Caractéristiques
- Titre : Juré N°2
- Titre original : Juror #2
- Réalisateur(s) : Clint Eastwood
- Avec : Nicholas Hoult, Toni Collette, J.K. Simmons, Chris Messina, Gabriel Basso, Zoey Deutch, Cedric Yarbrough, Leslie Bibb et Kiefer Sutherland.
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Drame, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 114 minutes
- Date de sortie : 30 octobre 2024
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage réalisé par Clint Eastwood (Cry Macho, Le Cas Richard Jewell, La Mule), Juré N°2 raconte l’histoire de Justin Kemp, un futur père de famille ordinaire, qui se retrouve juré dans un procès pour meurtre très médiatisé. Alors qu’il est confronté à un dilemme moral déchirant, Justin réalise qu’il détient le pouvoir d’influencer le verdict du jury, ce qui pourrait avoir pour effet, soit de faire condamner, soit de faire libérer l’accusé. Alors, que vaut ce 42ème long-métrage pour le réalisateur ?
Un film procédural prenant
A 94 ans, Clint Eastwood réalise toujours des films, certes de qualité variable avec des résultats tout aussi variables au Box-Office. Mais l’acteur/réalisateur a toujours su rebondir. Pour son dernier (et peut-être ultime long-métrage), il nous offre une histoire mêlant thriller psychologique, film procédural et critique du système judiciaire américain. Côté scénario, on suit donc Justin, journaliste dans une petite ville. Sa femme est enceinte, mais vit une grossesse à risque. Alors que celle-ci peut accoucher à n’importe quel moment, il se retrouve juré sur un procès. Le problème, c’est qu’il semblerait que l’accusé soit innocent et que Justin soit le vrai coupable de l’histoire…
Car oui, James Sythe (Gabriel Basso, de la série Night Agent, qui offre une belle prestation) semble le coupable idéal. Sa vie passée au sein d’un gang et la soirée qu’il a passée avec sa petite amie avant qu’elle meurt font qu’il n’y a quasiment aucun doute sur sa culpabilité. Mais plus l’histoire est déballée, plus Justin (l’interprétation de Nicholas Hoult, tout en intériorité, est impressionnante). comprend que c’est lui le vrai coupable de l’histoire et que, durant la soirée fatidique de la mort de la jeune fille, il conduisait alors qu’il y avait un orage et qu’il pleuvait à ne pas trop voir la route. Le jeune homme pensant avoir heurté un cerf et ne s’était pas inquiété plus que ça. Il est du coup confronté à un dilemme. Doit-il se dénoncer ? Doit-il faire en sorte d’influencer le jury pour qu’il innocente Sythe ?
Un thriller psychologique haletant…
Toutes ces questions sont réparties en trois gros actes. Le premier est le procès en lui-même, avec la présentation des faits et des témoins. C’est là que Justin se rend compte que c’est lui le vrai coupable. Les faits énoncés se mêlent aux souvenir du jeune homme. La seconde, et plus grosse, partie est très certainement la plus intéressante. Nous sommes avec les douze jurés, dans une salle, où ils délibèrent. Le problème, c’est que, soit ce jury déclare à l’unanimité que le suspect est coupable ou non coupable. Ou, s’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, il y aura un nouveau procès – ce qui relancera l’enquête. Justin doit donc tout faire pour que Sythe soit innocenté. Il doit convaincre chaque juré.
Dans ce jury, il y a un ancien lieutenant de police (J.K. Simmons, toujours bon, mais dont le personnage aurait pu être plus exploité dans la dernière partie) qui va comprendre assez vite que Sythe n’est pas le vrai coupable, et d’autres personnages de divers horizons et ethnies. Le fait de montrer autant de diversité permet de représenter la diversité du peuple américain, mais aussi de montrer que chacun a ses priorités (ses enfants, son emploi, etc.) et sa complexité. Peu de personnes du jury s’intéresse véritablement à l’affaire qu’ils jugent. C’est là que le système montre ses limites. Peut-on vraiment juger une personne impartialement si nous avons d’autres priorités ? Le scénario ouvre une piste de réflexion pertinente.
Une autre interrogation intéressante est celle-ci : Justin doit-il se rendre ou non ? Sythe ayant un passé de délinquant et lui étant un homme ordinaire qui pensait simplement avoir renversé un cerf, doit-il payer ? Là encore, le scénario nous permet de nous interroger sur ce qu’est la justice autour d’une discussion entre Justin et la procureur de l’affaire (Toni Collette, toujours parfaite). La scène finale de Juré N°2 offre une réponse partielle, avec une porte qui s’ouvre et laisse une libre interprétation au spectateur. On pourrait dire que tout le cinéma de Clint Eastwood se résume à cette scène finale : laisser le spectateur choisir.
… mais une partie technique classique
Côté technique, on sent que le réalisateur est en mode automatique. Techniquement, il fait le minimum pour raconter son histoire. A 94 ans, il n’a plus rien à prouver mais là, on en attendait plus de sa part. Certes, la direction photo est élégante et sied parfaitement au film mais c’est tout. Le montage est bon et rythmé, de sorte que les quasi deux heures de durée passent bien. Juré N°2 n’a presque pas de musique, laissant place évidemment aux dialogues, qui sont nombreux. Quand celle-ci fait son entrée, la composition de Mark Mancina accompagne parfaitement le film et appuie les doutes de Justin.
Pour le reste du casting, il est solide, avec de belles prestations, principalement de Chris Messina en avocat de la défense, Zoey Deutch dans le rôle de la femme de Justin. Cedric Yarbrough et Leslie Bibb, qui interprètent deux autres jurés. Et Kiefer Sutherland dans un petit rôle d’avocat et de parrain de sobriété de Justin.
Juré N°2 est autant un thriller psychologique réussi, un film procédural prenant qu’une réflexion intéressante sur le système judiciaire américain. Si le long-métrage ne brille pas par sa technique, il rayonne par son casting impliqué.