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[Critique] House : La maison de tous les délires

Caractéristiques

  • Titre : House
  • Titre original : Hausu
  • Réalisateur(s) : Nobuhiko Obayashi
  • Scénariste(s) : Chiho Katsura, Chigumi Ôbayashi
  • Avec : Kimiko Ikegami, Miki Jinbo, Kumiko Ôba
  • Distributeur : Potemkine Films
  • Genre : Horreur
  • Pays : Japon
  • Durée : 1h28
  • Date de sortie : 28 juin 2023 (ressortie)/date de sortie originale : 30 juillet 1977 au Japon
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 4/10

Un trip sous LSD aussi barbant qu’inventif

Réalisé en 1977 et doté d’une aura de film culte au Japon ayant inspiré certains de nos cinéastes occidentaux (Peter Jackson entre autres), House est réédité dans nos contrées 46 ans après sa sortie officielle. Une belle occasion de vérifier si sa réputation est usurpée ou non.

Premier film de Nobuhiko Obayashi (décédé depuis), House est sans contexte ce que l’on pourrait qualifier de film expérimental à la croisée des genres.


L’histoire nous fait suivre le chemin d’Angel, une jeune écolière se rendant dans la maison de campagne de sa tante malade avec six de ses camarades de classe. Une fois sur place, des événements surnaturels vont venir bouleverser leurs vacances.

Mélangeant allègrement la comédie kawaii, l’horreur grand-guignol et le manga, le métrage ne cesse de nous surprendre par son inventivité visuelle complètement folle, au risque de nous coller une indigestion.

Car si, sur le fond, l’imagination et la folie de l’auteur constituent les points forts du film, sur la forme, House s’avère une expérience plutôt pénible à subir – la faute à une multitude de défauts qui se conjuguent avec ses qualités et rend l’analyse de ce métrage très particulière.

Pour un point gagné, un autre de perdu

Afin de mieux comprendre le dilemme que constitue le métrage House, le mieux est encore d’en prendre les éléments constitutifs point par point.

L’interprétation tout d’abord, qui s’avère globalement au diapason, mais dans quel sens peut on l’entendre ? Là est la vraie question. Car, si le but était de souligner le naïf ou le grotesque de chaque situation par le biais d’interprétations caricaturales, alors l’objectif est atteint – bien que pas toujours efficace à l’écran. Si, en revanche, le cabotinage du casting n’était pas prévu dans le scénario de base, alors nous avons affaire à une magnifique brochette de mauvaises actrices (et d’acteurs, bien que les rares soient au second plan).

L’ambiance, quant à elle, est plutôt réussie et nous donne vraiment l’impression d’évoluer dans un vieux film d’horreur, avec une maison aux pièces et environnements d’allure volontairement factices qui ont tous une sorte de vie propre et ressemblent à un labyrinthe tant physique que mental. Le tout auréolé d’une ambiance ultra kitsch, et pourtant plutôt bien construite en général. Néanmoins, cette ambiance est souvent gâchée par des situations un peu trop loufoques ou par une horreur jamais particulièrement traumatisante. L’un dans l’autre, cela fait qu’on ne sait jamais quelles sont les intentions du réalisateur… et on n’entre jamais vraiment dans le délire.

Même chose pour l’histoire qui, si elle s’avère assez surprenante par rapport à ses péripéties individuelles, est en réalité dans le fil principal extrêmement prévisible et sans surprise. Cela malgré un rythme se voulant frénétique dans la deuxième partie, mais ne parvenant pas pour autant à éviter les ventres mous.

Viennent ensuite les effets spéciaux. Là, malheureusement, on bascule dans le n’importe quoi car on a l’impression que ses effets gores outranciers et ses images cartoonesques étaient dépassés dès la sortie du film en 77. Inutile donc de préciser qu’aujourd’hui, ils en deviennent carrément ridicules pour certains.

La musique, quant à elle, malgré une B.O. avec de belles compositions, s’avère souvent pénible car beaucoup trop omniprésente et servant en plus à étirer inutilement beaucoup de séquences du film (mention spéciale, néanmoins, pour l’étrange musique faite à partir des miaulements du chat).

Enfin, impossible de terminer cette analyse sans parler de l’aspect technique proprement dit avec, en tête de gondole, un montage psychédélique ponctué de plans saccadés jusqu’à overdose, mais aussi l’association hybride de diverses techniques comme des maquettes, du matte painting, des incrustations à l’image et diverses animations qui achèvent de nous faire tourner en bourrique.

Un Ovni inclassable

House est en fait une explosion des sens, mais une explosion chaotique qui nous fait réagir et réfléchir – mais aussi qui nous interroge et nous égare.

Car, au final, il est difficile de savoir si House est un festival de maladresse et d’amateurisme – mais encouragé par la passion et l’imagination débordante du réalisateur – ou bien un métrage beaucoup plus calculé qu’il n’en a l’air et volontairement kitsch et décalé, mais à un point tel qu’il en perd toute cohérence, jusqu’à ressembler plus à une abstraction expérimentale qu’à un véritable film.

S’il est difficile de trancher sur les intentions d’origine de Nobuhiko Obayashi, l’auteur de ces lignes considère pour sa part que House, malgré une foule d’idées et d’audaces très inspirantes, ne s’avère au final plus que cela et non un film culte.

Certains ne seront peut être pas d’accord avec cette conclusion, mais le métrage cumule trop de maladresses et de défauts (certains parce qu’il accuse son âge, mais beaucoup d’autres étaient présents dès sa sortie originelle) pour prétendre justifier une meilleure note.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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