Caractéristiques
- Titre : Babylon
- Réalisateur(s) : Damien Chazelle
- Scénariste(s) : Damien Chazelle
- Avec : Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva, Jean Smart, Jovan Adepo, Li Jun Li...
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Genre : Historique, Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 189 minutes
- Date de sortie : 18 janvier 2023
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- Note du critique : 10/10 par 1 critique
L’ascension et la chute
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Damien Chazelle (La La Land, First Man – Le Premier Homme sur la Lune), Babylon retrace l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites. Le long-métrage se déroule de la fin des années 20 au début des années 30, une période charnière pour le cinéma. Le cinéma parlant en est à ses balbutiements et la censure et bien-pensance commencent à arriver. C’est dans cette période de quelques années que nos personnages vont évoluer. En premier lieu, Jack Conrad, un acteur au sommet avec le cinéma muet. Il est la star qui rapporte le plus au studio. Ensuite, nous avons Nellie, une jeune actrice qui veut percer, Manny, un touche-à-tout qui va monter les échelons, Elinor, une femme qui peut faire et défaire des carrières avec sa plume, Lady Fay Zhu, qui est autant une muse qu’une personne qui s’occupe des intertitres. Et enfin, Sidney, un joueur de trompette afro-américain. Tous vont connaitre une ascension fulgurante.
Au travers de ses personnages, Damien Chazelle nous conte son amour pour le cinéma, car ces derniers vont se retrouver dans des situations folles, que ce soit lors d’une soirée orgiastique sous coke et diverses drogues où tout est permis ou des tournages chaotiques. Et pourtant, en donnant, faisant de leur mieux alors que les situations ne sont pas en leur faveur, ils vont relever le défi haut la main et réussir à se faire une place de choix dans cet univers. Mais évidemment, tout n’est pas rose car ils vont fatalement connaître la chute avec l’arrivée du cinéma parlant. D’ailleurs, le film Chantons sous la Pluie est cité plusieurs fois, jusqu’à être utilisé lors du final où nous assistons à ces chutes, donc au point d’orgue pour ces six personnages. Certains quittent le métier pour des raisons complètement compréhensibles, mais d’autres sont relégués au second plan ou encore se brûlent les ailes, parfois à cause de leurs excès ou par amour. Tout cela est maîtrisé à la perfection par Chazelle.
L’Amour du cinéma
L’amour du cinéma transparaît aussi au travers de l’époque choisie. Celle-ci représente en effet un moment charnière pour le cinéma, qui passe du muet au parlant, impactant profondément la façon de faire des films. A ce propos, on trouve une scène, extrêmement drôle, où la captation du son est utilisée pour la première fois et qui montre combien il était complexe de faire évoluer le medium. Chazelle montre ainsi qu’il faut des gens qui innovent dans le cinéma pour que celui-ci évolue. Il montre que cela dure et complique toute évolution. Il analyse aussi et s’interroge sur le cinéma du futur lors de son final explicite, au travers d’images retraçant l’histoire du 7ème art, de ses début à maintenant. Un art en perpétuelle évolution… Où nous mènera-t-il encore ?
En tout cas, ne vous y trompez pas : le scénariste-réalisateur ne montre pas que les bons côtés de l’industrie, mais également les mauvais, à l’image de cet acteur en fin de carrière auquel tout le monde tourne peu à peu le dos. On voit également comment Hollywood s’est ‘diverti’ alors que les mœurs étaient de plus en plus puritaines. Des choses sordides qui ont, pour certaines, vraiment existées, comme la scène dans le blockhaus.
Une réalisation virtuose
Sérieux autant sur le fond que sur la forme, Babylon n’en possède pas moins énormément d’humour. Oui, au delà du drame des personnages, les situations grotesques et ubuesques dans lesquelles ils se retrouvent sont souvent hilarantes. La scène d’ouverture nous plonge ainsi directement dans le bain. Et c’est aussi ça qui donne son rythme au film : l’humour. Celui-ci est d’ailleurs très varié. On peut passer d’un éléphant qui défèque sur un personnage à un humour plus subtil ou assez noir, qui peut aller jusqu’à la satire et montrer comment le cinéma peut littéralement tuer un homme. Tout fait mouche à chaque fois et on se prend à avoir de réel fous rires devant le film.
En ce qui concerne la réalisation, Damien Chazelle monte encore un cran au-dessus, avec une caméra virevoltante qui bouge énormément quand il le faut avec ces très longs plans-séquence comme il aime les faire. Mais il se diversifie aussi énormément, avec également des scènes assez posées et classiques « champ-contre champ », des scènes avec des cuts rapides pour souligner la répétition ou encore de superbes plans à la grue. En fait, il utilise toutes les techniques possibles sur ce film, et tout cela au service de son propos. Le montage est bon et la durée de trois heures passe sans problème. La recréation des époques des années 20-30 est aussi sublimée par les magnifiques décors et costumes du film. Enfin, la musique , très jazzy et rythmée de Justin Hurwitz donne le ton et nous plonge complètement dans l’univers de Babylon.
Un casting parfait et une révélation
Côté casting, Brad Pitt (Bullet Train, Et au milieu coule une rivière) est au sommet. Il incarne parfaitement l’icône Jack Conrad, un acteur qui va sur le déclin. Autant il fait du Brad Pitt au début du film, autant il devient de plus en plus subtil et émouvant au fur et à mesure du métrage. Margot Robbie (The Suicide Squad) est tout simplement parfaite dans le rôle de Nellie. Que ce soit pour son côté fou ou le côté excellente actrice de son personnage, elle offre tout un éventail d’émotions. Diego Calva est la révélation du film. Son personnage, Manny, est celui avec lequel on passe le plus de temps. Un premier rôle au cinéma exigeant, pour lequel il offre une interprétation solide, où il sait convoquer le sentiment d’émerveillement qui traverse le film. Un acteur clairement à suivre. Jean Smart est, comme à son habitude, resplendissante. On aimerait d’ailleurs la voir davantage sur grand écran tant elle dégage de la classe. Jovan Adepo et Li Jun Li complètent le casting principal avec des interprétations sérieuses.
Babylon est donc une magnifique lettre d’amour au cinéma, qui montre autant les bons que les mauvais côtés de l’industrie au travers d’une histoire et de personnages passionnants, le tout porté par une réalisation virtuose, une musique entraînante et des acteurs au sommet de leur art. Un chef d’œuvre, tout simplement.