[Critique] Mon chat et moi : Une adaptation touchante mais bancale

Caractéristiques

  • Titre : Mon chat et moi
  • Réalisateur(s) : Guillaume Maidatchevsky
  • Scénariste(s) : Guillaume Maidatchevsky & Michaël Souhaité, d'après le roman de Guillaume Maidatchevsky
  • Avec : Capucine Sainson-Fabresse, Corinne Masiero, Lucie Laurent & Nicolas Umbdenstock
  • Distributeur : Orange Studio Distribution / UGC Distribution
  • Genre : Aventure, Famille
  • Pays : France
  • Durée : 1h23
  • Date de sortie : 5 avril 2023
  • Note du critique : 6/10

Il était une fois

Narré à la manière d’un conte, cette adaptation du roman éponyme de Maurice Genevoix, Mon chat et moi raconte l’histoire d’un petit chaton qui commence sous les cieux de Paris mais qui, suite à la perte de sa mère, va se faire adopter par la jeune Clémence, 10 ans, qui le baptise Rroû parce qu’il ronronne beaucoup.

Ce nouveau compagnon à quatre pattes va lui permettre de surmonter certaines épreuves, comme le divorce de ses parents, mais la jeune fille va aussi découvrir durant un séjour à la campagne l’extrême besoin de liberté de son petit animal…

Publié à l’origine en 1931, cette adaptation du réalisateur Guillaume Maidatchevsky (qui s’était déjà fait remarquer avec le métrage Aïlo, une odyssée en Laponie) pour le grand écran est un récit plein de tendresse destiné à tous les amateurs d’adorables petits chatons (et ils sont nombreux).

Le métrage possède quelques qualités indéniables, comme une réalisation assez énergique et de très beaux plans qui donnent souvent au film des allures de documentaire. En outre, il bénéficie d’une bande son originale qui s’accorde parfaitement avec nos amis à quatre pattes passant à l’écran. Que dire également de l’incroyable et forte maîtrise qu’il a certainement fallu pour mettre en scène ces félins (le réalisateur a été secondé par pas moins de six coachs animaliers), dont Rroû lui-même, incarné par quatre chatons tigrés différents – mais dont l’un aurait assuré près de 80 % des scènes ? On peut dire, quand on y réfléchit, que, sans bénéficier d’explosions, le métrage peut s’avérer techniquement bluffant.

A travers le film, tourné principalement dans les Vosges, on profite également de magnifiques paysages de campagne, ainsi que d’un bestiaire assez fourni composé entre autres d’un lynx, d’un hibou, d’une femelle sanglier et, bien entendu également, d’une petite chatte blanche pour rester dans la thématique. Il y a également le terrible “Rambo” l’énorme chien de la sorcière, en réalité la voisine jouée par Corinne Masiero, qui incarne avec aplomb cette femme vivant dans les bois exécrant les humains (en réalité une femme sensible que l’actrice joue à merveille, même si cela la rapproche de son interprétation dans le film Capitaine Marleau).

Cependant, la jeune Capucine Sainson-Fabresse lui tient la dragée haute dans le rôle de la jeune Clémence, presque aussi mignonne que son compagnon poilu et extrêmement expressive et touchante – la scène avec le distributeur de croquettes est criante de vérité.

capucine sainson fabresse et son ami félin dans mon chat et moi

À un poil près

Bien que bénéficiant de plusieurs scènes touchantes voire amusantes de réalisme (la scène avec le distributeur de croquettes sent terriblement le vécu), le métrage est loin d’être exempt de défauts.

Si le récit d’origine sur papier était aussi subtil que parfois déchirant (bien que n’égalant pas la référence en la matière qu’est le magnifique Appel de la forêt de Jack London), son adaptation perd un peu de ses qualités à l’écran, même si ses interprètes ne sont pas en cause, qu’ils soient humains ou félins.

Les magnifiques décors des Vosges ne sont pas à blâmer non plus, c’est plutôt un manque d’ambition narrative qui empêche le cinéaste d’insuffler à l’écran la même force d’attraction que ressent le petit Rroû vis-à-vis de cette nature sauvage qui l’attire et l’éloigne de sa copine humaine qu’il aime malgré tout. Cela impacte la réflexion intéressante du roman d’origine sur notre rapport aux animaux et à leur domestication pour notre plaisir, souvent pétri de bonnes intentions, mais qui ne s’interroge que rarement sur le ressenti de l’animal lui-même.

L’autre défaut du film est que le cinéaste ne donne pas l’impression d’avoir vraiment trouvé son fil rouge dans ce film tantôt documentaire animalier, tantôt conte initiatique parfois amusant et familial, mais au contraire parfois trop dramatique pour les enfants (la mort sur les toits de la mère de Rroû ou le passage dans la neige, sans parler du moment clairement traumatisant avec les barbelés), au point qu’on en vient même à déconseiller aux parents d’enfants trop sensibles d’aller voir ce film, alors que d’autres passages les feront rire et sourire.

Par conséquent, il est difficile de savoir à qui s’adresse réellement Mon chat et moi car, en tentant de mélanger maladroitement les genres, le réalisateur ne parvient pas à livrer une œuvre parfaitement homogène.

Néanmoins, Mon chat et moi demeure un joli film d’aventures, qui gagne tout de même à être vu (avec une mise en garde pour les plus émotifs) ne serait-ce que parce que ses interprètes poilus gagnent sans mal l’Oscar des Cromignons et que la brièveté du métrage de 80 minutes ne nous laisse pas le temps de nous ennuyer.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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