
Le Musée de la Mine basé sur le site de Couriot à Saint-Etienne dans la Loire a inauguré un nouveau parcours de visite en décembre dernier, interactif et davantage axé autour du digital et de l’immersion pour ses salles d’exposition en intérieur. A cette occasion, Culturellement Vôtre s’est déplacé et a découvert ce site exceptionnel pour la première fois.
Un ancien site minier classé Monument Historique
Le musée de la mine de Saint-Etienne a ouvert sur le site du puits de Couriot en 1991. A l’origine du projet : la volonté de conserver le patrimoine architectural industriel du bassin de la Loire et la mémoire des mineurs. Le site a été classé Monument Historique en 2011. Autre signe de sa réputation et de sa popularité : aujourd’hui, il est tellement populaire qu’il enregistre plus de visites chaque année que le (très bon) Musée d’Art Contemporain de la ville.
Ce site minier se trouve à deux pas du centre-ville et est rapidement accessible depuis la gare. Il est édifié en 1912 par la société anonyme des Mines de la Loire, mais la mine en elle-même existait déjà. S’étendant sur plusieurs dizaines d’hectares, il a été particulièrement bien préservé puisque l’on peut encore admirer ses machines, sa lampisterie, ses vestiaires, mais aussi visiter une galerie souterraine, reconstituée par le musée afin d’immerger les visiteurs dans l’univers de la mine et le travail des ouvriers.
Si la visite du site d’origine n’a pas changé, en revanche, l’équipe du musée a travaillé d’arrache-pied pendant près de 3 ans pour donner un coup de jeune à la première partie du parcours, à savoir les salles d’exposition permettant de découvrir l’histoire du charbon et de l’activité houillère dans la ville et ses environs, mais aussi le fonctionnement de la mine ainsi que la vie et le travail des ouvriers.

Des salles d’exposition interactives
Pour cela, les 3 salles en intérieur ont complètement été repensées. Les éléments traditionnels (documentaires, maquettes et reconstitution d’objets, photos…) sont désormais intégrés à un environnement interactif aussi agréable que moderne qui permet de proposer une meilleure immersion aux visiteurs, qui deviennent ainsi acteurs de cette partie de la visite. L’idée est de pouvoir intéresser les visiteurs de tous âges – y compris les enfants – mais aussi de permettre à ceux qui, pour des raisons d’accessibilité ou de de disponibilités, ne pourront pas découvrir la galerie souterraine (les places pour sa visite sont limitées et ne permettent pas d’accueillir tous les visiteurs), de se faire une idée de la mine et de son fonctionnement de manière vivante.
Dans la première salle, nous découvrons ainsi d’où vient le charbon à travers des projections vidéo aux murs (mais aussi au sol) qui retracent l’histoire de la Terre et de l’évolution de la végétation dans la région, en partant de l’ère carbonifère. Face au mur principal, un fossile et une roue interactifs à hauteur d’enfant permettent de voir en accéléré l’évolution de l’environnement, mais aussi de faire apparaître des insectes, des plantes, avec de courtes explications qui s’affichent…
Au niveau des colonnes de la salle, de faux arbres ont été placés : les visiteurs peuvent en toucher les troncs, pour une expérience tactile qui intéressera plus particulièrement les enfants.

Ce mélange entre expérience interactive et tactile permet une bonne immersion tout en captant dès le départ l’intérêt et la curiosité des plus jeunes. Cette entrée en matière permet ensuite de mieux aborder (de manière plus classique), dans la seconde salle, les spécificités du charbon (seconde source d’énergie primaire après le pétrole – et la plus polluante) et de l’exploitation des puits dans la région, qui ont participé, dès le XIXème siècle, au développement industriel de Saint-Etienne et ses environs, documentaire et maquette géante à l’appui.
Si la démonstration est sérieuse, la maquette permet de visualiser les différents puits et la présence du charbon en le situant parmi les différentes couches terrestres. Au-delà des différents usages du charbon à l’époque, on apprend aussi à l’occasion que, même si le site minier de Couriot a fermé définitivement en 1973 après avoir été partiellement démantelé, 2 centrales à charbon produisent encore de l’électricité à la demande aujourd’hui.

Immersion dans la mine et le quotidien des ouvriers
Enfin, la 3ème salle, axée autour de la mine et du travail des ouvriers, présente différents éléments pêle-mêle, dont plusieurs écrans où sont projetés des extraits de documentaires. Pour pouvoir écouter les explications donnés en voix-off, il faut se placer sous les douches sonores au plafond. Un dispositif pratique, discret et efficace, qui permet d’éviter le recours aux casques, plus contraignants et moins hygiéniques, sans pour autant gêner les personnes placées plus loin.
Les documentaires permettent de découvrir la mine et la vie des ouvriers dans ses différents aspects : les luttes sociales, le rôle des syndicats, la manière dont les ouvriers (qui comptaient parmi eux beaucoup d’immigrés italiens, grecs ou polonais) vivaient en dehors du travail. Les célébrations de la Sainte-Barbe, qui était une journée non travaillée, sont ainsi abordées.
Et, bien sûr, on découvre les différents métiers de la mine, ou encore les dangers du travail en galerie, comme le fameux coup de grisou, une explosion de gaz liée au taux de concentration de gaz par rapport à l’oxygène présent dans l’air.
Des objets liés à la mine sont accrochés sur tout un pan de mur, comme un casque ou un brancard. On peut en toucher certains, comme le marteau piqueur, placé près d’un morceau de galerie reconstitué, pour mieux appréhender le travail des mineurs.

Visite d’un des anciens sites miniers les mieux préservés
Une fois cette première partie du parcours achevée, on se dirige vers l’ancien site avec son imposante machine qui permettait aux ouvriers de descendre à la mine via un ascenseur. Au pic de son activité, Couriot réunissait de 1100 à 1200 personnes (ouvriers et équipe administrative) sur site et celui-ci a été très bien préservé. Sa patine lui donne un certain charme et, le site étant classé au rang des monuments historiques, les machines, la lampisterie, les vestiaires et les douches que nous visitons n’ont évidemment pas été refaits. Le cadre et l’atmosphère sont donc différents de ceux de l’époque ayant précédé la fermeture, mais les différents espaces et éléments permettent immersion d’une qualité assez rare.

Parmi les différents espaces du site, la salle abritant la machine, avec son ascenseur, qui permettait aussi d’établir la communication avec la mine, est la plus impressionnante. Le volume sous plafond est en lui-même assez impressionnant, mais la machinerie avec ses anciens rouages nous immergent immédiatement à une autre époque et rendent les explications de notre guide plus concrètes. La machine que l’on peut admirer était moderne pour l’époque et fonctionnait en automatique. Un machiniste était cependant toujours présent pour faire remonter les mineurs.
On passe ensuite à la salle d’extraction, avec sa machine conduite par un ouvrier spécialisé là encore, et qui permettait de faire monter et descendre le charbon.
La lampisterie, avec ses centaines de casiers alignés en rangs, permettait aux mineurs de récupérer les lampes indispensables pour leurs casques et torches. Chaque ouvrier disposait par ailleurs d’un jeton portant le numéro qui lui était attribué. Tous les jetons, classés, se trouvaient réunis au même endroit, à quelques pas des lampes. Quand le jeton était présent, cela signifiait que l’ouvrier était en bas. En cas d’accident, cela permettait ainsi de savoir tout de suite qui était dans la mine. Notre guide nous raconte que l’équipe du musée a reçu de nombreux témoignages émouvants liés à ces jetons au fil des ans. Comme cette dame qui voulait récupérer le jeton de son mari décédé – ce qui n’était malheureusement pas possible. Le musée a alors fait en sorte qu’elle puisse se procurer un jeton neuf portant le numéro qui était attribué à son époux à l’époque.

Enfin, la visite (avant celle de la galerie, pour les chanceux qui pourront y accéder), se termine dans la salle des vestiaires et des douches, qui étaient surnommée Le Grand Lavabo à l’époque, avant d’être renommée « La Salle des Pendus » par les journalistes. Un sobriquet quelque peu macabre tout simplement lié au fait que c’est au plafond (très haut) de cette salle que les mineurs suspendaient leur seau auquel ils accrochaient leur uniforme, leur casque, mais aussi tout ce qui leur permettait de se laver et nettoyer le visage ensuite. Le rendu avec tous les seaux est assez impressionnant mais ne reflète pas vraiment l’atmosphère très vivante qui se dégageait des lieux puisque les ouvriers parlaient beaucoup chaleureusement entre eux avant de descendre à la mine et en en remontant. Les douches étaient quant à elles chauffées.
En ce qui concerne la galerie souterraine, celle-ci était entretenue par les employés du musée le matin de notre visite, mais il est bon de savoir que seules 15 visites sont organisées par jour. Le nombre de places pour chacune étant restreint, celles-ci partent très vite. Il est donc conseillé de vous rendre sur place assez tôt si vous voulez avoir le plus de chances d’y participer.
Pour toutes les personnes qui souhaiteraient mieux découvrir l’histoire industrielle de Saint-Etienne et ses environs et en apprendre davantage sur l’exploitation du charbon et le travail des mineurs, le Musée de la Mine sur l’ancien site de Couriot est une visite incontournable. Au-delà de la grande qualité pédagogique du parcours proposé, l’ancien site du puits de Couriot a été admirablement préservé – ce qui n’est pas le cas de tous les autres sites que en France que l’on peut encore visiter. Un morceau d’Histoire accessible aux petits comme aux grands.
Couriot – Musée de la Mine, 3 boulevard Maréchal Franchet d’Esperey, 42000 Saint-Etienne. Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Réservations sur la billetterie en ligne du musée. La visite de la galerie souterraine se fait sur réservation uniquement. Des ateliers sont régulièrement proposés, sur réservation.