Caractéristiques
- Titre : Retribution
- Réalisateur(s) : Nimród Antal
- Avec : Liam Neeson, Jack Champion, Lilly Aspell et Matthew Modine
- Distributeur : StudioCanal
- Genre : Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 91 minutes
- Date de sortie : 23 août 2023
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un film d’action en huis clos
Se frayant une place à la suite des gros blockbusters de l’été, la nouvelle collaboration des producteurs Andrew Rona et Alex Heinemann (Sans identité, Non-stop, The Passenger) avec Liam Neeson, Retribution débarque sur les écrans ce 23 août. Réalisé par Nimród Antal (Predators, Kontroll, Stranger Things), ce thriller d’action est un remake du film espagnol Appel inconnu, ayant reçu huit nominations aux Goyas à sa sortie en 2015.
Dans Retribution, un brillant homme d’affaires américain installé à Berlin, Matt Turner (Liam Neeson), est au volant de sa voiture pour accompagner ses enfants Emily (Lily Aspell) et Zach (Jack Champion) à l’école, lorsqu’il reçoit un mystérieux coup de téléphone. Au bout du fil, un inconnu l’informe qu’une bombe est placée sous son siège et qu’elle explosera s’il n’exécute pas rapidement les ordres qu’il s’apprête à recevoir. Commence alors une course contre la montre pour Matt, qui doit essayer de sauver ses enfants et de comprendre pourquoi cet ennemi lui en veut autant…
L’action se déroulant quasi-intégralement dans le cadre confiné de la voiture, le film devient un véritable huis clos à l’ambiance claustrophobique. Seuls quelques personnages évoluent à l’extérieur, à l’image de Heaver Turner (Embeth Davidtz), l’épouse de Matt, ou encore d’Angela Brickman (Norma Dumezweni), agent d’Europol qui finit par s’intéresser à ce véhicule étrange roulant à vive allure et provoquant de nombreux dégâts sur son passage. Même si le long-métrage est souvent convenu et un brin poussif, la mise en scène parvient plutôt habilement à tirer profit de ce cadre restreint pour créer un certain suspense. Le chef opérateur, Flavio Martinez, utilise par exemple un plan à 360° pour cadrer successivement les réactions de Liam Neeson en gros plan, celles de ses enfants à l’arrière, puis l’extérieur, où les passants marchent paisiblement, inconscients du danger qui les guette à quelques mètres.
La ville de Berlin constitue un cadre intéressant pour ce film très urbain et sans cesse en mouvement. Son dynamisme et ses styles architecturaux très variés contrebalancent parfaitement la monotonie de l’intérieur de la voiture. Retribution est à la fois tourné dans ces rues, mais également sur des plateaux extérieurs dans les studios de Babelsberg. Le réalisateur y projette des images sur des murs LED, qui sont ensuite intégrées à l’environnement du film, lui permettant de filmer à l’épaule dans l’habitable de la voiture et de plonger le spectateur au cœur de l’action.
Un sympathique divertissement « à l’ancienne »
S’il ne brille clairement pas par son originalité, le film de Nimród Antal propose malgré tout dans ses deux premières parties – la troisième constituant une baisse de rythme très décevante, mais nous y reviendrons – un divertissement agréable et rythmé. Contrairement à son habitude, Liam Neeson n’a pas de compétences particulières et incarne un monsieur-tout-le-monde s’apprêtant à passer la pire journée de sa vie. La mise en scène épouse son regard et le suit au plus près car c’est lui, ses réactions et ses décisions qui doivent captiver le spectateur. Ce dernier ne peut rien anticiper et découvre tout en même temps que le protagoniste, ce qui donne lieu à quelques trouvailles assez bien amenées. Le suspense est plutôt réussi et les scènes d’action sympathiques, le film étant notamment très généreux en matière d’explosions.
Retribution semble s’inspirer directement de certains films « à l’ancienne » comme Speed (Jan de Bont, 1994) ou Phone Game (Joel Schumacher, 2002), avec un concept qui se résume en une phrase : un héros pris dans l’engrenage dès la première séquence du long-métrage et une succession de péripéties plus ou moins attendues. Pourtant, de la même manière qu’il ancre son histoire dans une société contemporaine ultra connectée – les personnages passant la moitié de leur temps les yeux rivés sur leurs téléphones portables – la mise en scène de Nimród Antal insuffle une certaine modernité dans ce carcan très classique et n’hésite pas à casser certains codes. Le héros peut se permettre de raccrocher au nez de son antagoniste, prend parfois des décisions inattendues, et brouille les pistes pour surprendre le spectateur.
Enfin, le film se construit autour d’un crescendo plutôt habile. Si le rythme est dès le départ assez enlevé – avec un jeu de suspense qui commence dès l’entrée dans la voiture, quand seul le spectateur sait que les sièges sont piégés – de nombreuses épreuves viennent renouveler la tension et accroître le sentiment de danger permanent, au fur et à mesure que l’étau se resserre sur Matt. Les séquences jouées en temps réel sont de plus en plus haletantes, avec des courses poursuites et de nombreux rebondissements orchestrés par la musique dynamique de Harry Gregson-Williams et le montage nerveux de Steven Mirkovich.
…mais un scénario trop classique et inégal
Si Retribution réussit le pari d’être un divertissement honnête et sans prétention, il repose cependant sur des thématiques qui auraient gagné à être davantage approfondies. A travers la menace qu’il fait peser sur son personnage principal, Nimród Antal traite de concepts forts comme la vengeance, le pardon, ou les conséquences de nos actions. Matt travaillant dans le milieu de la finance internationale, univers implacable où l’appât du gain règne en maître, l’intrigue évoque par instants les transactions invisibles, les comptes fantômes et le marché noir. Cependant, les détails ne sont jamais abordés, ce qui ne permet pas au spectateur de s’investir dans une réflexion plus aboutie.
Par ailleurs, bien que le film soit efficace dans son traitement de l’action et du suspense, il se perd malheureusement dans une sous-intrigue familiale et conjugale peu convaincante. Matt jongle en effet entre sa carrière florissante et ses responsabilités de père et de mari, mais il peine à concilier les deux et à consacrer suffisamment de temps à ses enfants et à sa femme. En choisissant d’intégrer cette trame plus intime et émotionnelle à la menace tangible de la voiture piégée, le réalisateur ajoute une dose excessive de pathos, parfois à la limite du ridicule, et alourdit un ensemble qui aurait gagné à rester resserré sur son intrigue principale.
Certes, le scénario de Retribution est simple et déjà vu, mais cela ne constituerait pas en soi un problème s’il parvenait à maintenir durant une heure trente la tension et le suspense attendus dans ce genre de longs-métrages. Le film souffre malheureusement d’un problème de structure : après deux premières parties intenses, il s’embourbe dans un dernier acte poussif, bien trop lent pour servir de climax à l’ensemble. La scène de négociation, qui aurait dû renouveler l’action, est interminable et ne fait que retarder artificiellement l’inévitable affrontement final. Les acteurs, quant à eux, font de leur mieux et proposent des prestations plutôt réussies, mais l’on peut tout de même tiquer sur la différence d’âge impressionnante qui sépare Liam Neeson de ses prétendus enfants.
Retribution est donc un film en huis clos sympathique mais très inégal, qui propose quelques très bonnes séquences d’action, mais s’empêtre dans une dernière partie un peu balourde. S’il ne renouvelle clairement pas le genre, il parvient dans l’ensemble à faire passer au spectateur un moment de divertissement correct. On regrettera qu’il ne prenne pas davantage de risques et qu’il peine à construire des personnages forts pour lesquels nous éprouverions une véritable empathie. N’est pas Speed qui veut…