Caractéristiques

- Titre : Companion
- Réalisateur(s) : Drew Hancock
- Scénariste(s) : Drew Hancock
- Avec : Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Megan Suri, Harvey Guillén et Rupert Friend
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Epouvante-horreur, Romance, Science Fiction, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 97 minutes
- Date de sortie : 29 janvier 2025
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Premier long-métrage écrit et réalisé par Drew Hancock (créateur de la série Florida Man), Companion raconte l’histoire d’Iris, qui découvre un terrible secret après avoir été invitée à un week-end dans la propriété au bord du lac de son nouvel amoureux.
Un petit film efficace
Et comme vous pouvez le voir dans la bande-annonce, nous découvrons très vite qu’Iris est en fait un robot de soutien émotionnel (pour ne pas dire autre chose) et, dès le début du film, on sait aussi comment il finira, Iris annonçant la couleur. Est-ce que ces deux révélations gâchent le visionnage de Companion ? Clairement pas. Découpé en trois actes d’une demi heure, le long-métrage se concentre d’abord sur la relation entre Iris (Sophie Thatcher, juste excellente, aussi bien dans le côté robotique qu’humain) et Josh (Jack Quaid, dans un rôle double auquel il est habitué), leur rencontre et leur histoire d’amour.
Nous découvrons donc la maison d’amis du couple, située dans un endroit perdu. On nous présente alors deux couples : Kat (Megan Suri, qui surjoue parfois) et Sergey (Rupert Friend, amusant, avec un accent russe à couper au couteau), et Eli (l’hilarant Harvey Guillén) et Patrick (Lukas Gage, dans un rôle plus compliqué à jouer qu’on ne le pense). Alors que tout se déroule à merveille, tout va partir en vrille, mettant fin au premier acte. Les rebondissements s’enchaînent dans la seconde et troisième partie, avec une grosse révélation à la fin du second acte qui lancera le troisième. Le tout est bien géré. On ne s’ennuie pas une seconde entre les courses poursuites, les meurtres, les retournements de situations, l’humour qui fait mouche à chaque fois, etc. Tout est fait pour que l’on garde un rythme soutenu durant une bonne heure et demie.

Une métaphore qui fonctionne bien
Et si, du côté du divertissement, le long-métrage fait le travail, il le fait aussi du côté de sa métaphore. Le personnage d’Iris, même si elle est un robot, est clairement une métaphore d’une femme sous l’emprise d’un homme toxique qui veut contrôler chaque aspect de sa vie. Il peut, ici, régler son niveau d’intelligence, lui imposer d’autres réglages, l’habiller comme lui l’entend et, évidemment, faire d’elle ce qu’il veut. Et, lorsqu’elle sort de ce contrôle, son partenaire devient violent. Une métaphore qui fonctionne jusqu’au dénouement du film. Evidemment, d’autres sortes de contrôles, que nous ne révèlerons pas, sont également présents et l’ensemble est narrativement convaincant.

Un thriller horrifique avec une touche d’humour qui fait mouche
Du côté de la réalisation, Drew Hancock s’en sort plutôt bien pour une première réalisation. Il ne prend pas vraiment de risques. S’appuyant sur la prestation de ses acteurs, il ne fait pas d’esbrouffe et ne tente pas de plan compliqué. Il gère aussi bien les scènes de tension, d’horreur que d’humour. La direction artistique est bonne. La maison isolée a un aspect moderne et angulaire qui donne autant une sensation de bien que de malaise selon l’éclairage. Les costumes aussi sont importants, spécialement ceux d’Iris, qui contrastent complètement avec les costumes des autres personnages. Enfin, la musique de Hrishikesh Hirway accompagne bien le film.
Avec un petit budget de 10 millions de dollars et un casting impliqué, une histoire simple mais efficace autant au niveau de la narration que de sa métaphore, Companion est un thriller sous tension avec un côté horreur assez gore, mais aussi un humour qui fait mouche. Un premier long-métrage réussi pour Drew Hancock.
Sur le papier, le concept de Companion, quoique déjà en partie vu dans le cinéma et les séries SF ces précédentes décennies, avait du bon et nous avions une véritable curiosité quant à l’exploitation de cette idée. La bande-annonce et la communication autour du film mettaient l’accent sur la satire, mais aussi la dimension féministe, le tout avec un ton pop et mordant. Malheureusement, au bout du compte, le métrage de Drew Hancock n’atteint qu’en partie ses objectifs et ne répond pas vraiment à nos attentes. Ainsi, la représentation métaphorique d’une femme sous l’emprise de son petit-ami en reste aux clichés de base. Le scénario dépeint la situation à gros traits de crayon (voire de marqueur), ne nous permettant pas vraiment de nous identifier à l’héroïne avant sa rébellion.
Pour cela, il aurait sans doute mieux valu garder le secret sur sa véritable nature jusqu’à la fin du premier acte au moins et distiller les indices que quelque chose cloche de manière plus subtile ou, tout simplement intéressante. La dimension la plus intéressante de Companion, au final – malgré, là aussi, des défauts évidents – est sa dimension satirique, qui s’apparente à une sorte de Petits meurtres entre amis en moins grinçant et jubilatoire, tous les personnages « humains » du métrage étant moralement antipathiques sous des dehors de politesse, gentillesse et pseudo-respectabilité. C’est ce qui permet au film, avec l’abattage de son actrice principale, de retenir un tant soit peu notre attention sans que l’on baille aux corneilles. Sans être un désastre ni même un mauvais film en soi, Companion n’en reste pas moins une déception. Un film à voir au second degré en tout cas, et qui n’apporte rien, dans le fond, au sujet qu’il prétend traiter.