Inaugurée fin avril alors que plusieurs musées parisiens mettaient les Jeux Olympiques à l’honneur, La mode en mouvement #2 au Palais Galliera propose de découvrir plus de 250 œuvres permettant de retracer l’évolution de la mode (principalement féminine) du XVIIIème siècle jusqu’à nos jours. Comme la thématique choisie est « le corps en mouvement », ce sont les tenues d’extérieur et tenues sportives qui sont mises en avant ici.
Du XVIIIème siècle à nos jours : pratique sportive et libération des corps
La mode en mouvement #2 consiste en une grande exposition réunissant différents types de tenues présentées de manière chronologique (décennie par décennie à partir du XXe siècle) et une exposition secondaire autour de l’histoire des tenues balnéaires.
Chaque partie de l’exposition principale est introduite par un texte à la fois précis et concis mettant en parallèle les évolutions du vestiaire féminin avec les évolutions politiques, sociétales ou industrielles sur la même période. Ainsi, la révolution industrielle et son accélération progressive et constante à la fin du XIXème siècle est mise en relation directe avec la libération des corps, et plus particulièrement de la silhouette féminine.
Les tenues des femmes aisées s’adaptent aux différentes activités du quotidien et, alors que l’exercice physique et la pratique sportive gagnent en popularité, des changements sont opérés, y compris sur des toilettes d’aucuns jugeraient aujourd’hui particulièrement contraignantes, comme la tenue d’amazone, vers 1830, composée d’une jupe modulable en longueur et d’un spencer, conçue pour la ballade équestre. La jupe longue en toile de coton enduite comportait des boutons afin de la relever à 30cm du sol afin que la cavalière marche jusqu’à sa monture sans se salir. Une fois en scelle, les boutons se défaisaient afin que les pans de la jupe s’agitent au galop, accompagnant la course de l’animal. La cavalière conservait ainsi toute son élégance. Il faudra cependant attendre les années 1910 pour que le corset, de rigueur au début du siècle, cède la place à la robe droite haute, plus simple et moins contraignante.
Quand la popularité du cyclisme et du tennis transformait le vestiaire féminin
Le parcours permet de suivre le développement des loisirs et des pratiques sportives au fil du temps, et la réaction de la société face aux évolutions du vestiaire féminin.
Ainsi, on apprend que la popularité grandissante du cyclisme à partir de 1870 avait suscité la polémique quant à une pratique féminine : non seulement une partie du corps médical prétend alors que la bicyclette serait mauvaise pour la fertilité, mais beaucoup crient à l’indécence car ce sport ne peut être pratiqué qu’en culotte bouffante (surnommée bloomer) ou en pantalon. Dans les années 30, une tenue de tennis à la jupe relativement courte vient libérer davantage les jambes des femmes avant l’apparition, bien plus tard, de la mini-jupe, créée par Mary Quant en 1962.
Le rôle des conflits mondiaux dans la garde-robe féminine est également abordé. Ainsi, les hommes partis au front au moment de la Première Guerre Mondiale, les femmes prennent une part plus active à la société, où elles assurent des tâches autrefois dévolues aux hommes. Cela se traduira par des tenues plus courtes, simples et pratiques.
Un voyage à travers le temps au fil des décennies
L’exposition permet de passer avec bonheur du style distinctif des robes de soirée de la Belle Epoque (où les danses telles que le fox-trot, le charleston ou encore le black bottom se popularisent lors des soirées mondaines) aux tenues des années 50 (décennie où le prêt-à-porter fait son apparition en rez-de-chaussée des maisons de haute couture) et à celles des années 60, où la conquête de l’espace inspire des robes au look futuriste immédiatement reconnaissables.
La dernière partie de La mode en mouvement #2 voit bien sûr l’importance grandissante du sportswear américain qui, après avoir fait ses premiers pas dans les années 50, connaît véritablement son heure de gloire à partir des années 80 et 90, où la silhouette féminine sportive est volontiers glamour et exubérante, avec des couleurs vives. Une influence qui transparaît également dans le prêt-à-porter quotidien, dynamique et élancé, alors que l’influence du hip-hop se retrouve aussi bien dans la mode que la musique pop. Le début du XXIème siècle, avec la prévalence de la basket, également adoptée à la ville et portée avec des tenues non sportives, verra une certaine fusion des vestiaires citadin et sportif.
Enfin, quoique assez brève à parcourir par rapport à l’exposition principale, l’exposition sur les tenues de bain est également très intéressante. L’impact du développement du tourisme balnéaire et son impact sur la libération des corps est évident.
Au-delà des différentes pièces présentées, on pourra également une affiche de la Police des Bains de Mer de Granville en 1837, qui déroulait le code de conduite à tenir pour les baigneurs : tenues exigées pour les messieurs et les dames ou encore non mixité, puisque les hommes avaient interdiction de se promener ou de se baigner dans la section de la plage réservée aux femmes pendant le bain de celles-ci.
La mode en mouvement #2 au Palais Galliera permet ainsi de remonter le temps et de prendre la mesure de l’évolution du vestiaire féminin au fil des siècles, puis des décennies, à partir de la seconde partie du XVIIIème siècle jusqu’à aujourd’hui à travers une très belle sélection de pièces variées, présentées au sein d’une scénographie sobre et élégante et mises en perspective à travers des textes courts et pertinents permettant de mieux saisir les changements successifs opérés.
La mode en mouvement #2, jusqu’au 5 janvier 2025 au Palais Galliera, 10 avenue Ier de Serbie, 75116 Paris (M° 9 stations Iéna ou Alma-Marceau, RER C Pont de l’Alma). Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Nocturnes les jeudis jusqu’à 21h. Tarifs : 12 € (plein tarif) ou 10 € (tarif réduit) pour les adultes en mode « solo » (exposition seule) ou bien 15 € (plein tarif) ou 13 € (tarif réduit) si couplé à l’exposition temporaire. Gratuit pour les – de 18 ans. Réservation en ligne sur le site des Musées de Paris.