Caractéristiques
- Titre : Spamalot
- Genre : Comédie musicale, humour
- Ecriture : Graham Chapman, John Cleese, Terry GIlliam, Eric Idle, Terry Jones, Michael Palin
- Musique : Eric Idle et John Du Prez
- Mise en scène : Pierre-François Martin-Laval
- Durée : 150 minutes avec entracte de 20 minutes
- Lieu(x) de représentation : Théâtre de Paris
- Dates : à partir du 23 septembre 2023 au 7 janvier 2024
- Note : 8/10 par 1 critique
Un spectacle parodique hilarant
Après le succès des Producteurs de Mel Brooks, mis en scène par Alexis Michalik, l’humour irrévérencieux est de retour sur les planches du Théâtre de Paris avec Spamalot, spectacle musical déjanté adapté du film Sacré Graal (1975) des Monty Python. Dix ans après son succès parisien, la comédie délicatement graveleuse revient en France pour réjouir les amateurs de légende arthurienne, mais aussi et surtout de chevaliers crétins, de lapins tueurs et d’hirondelles capables de transporter des noix de coco… Spamalot a été créé en 2005 à Broadway par Eric Idle, l’un des membres des Monty Python, en collaboration avec John du Prez pour la musique. Sa première adaptation en France était signée Pierre-François Martin-Laval (Pef), fondateur de la troupe comique Les Robins des Bois, et ce dernier revient à partir du 28 septembre 2023 pour siéger à la Table ronde, à la mise en scène, mais également de nouveau dans la distribution, en tant que Roi Arthur, le tout avec une nouvelle adaptation.
Inutile de tergiverser, Spamalot est un spectacle tout bonnement hilarant. Sans aucun temps mort et avec une énergie communicative, cette parodie joyeuse et délurée ravit les spectateurs pendant près de deux heures trente (entrecoupées d’un entracte de 20 minutes). Son humour décomplexé et loufoque et sa capacité à utiliser le merveilleux pour mieux le tourner en dérision en font un moment de divertissement total et réjouissant. Le livret accumule les anachronismes, tous plus désopilants les uns que les autres, et l’on s’esclaffe de bon cœur devant un Galahad vêtu en Gilet jaune ou une Dame du Lac s’égosillant sur du Whitney Houston. Les chevaliers sont délicieusement idiots, galopant sur de faux chevaux et s’engageant dans des aventures impossibles au son d’une musique tantôt médiévale, tantôt pop.
S’il est indéniable que l’on passe un excellent moment devant Spamalot, il faut cependant préciser que le spectacle n’est pas tout public. Son humour scabreux, qui est complètement dans le ton des Monthy Python, son irrévérence et sa grivoiserie sont à réserver à un public averti. Quant aux nombreuses références au contexte actuel, aux rimes hilarantes mais parfois vulgaires et à l’histoire totalement décousue des personnages, elles s’avèrent totalement incompréhensibles pour les plus jeunes.
Même l’historienne collet monté (Véronique Hatat) chargée d’intervenir entre les différents actes du spectacle semble en perdre son latin ! Évidemment, on retrouve des références à toute l’œuvre des Monty Python, les personnages cassent le quatrième mur pour notre plus grand plaisir et on reconnait, dans les répliques ou dans les gags, des renvois directs à certains films ou œuvres humoristiques comme Sacré Robin des Bois de Mel Brooks, La Tour Montparnasse Infernale ou encore, bien sûr, aux œuvres des Robin des Bois.
Une mise en scène lumineuse
Avec Spamalot, Pierre-François Martin-Laval propose une mise en scène fantaisiste très réussie : les décors sont magnifiques, ainsi que les costumes qui nous plongent immédiatement dans un univers médiéval fantasmé, à grand renfort d’armures, de longues robes virevoltantes et d’accessoires en tout genre. Grâce à de très beaux arrière-fonds vidéoprojetés et à d’impressionnantes cloisons amovibles, l’on retrouve les lieux emblématiques de la légende arthurienne : une forêt ténébreuse, les murailles d’un château fort ou encore… un immense Lapin de Troie ! (Cherchez l’erreur…) Les personnages changent régulièrement et rapidement de costumes, ce qui accentue le dynamisme et la variété du spectacle.
La musique, dirigée par Charlotte Gauthier ou Daniel Glet en alternance, est interprétée en direct avec un petit orchestre composé de basse et contrebasse, percussions, trompettes et claviers, situés dans les loges de part et d’autre de la scène, ce qui est très appréciable pour le public et beaucoup plus immersif. La partition offre une grande versatilité de styles et joue toujours sur le décalage, alternant les ballades médiévales et héroïques avec d’autres morceaux totalement anachroniques. Mention spéciale à la chanson « Always Look on the Bright Side of Life », extraite du film La Vie de Brian des Monty Python et traduite pour l’occasion, qui offre un beau moment de communion avec le public.
Spamalot propose aux spectateurs de très beaux numéros musicaux et quelques tableaux de danse de haute volée. Claquettes, french cancan, tout y passe, mais toujours avec énormément de talent et de précision. L’espace scénique est constamment occupé et le public n’a aucun moment de répit, tant les différentes scènes s’enchaînent à un rythme endiablé. Chapeau, les artistes !
Une troupe investie et talentueuse
Si Spamalot est un spectacle réussi grâce à sa mise en scène éclatante, il l’est tout autant grâce à son casting. La troupe de chanteurs et danseurs est totalement investie et interprète de nombreux rôles avec une grande maîtrise. On retiendra la performance vocale impressionnante de la Dame du lac, interprétée par Lauren Van Kempen, le charisme et la prestance impérieuse de Galahad (Basile Alaïmalaïs) ou encore l’humour et le charme des trois trublions Ricardo Lo Giudice, Matthieu Pillard et Ludovic Thievon, respectivement dans les rôles de Bedevere, Lancelot et Robin.
Quant à Pierre-François Martin-Laval, il incarne un Roi Arthur attachant et drôle qui, s’il chante avec moins de puissance que ses camarades, n’en livre pas moins une performance de qualité. Très investi, il n’hésite pas à faire quelques portés, pas de danse, claquettes et cascades et est présent dans quasiment toutes les scènes du spectacle.
Les performances des danseurs sont également admirables, dynamiques et joyeuses à souhait, et la communication de tout le casting avec les musiciens – et en particulier avec le chef d’orchestre – est particulièrement cocasse. La partition est brillamment exécutée et l’alchimie avec les spectateurs se ressent dès les premiers instants du spectacle, pour se conclure en beauté avec une scène de karaoké pour public survolté.
Spamalot est donc un spectacle désopilant, mêlant humour, musique et danse avec brio et savoir-faire. Une excellente manière de « toujours regarder du bon côté d’la life » et une sortie réjouissante que nous vous recommandons chaudement !