcées. C’est d’ailleurs le cas ici, avec une dose de leveling vraiment abusée. Mais tout de même, il faut aussi écrire que, dans le genre, le jeu de Crystal Dynamics reste des plus généreux, comme nous allons le voir.
Tout d’abord, le mode solo est loin d’être aussi sous-traité que dans d’autres jeux services. Et c’est une excellente surprise, car on ne peut pas dire que c’était joué d’avance avec une Bêta qui ne promettait pas énormément à ce sujet, malgré de bonnes choses. Pour le coup, on est aujourd’hui plus définitif : oui, Marvel’s Avengers est digne d’un bon comics dans son récit. Le mode scénarisé se révèle même d’un niveau très satisfaisant, avec ce qu’il faut de passages obligés. Oui, le concept de la chute des héros, puis de leur rassemblement, est au cœur du conflit. On a déjà vu ce principe des dizaines de fois avec cette licence, mais force est de constater que ça fonctionne encore. La bonne idée, c’est le point de vue à hauteur de celui de Kamala Khan. Certes, ce n’est pas avec ce jeu que l’on verra à la hausse les aventures de Ms. Marvel côté papier, mais elle apporte ici une dose d’engouement non négligeable. En tant que fangirl d’Iron Man et des autres, elle impulse une motivation communicative (malgré une trop grosse propension à lancer des vannes, l’un des gros défauts de toute œuvre Marvel à nos yeux), et l’on se prend à vivre l’aventure pleinement.
Le mode solo plus soigné qu’espéré
La problématique de l’histoire se situe autour du concept des Inhumains. Là encore, Marvel’s Avengers ne fait pas dans la grande originalité, mais les fans de comics y trouveront la substantifique moelle de toute cette culture. Après une catastrophe de grande ampleur, que l’on vivra d’ailleurs par le biais d’une séquence d’ouverture carrément mémorable, une partie des habitants d’une San Francisco en partie détruite héritent de supers pouvoirs. Les héros ayant été bannis, une entreprise, AIM, déroule un plan machiavélique afin de se lancer dans des expérimentations plus que douteuses sous couvert de maintien de l’ordre. Kamala Khan prend donc les choses en mains, qu’elle a de bien spéciales, et se lance dans la recherche des Avengers déchus. Elle se met donc à la recherche de l’héliporteur échoué, et y trouve un Hulk fidèle à lui-même. Vert de rage. La suite coule de source, avec un grand méchant que l’on a particulièrement apprécié. MODOK n’est pas le plus populaire des supers-vilains, mais justement il nous sort un peu de l’ordinaire, et des bad guys sans saveur du MCU. Tout cela est évidemment sous-titré en français si vous le désirez, avec quelques répliques qui, étrangement, restent en anglais.
Le mode solo de Marvel’s Avengers a des faux-airs, parfois, d’Uncharted. Vous savez, le fameux « no no no no no » sur-utilisé par un Nathan Drake qu’on espère ne plus voir sortir de sa retraite ? Eh bien il est ici invoqué à plusieurs reprises. Mais la comparaison s’arrête là, car le reste nous sort de cette structure linéaire pour viser un équilibre entre le jeu en solitaire et les missions jouables jusqu’à quatre. Les deux cohabitent, on passe de l’un à l’autre à notre seule guise. La liberté visée par Crystal Dynamics reste intéressante sur le papier, on vit l’aventure exactement comme on l’entend. Très bien. Mais c’est aussi ici que le bât blesse un peu : inévitablement, l’expérience devient un peu fouillis. Et, surtout, les objectifs de mission peinent un peu à se faire véritablement passionnants. À trop vouloir en faire, on passe à côté de l’essentiel, et la narration en prend un coup. Ce sont finalement les cinématiques qui font le job, avec une mise en scène irrégulière mais parfois spectaculaire. Dommage.
Ce caractère un peu brouillon mais tout de même attachant se retrouve aussi dans le gameplay de Marvel’s Avengers. Bonne nouvelle : on trouve la prise en mains un peu plus fluide que dans la Bêta, moins chaotique. Commencer en douceur avec Kamala Khan pendant le A-Day est une bonne idée : on a ainsi le temps de se familiariser un certain temps avec l’inertie des personnages. On récupère aussi des comics, ainsi Crystal Dynamics introduit au fur et à mesure des éléments qui trouveront ensuite leur utilité. Puis il est temps d’administrer de la tatane, et là le constat est sujet à discussion, même si majoritairement positif. On fait face à un système de combat très typé Beat’em all, avec ce qu’il faut de combos, d’esquive et de super attaques à cooldown (qui se rechargent avec le temps, pour les non-anglophones) ou à jauge. Pour le moment, les personnages jouables sont au nombre de six : Ms. Marvel, Captain America, Hulk, Black Widow, Thor, et Iron Man. Tout ce beau monde sera bientôt complété par d’autres super-héros prochainement, dont un Spider-Man exclusif à la version PlayStation. On est très séduit par le travail de différenciation effectué sur le casting : Hulk est un gros bourrin, Black Widow est plus tactique, Iron Man se fait aérien et très destructeur à distance, etc. Seul Thor fait un peu générique.
L’ergonomie manque de clarté
Jusqu’ici, tout va bien. Mais quelques anicroches viennent noircir le tableau. Tout d’abord, la caméra n’est vraiment pas des plus claires. Elle a du mal à nous permettre une lisibilité pleine, et l’on se prend fréquemment des coups venus d’un adversaire dans le dos. Il faut donc rester vigilant avec le stick droit. Aussi, la répétitivité des objectifs rend les batailles trop prévisibles : on voit venir les arènes à des kilomètres. Et ne comptez pas sur une diversité des ennemis pour changer la donne, car Marvel’s Avengers se fait paresseux dans ce domaine, avec peu de skins et de patterns différentes au programme. Ajoutons que le challenge n’est pas des plus développé, on vous conseille d’ailleurs fortement de débuter de suite en Difficile sous peine de rouler sur l’expérience. Tout cela fait tout de même que les combats restent certes plaisants, mais auraient pu se faire moins brouillons, et plus prenants.
Vient maintenant le sujet du loot. Marvel’s Avengers mise énormément sur celui-ci, comme la plupart des gros jeux services. Et devinez quoi ? Là aussi, Crystal Dynamics livre un système globalement satisfaisant mais parfois confus. Sur le terrain, l’intelligence artificielle JARVIS, très bien imbriqué dans l’aventure par ailleurs, nous signalera la proximité de coffres remplis de butins. On pourra aussi en récupérer en remplissant certaines missions. Bref, il est question de gérer l’équipement, ce qui est à la base une bonne chose. Seulement voilà, l’ergonomie du menu n’est pas des plus évidentes, et l’on aura tendance à un peu se perdre dans des effets difficilement compréhensibles. De plus, il n’y a aucun effet sur les costumes, ce qui retire une partie du plaisir à obtenir un élément légendaire. Par contre, on ne peut que louer le bon équilibre du loot, lequel s’adapte toujours très bien à notre niveau. On aura aussi toutes ces mécaniques pour faire évoluer l’équipement, des arbres de compétence etc. L’aspect jeu de rôle est globalement attractif, il faudrait juste essayer de revoir l’ergonomie.
Côté fan service, Marvel’s Avengers fait sacrément le job. On aime particulièrement cette idée des comics à dénicher, importants pour vos personnages et qui se matérialisent dans le menu adéquat. On a aussi droit à une tonne de documents audios qui développent le background, c’est assez fascinant dans ce domaine. Et puis cette tonne de costumes à débloquer, voilà qui plaira aux fous furieux qui savent comment était dessiné Iron Man en 1967 dans tel numéro spécial. Bref, pour tout voir, il va falloir se démener. La durée de vie, d’ailleurs, est typique des jeux services : si vous vous contentez du solo, vous en aurez pour une dizaine d’heures. Mais avec le multi, la course au meilleur loot, à la complétion, les événements spéciaux, vous allez passer bien plus de temps devant votre écran. Techniquement, le résultat reste assez satisfaisant, meilleur que dans la Bêta. Les textures chargent bien, les effets pyrotechniques mettent une claque, c’est bourré de détails. Par contre, ce n’est pas toujours fluide sur une PlayStation 4 standard, et des bugs subsistent ici ou là. Signalons aussi une musique épique juste ce qu’il faut, et des doublages français plus soignés que ce qu’on espérait.
Note : 15/20
Marvel’s Avengers a bel et bien su mettre les bouchées doubles pour livrer un jeu service globalement satisfaisant. Certes, tout n’est pas rose et il va falloir s’habituer à une ergonomie peu évidente. On trouve aussi que la caméra pose problème dans les combats, avec un manque de lisibilité qui peut rendre ces phases trop brouillonnes à l’occasion. Mais au-delà de ces anicroches, l’expérience reste plaisante. On apprécie sa générosité, qui va très au-delà des seules dix heures nécessaires pour terminer le mode solo. Si vous voulez tout débloquer, pousser l’expérience dans ses retranchements, vous aurez de quoi faire. Aussi, on est admiratif devant le travail effectué sur les personnages, tous agréables à jouer car bien différenciés les uns des autres. On a même réussit à se prendre d’intérêt pour M. Marvel, c’est dire. Ajoutons une histoire classique mais efficace, une foule de clins d’œil, et l’on obtient un soft respectueux des fans.