Un restaurant thaïlandais semi-gastronomique dans un hôtel de luxe cosy
Thiou est le restaurant de l’hôtel de luxe intimiste Norman, qui a ouvert ses portes en septembre dans le quartier des Champs-Élysées, à l’angle de l’avenue de Friedland et de la rue Balzac.
Cet hôtel de seulement 37 chambres haut de gamme appartenant au groupe Bertrand rend hommage à l’œuvre et au style de l’artiste graphique Norman Ives, qui s’est fait connaître dans les années 60 grâce à ses motifs géométriques colorés intégrant parfois des lettres. L’établissement se veut une bulle de calme et de bien-être à quelques pas de l’agitation de la ville. Le prix des chambres simples commence à 250 euros la nuit actuellement, et l’hôtel possède également de belles suites confortables avec grandes chambres, salle de bain avec douche et baignoire, dont une suite en duplex d’où l’on peut observer les toits parisiens, et même la Tour Eiffel depuis la grande terrasse. Un grand soin a été accordé au choix du mobilier et du moindre élément de décoration, que ce soit au sein des chambres, mais aussi du bar et du restaurant.
Apiradee « Thiou » Thirakomen : une figure incontournable de la cuisine thaïlandaise à Paris
Pour en revenir à Thiou, le nom du restaurant et de sa cheffe, Apiradee Thirakomen, ne sont bien sûr pas inconnus des gastronomes parisiens puisque cette dernière est une référence de la cuisine thaï à Paris depuis près de 25 ans. Thiou a ainsi ouvert initialement ses portes en 1999 dans le 7ème arrondissement, avant de déménager successivement quai d’Orsay en 2002, puis rue de la Tour-Maubourg en 2017.
Née à Bangkok, Apiradee Thirakomen, surnommée Thiou (qui veut dire « petit », « minuscule », « mignon »), grandit aux côtés d’un père distributeur de films américains en Thaïlande et d’une mère chinoise hongkongaise qui lui transmet l’amour de la cuisine. Enfant, elle se rend toutes les semaines dans les grands restaurants avec ses parents. Cependant, après avoir étudié le piano, elle décide de se consacrer à l’enseignement avant de tomber amoureuse de la France et de la gastronomie à l’occasion d’un premier voyage à Paris.
Elle y ouvre un premier restaurant thaï dès 1983 avant de se consacrer à d’autres activités. Amie de l’acteur Michel Blanc, c’est lui qui l’encourage à se consacrer pleinement à la restauration. En 1997, elle prend ainsi la tête du restaurant des Bains Douches, où elle doit servir 250 couverts chaque soir pendant deux ans. Une expérience formatrice, qui permet à cette autodidacte de faire ses armes tout en se faisant connaître. Lorsque Thiou ouvre en 1999, le succès est rapidement au rendez-vous et sa version du Tigre qui pleure (toujours à la carte aujourd’hui) particulièrement appréciée.
Entre classiques revisités et assiettes originales
Pour ce nouveau déménagement, elle a tenu à conserver la même équipe, 100 % thaïlandaise. Malgré le dressage des assiettes, très parisien pour certaines d’entre elles, c’est bel et bien une authentique cuisine thaïlandaise qui est servie ici chaque jour, adaptée à un établissement semi-gastronomique et préparée avec des ingrédients de saison locaux. La cheffe réfute ainsi le terme parfois employé de fusion food.
Lorsque nous nous rendons chez Thiou ce jeudi de janvier à 12h30, la salle du restaurant, calme et feutrée avec son élégante décoration très 60’s, est déjà bien remplie. Quartier des Champs-Élysées oblige, on se rend compte très vite qu’il s’agit clairement d’un lieu très prisé pour les déjeuners d’affaire et pauses déjeuner, et ce d’autant plus que le service est rapide et que, en dehors des commandes à la carte, des formules entrée/plat ou plat/dessert sont proposées (en plus du traditionnel entrée/plat/dessert). L’ambiance fait que l’on se sent tout de suite à son aise : les clients des tables voisines discutent posément, chaises et banquettes sont confortables et on se détend ainsi sans problème.
Lorsque nous nous penchons sur la carte, le choix se révèle ardu : les 10 assiettes proposées pour les entrées, mais aussi les plats, comptent beaucoup de mets qui nous paraissent alléchants. Nous décidons finalement de choisir une option traditionnelle (un classique revisité) et une plus originale. Ce sera donc poulet sauté à la citronnelle et épices, sucrine, coriandre et condiments d’une part et carpaccio de langoustines et œufs de saumon, vinaigrette combava de l’autre en entrée, puis curry rouge au poulet et ses légumes avec riz parfumé et calamars et poulpe, légumes et saucisse thaï à la citronnelle sautés au sriracha pour le plat principal.
Une très belle entrée en matière
Afin de nous faire patienter, on nous sert tout d’abord un petit émincé de bœuf à la citronnelle en guise de mise en bouche : le résultat est frais et acidulé. La citronnelle vient en fin de bouche et apporte un joli coup de fouet, tandis que le goût du bœuf est subtilement épicé.
Lorsque les entrées arrivent, le carpaccio de langoustines et œufs de saumon nous fait tout de suite forte impression avec son dressage raffiné très floral au centre duquel trônent les œufs de poisson. Les lamelles de langoustines sont très fines et le fin filet de vinaigrette combava les fait joliment luire. Les pétales de violettes parsemées ici et là achèvent ce joli tableau qu’il nous tarde de goûter. Le poulet sauté à la citronnelle, lui, a droit à une présentation simple et sans chichi : tout simplement en petits morceaux dans son bouillon dans un petit bol, avec les crudités et condiments dans l’assiette.
La dégustation confirme notre bonne impression. Le poulet est tendre et son bouillon, doucement épicé, permet de révéler la viande, ce qui en fait une entrée réconfortante. Seule réserve concernant cette assiette : mieux vaut déguster la viande avec les feuilles de sucrine car la coriandre et ce qui semble être du raifort frais possèdent un goût trop prononcé ; celui-ci prend complètement le dessus si on les mange en même temps, ce qui est dommage. Si vous souhaitez manger un peu de raifort, il serait plutôt conseillé de le faire entre les bouchées (en prenant le temps, car le goût persiste en bouche), un peu à la manière du gingembre mariné dans les restaurants à sushi.
Pour le carpaccio, c’est un sans faute : la douceur des tranches de langoustines, fondantes tout ayant une certaine consistance, tranche avec le goût plus corsé des œufs de saumon, dont le jus éclate et pétille en bouche. La vinaigrette dans laquelle le poisson marine est quant à elle subtile et équilibrée : une bonne huile d’olive avec une pointe de piment et d’agrume proche de la citronnelle pour relever le tout. Un vrai régal, qui justifie le prix un peu élevé de cette entrée (39 euros).
Une cuisine authentique qui sait sublimer ses ingrédients
Les plats seront à l’avenant. En ce qui concerne l’assiette de calamars et poulpe, le bouillon à la sauce sriracha possède une bonne attaque sans être pour autant trop pimenté, ce qui le rend très agréable en bouche et permet de relever et révéler les ingrédients de l’assiette sans prendre le dessus. Parmi les petits légumes qui accompagnent le poisson, l’aubergine est tendre mais possède encore du croquant, tout comme les haricots verts. Les calamars, délicieux et cuits à la perfection, ont une bonne consistance tandis que le poulpe est plus tendre. Le goût des deux se marie à merveille. L’ensemble possède un très bel équilibre et se révèle original, tant au niveau de l’association des ingrédients, que de l’assaisonnement et des textures. Une très belle assiette, présentée avec un bol de riz parfumé à côté.
Autre grand classique revisité, le curry rouge au poulet et ses légumes a également su nous convaincre. Le poulet, présenté en gros cubes dans la sauce de curry rouge, est tendre et bien cuit. La sauce domine ici en quantité (ce qui explique que la carte indique « curry rouge au poulet » et non « poulet au curry rouge »), elle est délicieusement relevée tout en restant équilibrée. Clairement, si vous appréciez les saveurs asiatiques épicées mais que votre estomac ne supporte pas les plats trop pimentés, vous n’aurez aucun problème chez Thiou, où vous pourrez déguster une cuisine thaïlandaise authentique sans pour autant vous retrouver la gorge en feu. Le bol est servi avec des légumes : des morceaux d’aubergine, haricots verts, tomates et poivron. Le goût de ces derniers imprègne le bouillon et lui apporte d’autant plus de saveurs. Une assiette à la fois légère et réconfortante en cette saison hivernale.
Enfin, pour terminer ce beau repas, nous optons pour un unique dessert : les mini-nems au chocolat. Le chocolat noir est excellent, fin et délicieusement coulant. La pâte des nems est très fine, roulée de manière serrée et croustillante juste ce qu’il faut pour créer un contraste très plaisant avec le chocolat. Ces nems sucrés sont très sains et évidemment préparés différemment des nems salés classiques frits.
Le bar de l’hôtel : le lieu idéal pour siroter un cocktail aux saveurs asiatiques
Avant de repartir, nous nous posons dans le très agréable bar vintage du Norman, situé juste à l’entrée de l’établissement, sur la droite, à quelques pas de la salle du restaurant. Avec ses teintes acajou et ses chaises, fauteuils et banquettes confortables et attrayants, il s’agit là d’un endroit cosy, calme et très agréable. Tables, chaises et fauteuils sont répartis de manière à conserver une certaine intimité.
Ouvert de 11h à minuit, on peut y accéder indépendamment du restaurant, qui propose la même carte d’alcools et boissons que celui-ci. Il s’agit là de l’endroit idéal pour siroter un cocktail avant ou après le repas, ou bien en afterwork si vous voulez échapper aux bars plus bruyants et bondés du quartier.
Nous étudions la carte des cocktails signature, originale, qui met en valeur des ingrédients asiatiques comme le yuzu, mais aussi le sésame, le saké, les prunes Umeshu Genshu, le gingembre, le shiso vert, le thé noir Lapsang Souchong ou encore l’azuki. Notre choix se porte sur l’Artist Blend, un mélange de gin Nikka Coffey et de liqueur de yuzu Nigori avec du sirop de cardamome, une infusion de thé vert sencha cerise sakura et de bitters au yuzu. Le résultat est frais et assez léger, délicieusement fruité. Le goût du yuzu ressort beaucoup et apporte une certaine douceur. Le thé vert, léger, participe au sentiment de fraîcheur, tandis que la cardamome se marie bien à l’ensemble. Un beau cocktail, qui donne envie d’en découvrir d’autres à une prochaine occasion.
Une jolie carte, un repas dans un cadre apaisant
Au final, Thiou propose une jolie carte, très variée, entre grands classiques de la cuisine thaïlandaise revisités et assiettes plus originales. La cheffe sait sublimer chaque plat et lui apporter sa patte avec simplicité : si chaque assiette est travaillée (saveurs, textures, préparation, présentation…), les différents mets sont aussi délicieux que chaleureux.
La carte permet aussi de faire ses choix en fonction de son budget. Ainsi, s’il vous en coûtera 85 euros (plus 19 euros pour le cocktail) si vous optez pour le carpaccio de langoustines, les calamars et poulpe et mini-nems au chocolat, le poulet sauté à la citronnelle en entrée est à 18 euros (on trouve aussi une entrée vegan à 15 euros) et le bol de curry rouge au poulet à 26 euros. Si nous avons choisi nos plats à la carte, on notera aussi qu’il existe des formules entrée/plat ou plat/dessert à 36 euros et entrée/plat/dessert à 44 euros parmi une sélection d’assiettes spécifiques, ce qui permet de faire baisser l’addition. Dans l’ensemble, cependant, on reste sur une fourchette de prix en cohérence avec un établissement semi gastronomique.
Le confort et le calme des lieux permettent quant à eux de déconnecter le temps d’un repas, avant de replonger dans le rythme de la vie parisienne.
Thiou, à l’hôtel Norman, 9 rue Balzac, 75008 Paris. Métro Charles-de-Gaulles-Etoile (RER A, lignes 1, 2 et 6). Ouvert du lundi au samedi de 12h à 14h30 et de 19h à 22h30. Bar de l’hôtel ouvert tous les jours de 11h à minuit. Réservation en ligne sur le site de l’hôtel.