[Critique] Xanadu : Années 80, rollers, mythologie et comédie musicale

Caractéristiques

  • Titre : Xanadu
  • Réalisateur(s) : Robert Greenwald
  • Scénariste(s) : Richard Christian Danus & Marc Reid Rubel
  • Avec : Olivia Newton-John, Gene Kelly, Michael Beck...
  • Genre : Comédie Musicale
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 1h36
  • Date de sortie : 8 août 1980 (Etats-Unis)
  • Note du critique : 6/10

Un remake 80’s sous LSD d’un musical avec Rita Hayworth


Après le succès phénoménal de Grease en 1978, Olivia Newton-John a joué dans cette comédie musicale au kitsch assumé avec panache aux côtés du grand Gene Kelly et d’un jeune premier un peu fade, Michael Beck, rapidement perdu de vue par la suite. Très mal accueilli par la critique, ce film sur l’histoire d’amour entre une muse et un jeune artiste peintre dans le Los Angeles de la fin des 70’s sera la dernière comédie musicale dans laquelle ce sera illustrée Olivia Newton-John, qui, après un nouveau bide au box-office (aux côtés de son ancien partenaire John Travolta) s’éloignera progressivement du cinéma et retournera à sa carrière initiale de chanteuse de country pop.

Cependant, malgré sa mauvaise réputation, le côté camp de Xanadu lui a permis de devenir une comédie musicale un peu culte pour les amateurs du genre et sa ressortie en édition Blu-Ray remasterisée est l’occasion de le réévaluer. Librement inspiré de la très sympathique (et calibrée) comédie musicale Down to Earth avec Rita Hayworth (1947), le film de Robert Greenwald était supposé, au départ, être un film de roller disco (oui, vous avez bien lu, “du disco sur rollers”) avant de dévier quelque peu de sa trajectoire, sans pour autant perdre de vue le disco (bien présent dans la B.O.) et en conservant quelques scènes sans prétention de rollers.

Mais si l’intrigue finale tourne autour de la création artistique, il faut bien admettre que le scénario dans son ensemble n’est qu’un vague prétexte pour proposer un musical complètement débridé, où la conception classique des années 40-50 (incarnée par Gene “Singin’ in the Rain” Kelly) affronte celle, plus moderne, de la fin des années 70-début des années 80, avec ses influences punk et disco, ses couleurs flashy et ses mouvements de caméra dynamiques. Alors que le film avec Rita Hayworth était un pur film de studio à la gloire de la star de Gilda, le “remake” surfe aussi de manière évidente sur le succès de Grease et se présente comme un véhicule pour mettre en avant Olivia Newton-John, qui interprète ici plusieurs titres, en solo ou en duo, qui connurent un grand succès grâce à la B.O., qui se vendit très bien à l’époque malgré les faibles performances du long-métrage en salles.

Une déferlante de kitsch pleinement assumé : attention aux yeux !

image michael beck olivia newton-john xanadu
Michael Beck et Olivia Newton-John dans Xanadu. (capture non-tirée du Blu-Ray)

Autant être francs : mieux vaut être dans l’état d’esprit adéquat et aimer les comédies musicales, et ce même dans leurs pire excès, pour apprécier pleinement l’expérience Xanadu. Si, comme nous, c’est le cas, vous aurez l’occasion de découvrir une œuvre aussi légère que curieuse, franchement plaisante à partir du moment où l’on a bien assimilé (au bout de 30 secondes environ) que ce que l’on va voir n’est pas à prendre le moins du monde au sérieux, mais plutôt au dixième degré. On peut alors se régaler des effets visuels rose fluo, des numéros musicaux déjantés au point d’en être quasi-indescriptibles et du ton résolument cheesy de l’ensemble.

Sans égaler sa performance de Grease, Olivia Newton-John fait preuve d’une certaine grâce et d’entrain dans le rôle casse-gueule de la muse Kira (Terpsichore de son vrai nom), fille de Zeus montée sur rollers au sourire quelque peu robotique de prime abord, qui rappellera un peu le Buffy Bot imaginé par Joss Whedon 20 ans plus tard dans la saison 5 de Buffy contre les vampires. Il faut dire qu’en tant que muse, Kira est chargée de jouer l’archétype de la “petite-amie idéale” si l’on peut dire, entièrement au service du jeune homme qu’elle doit aider, qu’elle valorise continuellement tout en se mettant en retrait. Un stéréotype démodé auquel l’actrice apporte néanmoins son charisme, éclipsant totalement un Michael Beck aussi lisse que transparent.

Un plaisir coupable divertissant, à redécouvrir en version remasterisée

Le reste n’est que bons sentiments, couleurs, chorégraphies débridées et chansons datées plutôt sympathiques. Si la réalisation n’est pas exactement maîtrisée ni réellement inventive (un œil averti pourra facilement déceler par moments quelques soucis dans la gestion des danseurs), le dynamisme de l’ensemble et les multiples clins d’œil au genre finissent par l’emporter.

En assumant la dimension over the top de l’ensemble, Robert Greenwald réussit en fin de compte à faire passer des choses qui auraient été durement critiquées au sein d’un film se voulant plus terre à terre, et réalise un métrage drôle et divertissant, qui sera également la dernière apparition sur grand écran de Gene Kelly. Pourtant peu aidé par un script fleurant bon la guimauve, qui fait de son personnage un vieil homme nostalgique au discours éculé, la star de Chantons sous la pluie, qui avait alors 68 ans, fait preuve d’un bel abattage lors de ses scènes dansées. On saluera également la jolie séquence animée par Don Bluth, dont l’insertion au sein du film est utilisée de manière quelque peu psychédélique. Pour toutes ces raisons, Xanadu vaut le coup d’œil et constitue un délicieux plaisir coupable.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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