Le restaurant OMA, auparavant situé dans le 9ème arrondissement, a rejoint depuis mai dernier le Château des Fleurs, hôtel de charme de 37 chambres seulement situé rue Vernet au cœur du quartier des Champs-Élysées, non loin de la boutique Louis Vuitton. Nous avons testé un déjeuner un samedi, peu avant de temps que la carte ne change. Découvrez notre avis.
Un hôtel de charme au coeur des Champs-Elysées
Nouvel établissement du groupe Bertrand, également derrière l’hôtel Norman, le Château des Fleurs est un hôtel spa lumineux et intimiste à la décoration d’inspiration Années Folles, baptisé ainsi en hommage au jardin du même nom où se déroulaient à cette période de grandes fêtes dansantes, à quelques pas de celles du Bal Mabille. Entre teintes claires, pastel, des éléments en bois et un motif carrelé blanc et bordeaux que l’on retrouve un peu partout, dans les salles de bains ou la piscine du spa illuminée par le fond, tout est d’une grande élégance jusque dans les moindres détails – sachant que la décoration des chambres n’est pas entièrement terminée. On saluera plus particulièrement l’une des suites avec ses grandes baies vitrées, sa baignoire dans la chambre et sa superbe salle de bains à la douche italienne très spa. L’établissement joue sur la qualité du service avec, au-delà de l’habituel service de conciergerie et du service en chambres, de petites attentions comme la rédaction entièrement manuscrite des lettres de bienvenue ou encore un service personnalisé pour les demandes en mariage.
Une cuisine entre tradition et assiettes originales
Pour en revenir au restaurant, OMA est dirigé par la cheffe coréenne Ji-Hye Park, arrivée en France il y a 25 ans et qui s’inspire de la cuisine de son enfance pour ses créations culinaires. Après avoir appris la cuisine auprès de son père (notamment), elle commence à travailler au sein de la restauration il y a environ 16 ans de cela. Elle propose des assiettes bistronomiques simples et généreuses à la fois, entre tradition et création, avec des produits de saison ultra-frais. On retrouve beaucoup de jus et de plats avec des aliments fermentés, typiques de la cuisine coréenne, à la carte.
Nous venons tester un déjeuner un samedi, alors que la cheffe est en train de revoir la carte en profondeur, et notamment les desserts. Actuellement, au-delà d’un fromage de tomme des fleurs à la confiture de yuzu, on trouve deux desserts originaux (une tarte au citron et un gâteau au chocolat), ainsi qu’un Mont Blanc du salon de thé Angelina.
Une salle de restaurant aux allures de salon cosy
La salle du restaurant, d’une petite quarantaine de places, est située au fond à côté du bar au rez-de-chaussée, dans un espace séparé par des cloisons. L’ambiance de salon cosy et intimiste est très agréable. Les teintes claires et pastel dominent, pour une décoration plus féminine que l’hôtel Norman, à quelques encâblures de là, plus feutrée et boisée.
La cheminée aux teintes roses dans le fond de la pièce, le très beau plafond avec miroirs intégrés pour agrandir l’espace, les bibliothèques situées contre le mur derrière les banquettes avec des livres d’art et des luminaires chinés ici et là, le mobilier, à la fois élégant et confortable… Chaque détail a été pensé et tout, ici, invite à la détente, à prendre le temps, de sorte que l’on se sent très vite à l’aise.
En semaine, les déjeuners d’affaire étant plus nombreux à l’heure du déjeuner, beaucoup de clients préfèrent manger dans le lobby du bar, plus spacieux tout en restant intimiste. Celui-ci est ouvert, comme la plupart des hôtels de ce standing, 7 jours/7 et propose la même carte des alcools que l’on nous propose au restaurant.
Une carte restreinte mais variée
Une fois installés dans un angle de la salle du restaurant, nous étudions attentivement la carte, relativement restreinte (5 entrées, 5 plats, 4 desserts) mais très bien conçue, qui met en avant des saveurs et ingrédients typiques de la cuisine coréenne. Le choix s’avère difficile, quoique un peu facilité pour les plats par l’absence du poulpe ce jour-là.
En entrée, nous optons pour le ceviche de bar (19 euros) et les noix de Saint-Jacques (26 euros), et pour le riz OMA (l’un des plats-signature de la cheffe, 23 euros) et le mulhué (grand classique de la cuisine coréenne, 30 euros) en plats principaux.
Des cocktails floraux de qualité
Avant de commencer le repas, nous commandons deux des cocktails création de la carte, le Tonic Verbena (15 euros) et le Tarragon Mule (16 euros). Les cocktails du Château des Fleurs sont résolument floraux (rose, fleur de sureau, fleur de jasmin, fleurs de pois papillon, violette, hibiscus), avec beaucoup de touches végétales (verveine, coriandre, feuille de pandan, estragon, basilic), mais aussi des touches exotiques fruitées (coco, fruit de la passion, yuzu, gingembre, citron…). Les verres que l’on nous apporte sont très jolis, avec des fleurs et pétales déposées sur le dessus et une présentation soignée qui met en valeur la jolie couleur des breuvages.
Le Tonic Verbena (gin Citadelle infusé à l’ortie et à la cardamome, liqueur de bergamote, sirop de verveine, jus de citron frais, tonic bio et artisanal UMA, blanc d’œuf , bouton de rose de Damas) est frais et très floral, léger. La cardamome apporte de la rondeur et l’ortie et la bergamote du caractère. La présence du blanc d’œuf, quant à lui, apporte de la douceur et permet de lier l’ensemble. Il s’agit là d’un excellent cocktail, original et simple à apprécier à la fois.
On goûte ensuite au Tarragon Mule, un rhum plantation Original Dark avec purée de fruits de la passion, jus de citron frais, ginger beer artisanale bio Uma et estragon, qui se révèle là encore très convaincant. Le fruit de la passion ressort beaucoup en bouche et le cocktail possède une acidité plaisante qui ravira les amateurs. Il s’agit d’une boisson à la fois florale et fruitée, pas agressive du tout contrairement à d’autres cocktails Mule qui peuvent se révéler plus « chargés ». La glace pilée sur le dessus est justement dosée et surtout présente, au-delà de la présentation, pour maintenir le breuvage très frais, même quand on prend son temps pour le siroter.
Des cocktails résolument originaux, avec des alcools de qualité. La fourchette de prix, entre 15 et 22 euros, est cohérente avec le standing de l’établissement mais aussi (et c’est le plus important) avec la qualité des breuvages en eux-mêmes. On n’hésitera pas à revenir pour tester d’autres cocktails de la carte qui nous ont fait de l’œil, comme le Cardamome Spirit (whisky 12 ans d’âge à la liqueur de prune, sirop de miel et thé lapsang souchong) ou l’Hibiscus Champagne (vodka infusée à la liqueur de vanille, sirop d’hibiscus, citron, champagne brut Louis Roederer).
Des entrées de haut vol
On nous apporte ensuite nos entrées, toutes deux très joliment et simplement présentées, et qui s’avèrent être toutes deux un sans faute.
Le ceviche de bar est présenté avec des radis marinés et un assaisonnement ponzu, huile de sésame, sarrasin, citron confit et mélisse citron. Le poisson, fondant, est très délicatement mariné dans l’assaisonnement. Il y a un très bel équilibre avec le radis mariné, qui ne prend jamais le dessus. Le citron confit apporte quant à lui une jolie acidité qui, là encore, ne prend jamais le dessus et se marie particulièrement bien avec l’huile de sésame et le sarrasin . Une très belle synergie de saveurs pour ce ceviche qui est sans doute l’un des meilleurs que nous ayons eu l’occasion de déguster.
Les noix de Saint-Jacques à la sauce vierge pimentée et pousses de coriandre, bien dodues, sont incroyablement fondantes, présentées dans un jus à la sauce vierge finement relevée avec oignon blanc et piment rouge sans être trop agressive. Le jus vient apporter un contraste très plaisant avec les noix, tant du point de vue du goût que de la texture puisque oignon et piment sont hachés en tous petits morceaux à l’intérieur de la sauce, ce qui donne un léger croquant. Là encore, très bel équilibre, l’assaisonnement ne venant jamais prendre le dessus mais au contraire sublimer les noix.
Des plats authentiques et réconfortants
Nos deux plats, quoique très différents, seront à l’avenant. Présentés de manière simple et élégante dans de grandes assiettes creuses et accompagnés de petits bols de kimchi et de riz blanc, ils sont servis généreusement.
Le riz OMA au paleron de bœuf avec œuf mollet, algue, radis mariné et sésame, inspiré d’un souvenir d’enfance de la cheffe, possède un côté réconfortant et faussement simple. Le paleron est fondant à souhait et s’accorde bien avec le délicieux assaisonnement aux algues, relevé et doux à la fois, qui renforce le côté comfort food de l’assiette, de même que la cuisson et l’assaisonnement du riz, épais et assez crémeux. L’œuf mollet est délicieux et bien coulant.
En fonction des goûts, on pourra trouver qu’il manque peut-être un jus ou une sauce pour enrober et relever le tout mais, en ce qui nous concerne, nous trouvons que le charme de ce plat tient à sa simplicité sans chichi. Chaque ingrédient a sa place et est bien mis en valeur alors qu’une sauce épicée aurait pu prendre le dessus.
Plat typique de la cuisine coréenne, le mulhué se présente comme un grand bol de sashimis de bar et poulpe avec radis marinés, carottes et chou crus et un bouillon glacé pimenté. Le bouillon glacé est bien pimenté tout en restant équilibré. Il possède une jolie attaque et une bonne longueur en bouche, mais ne prend jamais le dessus sur le poisson, ce qui est fort appréciable.
Les sashimis se trouvent sous le tas de légumes au centre et partout dans le bouillon. Le bar et le poulpe sont très fins et consistants à la fois, un vrai délice ! Les différentes parties du poulpe sont par ailleurs présentes dans l’assiette (chair, tentacules).
Le poisson est très généreusement servi, ce qui fait du mulhué un plat très consistant sans jamais être lourd. Le goût du bouillon répond à celui des tranches de radis mariné (fines au point d’être transparentes) et des légumes crus, légèrement marinés également. Une vraie réussite et une belle découverte.
Pour accompagner nos assiettes, nous avions choisi un verre de vin blanc Sancerre Signature Pascal Jolivet de 2022 à 13 euros (léger, doux et fruité, accompagne à merveille le poisson) et un verre de vin rosé corse Figari du Clos Canarelli 2022 à 14 euros (bien équilibré, fruité juste ce qu’il faut, avec une pointe d’acidité).
Des desserts gourmands au goût intense
Entre une entrée et un plat très généreux et l’alcool, c’est avec l’estomac déjà bien rempli (mais pas lourd) que nous abordons les desserts. Nous optons pour les deux desserts originaux servis ce jour-là : la tarte au citron et le gâteau au chocolat OMA.
La tarte au citron est servie déstructurée avec un crumble qui tient plus du biscuit sablé croquant que du crumble émietté, des brins de basilic thaï et des morceaux de meringue parsemés sur la crème de citron. La crème de citron est excellente, bien crémeuse et très concentrée, ce qui est un régal si vous adorez l’acidité de cet agrume. La meringue, très fine et peu sucrée, est présentée sous forme de fines tuiles. Un très bon dessert pour les amateurs de tartes au citron relevées.
Quant au gâteau au chocolat OMA, celui-ci tient plus du gâteau-mousse que du vrai gâteau. Imaginez prélever le cœur coulant d’un fondant au chocolat noir et l’étaler sur une assiette et vous aurez une idée de la consistance de cet étonnant mais non moins délicieux dessert pour les amateurs du genre. Des tuiles de chocolat noir parsemées de flocons de piment, croquantes et très fines, sont posées dessus. Là encore, un dessert au goût intense. Au final, nous ne parviendrons pas à terminer complètement nos desserts, mais nous sortons convaincus et ravis de chez OMA. Bien que les assiettes soient appelées à évoluer, le restaurant avec sa carte actuelle est déjà un délice, avec un bon rapport qualité-prix pour ce type d’établissement semi-gastronomique si l’on considère la qualité de la préparation et la générosité des assiettes. Nous avons donc hâte de voir ce que Jie-Hye Park nous réserve pour la suite !
Restaurant OMA à l’Hôtel du Château des Fleurs, 19 rue Vernet, 75008 Paris (RER A ou M° Charles de Gaulle Étoile ou George V). Ouvert du mardi au samedi de 12h à 14h30 et de 19h à 22h30. Réservation en ligne sur le site de l’hôtel. Le bar de l’hôtel est quant à lui ouvert tous les jours de 11h à minuit.