article coup de coeur

[Test] Yakuza Like A Dragon : une magnifique et inespérée relance

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
    • Xbox Series X/S
  • Développeur : Ryu go Gotoku Studio
  • Editeur : Sega
  • Date de sortie : 10 novembre 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

Yakuza : Like A Dragon relance parfaitement la licence

image test yakuza like dragon
Yakuza : Like A Dragon présente le bouillonnant Ichiban Kasuga.

Cela faisait deux ans qu’on s’était fait une idée : la licence Yakuza se terminait avec le sixième opus. Le cheminement de Kazuma Kiryu, passionnant jusqu’à son terme, se faisait d’ailleurs idéal, se bouclait sur une belle note, et même émouvante. Surtout, Yakuza 6 culminait en termes ludiques, on avait l’impression que le Ryu ga Gotoku Studio touchait là une certaine limite, un plafond de verre pour le concept né en 2005. Depuis, ces développeurs surdoué nous ont livré Judgment, une histoire non-siglée « Yakuza », mais se déroulant dans le même univers, dans les rues de Kamurocho. On se disait donc qu’on n’en avait pas totalement terminé avec cette série éditée par Sega, laquelle est devenue l’un de ses piliers au fil du temps. Et effectivement, Yakuza : Like A Dragon pulvérise le plafond de verre.

Quand Yakuza : Like A Dragon fut annoncé, beaucoup ont cru à une blague. Et il faut bien écrire que Ryu ga Gotoku Studio multipliait les prises de risque très étonnantes. Tout d’abord, le personnage principal a changé. Adieu le Dragon de Dojima, et bonjour au truculent Ichiban Kasuga. Et le lieu principal de l’action passe de Kamurocho (qui n’est pas totalement balayé…) à Isazaki Ijincho, quartier très vivant de Yokohama. Ces changements impactent toute l’expérience, de l’histoire au gameplay. Pour le récit, on est entre la classique histoire de trahison par le clan, puis d’une revanche par l’élévation dans les hautes sphères. Nous ne rentrerons pas trop dans les détails de l’intrigue, afin de vous laisser tout le plaisir de la découverte, mais on se doit tout de même de prévenir les fans de la saga sur deux points. Tout d’abord, le jeu est entièrement sous-titré en français, ô délicieuse joie ! Ensuite, la tonalité change assez drastiquement. On n’est plus trop dans les bases ninkyo eiga, avec ce que ça comportait de chevalerie romancée. Ichiban Kasuga est un déséquilibré, et la narration suit son caractère : on a donc des poussées délirantes gratinées, aussi surprenantes que radicales.

Plusieurs fois pendant ce test, on s’est dit que Yakuza : Like A Dragon se serait parfaitement prêté au jeu de l’adaptation cinématographique, à l’époque du Takashi Miike capable d’encore pondre des films intéressants. Mais tout de même, c’est du côté du gameplay qu’on est le plus ébahit par ce nouveau tour de force signé Ryu Ga Gotoku Studio. Bien entendu, ce qui saute de suite aux yeux est le changement de genre : on passe de l’action-RPG très « beat’emallesque » dans l’esprit à un système de combat totalement JRPG. Oui, avec le tour par tour, et des grosses phases de levelling. Cela ne se fait pas par pur hasard : Ichiban Kasuga est un fan de Dragon Quest, comme on le comprend. quand on vous dit que toutes les prises de décision drastiques sont motivées par ce nouvel avatar, ce n’est pas pour rien. Mais attention, tout cela se fait avec l’objectif d’insuffler une grosse énergie.

Une réussite impressionnante sur tous les critères

image gameplay yakuza like dragon
Le système de combat va vers le J-RPG.

Ainsi, les combats de Yakuza : Like A Dragon ne sont jamais statiques, les personnages restent continuellement en mouvement. Si cela apporte déjà un peps visuel, c’est aussi très important pour le gameplay. En effet, il va falloir être tactique, et parfois attendre que les adversaires fassent l’erreur de se rassembler d’un peu trop près. Il reste alors au joueur à lancer une attaque de zone, et paf ! Mais ce n’est pas tout : l’environnement doit aussi être pris en compte, car il peut provoquer des dégâts supplémentaires. Utiliser un vélo, propulser un gangster contre un mur, tout cela apporte de véritables effets, et ils ne sont pas à sous-peser. En effet, la difficulté se fait plus poussée que dans les précédents épisodes, d’où les phases de levelling plus nombreuses qu’à l’habitude. Pour vous aider, vous pourrez tout de même faire appel à des alliés, lesquels seront différents, aussi bien dans leurs statistiques que leurs compétences, selon leur emploi. Vous pourrez choisir entre l’idol, le musicos, le cuistot, le voyant etc. Globalement, le système de combat est d’une efficacité à toute épreuve, il plaira clairement aux amateurs de RPG japonais.

L’une des particularités de cette série est que les missions principales s’acoquinent très bien d’activités annexes à la fois nombreuses, variées, et passionnantes. Yakuza : Like A Dragon ne déroge pas à la règle. On retrouve évidemment toutes les grandes classiques, comme le baseball, le karaoké, les machines gashapons etc. Mais à cela s’ajoutent de véritables jeux dans le jeu, avec la gestion d’entreprise, des courses de vélo, de kart, des séances de cinéma totalement surréalistes, et bien d’autres encore. Sans oublier la complétion du Sujidex, un guide des ennemis qui vous livre leurs différents points faibles. Il est à noter que les développeurs ont enfin entendus les remontées des joueurs, en donnant à toutes ces activité un véritable intérêt en terme de construction de l’avatar : vous allez réellement avoir besoin de vous pencher sur tout ça, car cela ne fait qu’augmenter ses capacités. Et flâner pourra aussi avoir un intérêt sur certains personnages secondaires, avec lesquels il est toujours bon d’entretenir de bonnes relations.

Bien entendu, on retrouve aussi les restaurants, et les jeux d’arcade Sega. Sur ce dernier points, on est un poil déçu car le casting se fait déjà-vu : Space Harrier, Out Run, Fantasy Zone, Super Hang-On, Virtua Fighter 2 et Virtua Fighter 5. Au-delà de ce regret, la durée de vie se fait très solide. Si vous vous contentez de l’histoire principale, misez sur quarante heures. Mais, entre nous, ce serait du gâchis. En prenant en compte tout ce qui est annexe, vous en aurez pour quatre-vingt heures, au bas mot. Techniquement, Yakuza : Like A Dragon fait le job en exploitant à fond le Dragon Engine. Sur PlayStation 4, on est à peu près au même niveau que Judgment, voir un chouïa plus précis sur certaines textures. C’est donc très joli, mais sur PlayStation 4 on reste sur du trente images par seconde. Et l’intelligence artificielle des piétons reste encore trop minimaliste. Côté musiques, on aime beaucoup le caractère un peu rétro des  nouveaux thèmes, comme pour souligner le virage J-RPG. Et les doublages japonais restent de très, très grande qualité.

Note : 18/20

Yakuza : Like A Dragon figurera très haut dans les différents classements de l’année 2020, on en prend le pari. En tout cas, pour nous il figure parmi les favoris au jeu de l’année, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le virage vers les mécaniques du J-RPG au tour par tour est une grande réussite. On n’y croyait que peu, et pourtant le résultat se révèle à la fois fun et fourni. Aussi, l’histoire parvient à se trouver son chemin : certes on n’oublie pas Kazuma Kiryu, mais Ichiban Kasuga se fait un nom, ce qui n’était pas évident. Enfin, le changement de quartier s’opère pour le meilleur, renouvelant au passage les activités annexes. Et le tout sous-titré en français, c’est hallucinant ! Voilà donc l’un des hits de cette fin d’année.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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