Caractéristiques

- Titre : Mickey 17
- Réalisateur(s) : Bong Joon Ho
- Scénariste(s) : Bong Joon Ho
- Avec : Robert Pattinson, Naomie Ackie, Steven Yeun, Anamaria Vartolomei, Toni Collette et Mark Ruffalo
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Action, Comédie, Science Fiction
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 137 minutes
- Date de sortie : 5 mars 2025
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Bong Joon Ho (Parasite, Okja, Snowpiercer), Mickey 17 raconte l’histoire de Mickey pour qui mourir est une habitude. Il est un remplaçable, engagé volontaire pour tester les dangers auxquels est soumis l’humanité. En cas de décès, il se trouve régénéré avec la plupart de ses souvenirs. Mais que se passerait-il si Mickey 17 survivait à Mickey 18 ?
Un bon récit de science-fiction
Comme on peut le voir d’après le synopsis, nous sommes dans un univers de science-fiction. Bong Joon Ho est de retour avec son genre fétiche après Snowpiercer et Okja. Le scénario nous propulse donc dans le futur. Mickey et son ami Timo (Steven Yeun, qui montre encore l’étendue de son talent) ont des problèmes sur Terre avec la mafia. Pour leur échapper, ils partent tous deux vers un nouvel horizon et une nouvelle planète, la bien nommée Niflheim.
A bord du vaisseau, il y a Kenneth Marshall (Mark Ruffalo, hilarant en parodie d’un homme politique raté américain) et sa femme Ylfa (la toujours parfaite Toni Collette). Le couple pilote ce voyage de quatre ans. Tout aurait pu aller pour le mieux sauf que, n’ayant ni éducation ni diplôme, pour partir, Mickey s’est désigné comme remplaçable. Une nouvelle technologie permettant de cloner une personne après sa mort, il va donc devenir le cobaye de quelques expériences jusqu’à leur arrivée sur la planète.
Entre temps, durant le voyage, il fait la connaissance de Nasha (la géniale Naomie Ackie), qui fait partie de la sécurité du vaisseau et de la colonie. Ils vont devenir un couple malgré la mission de Mickey. Sur la planète, après une rencontre avec la faune locale, Mickey 17 rentre et découvre que, le pensant mort, il a été répliqué par l’équipage. Le problème, c’est qu’il est interdit d’avoir une même personne en double. Une course contre la montre s’engage pour sauver les Mickey… et peut être l’humanité.
Evidemment, si vous connaissez le cinéma du réalisateur sud-coréen, toute cette histoire apparaît clairement comme une parabole sociale telle qu’il les aime puisque Mickey est un personnage qui se trouve au plus bas de l’échelle sociale et est littéralement jetable. On l’utilise pour des expériences scientifiques et des missions dangereuses. Il va donc, par cette histoire, devoir s’émanciper de sa condition.

De bonnes métaphores…
En cela, l’histoire est très bien écrite et on se prend d’affection pour Mickey 17. Le cheminement du personnage est logique même si, la plupart du temps, il subit l’action et les événements. Ce qui est assez paradoxal car celui qui a droit au plus d’action est un personnage secondaire, celui de Mickey 18. En effet, pour appuyer son propos, Bong Joon Ho a fait en sorte que, même si une personne est répliquée avec ses souvenirs, son caractère change d’une copie à l’autre. Chaque Mickey est ainsi une personne à part entière. Cela soulève évidemment un problème éthique, ce qui permet de poser des questions. Et si cela fonctionne, c’est aussi grâce à la superbe performance de Robert Pattinson, qui fait que l’on a autant d’empathie pour Mickey 17, mais aussi que l’on croit aux deux Mickey présents à l’écran et à leurs interactions.
Le tout (histoire et personnages) permet de proposer une critique du monde actuel. Ce que Bong Joon Ho fait habituellement très bien – et c’est toujours le cas ici. La métaphore autour de l’échelle sociale est toujours pertinente et le cinéaste la fait passer avec un humour qui fait mouche. On pense notamment au gag récurrent autour de la manière dont Mickey est « imprimé » comme une feuille de papier avec des allers-retours ou encore aux différentes morts des Mickey précédents. Il y a aussi le thème de l’invasion, qui est présente avec les créatures vivantes sur la planète.
Car oui, comme on aime à le dire dans le film, ici, ce sont les humains les extra-terrestres et non l’inverse. Et là, on voit la critique d’une certaine pensée américaine qui se permet tout par le biais d’une autre métaphore aboutie. Le seul vrai problème de Mickey 17 est que le film possède malgré tout quelques longueurs – plus particulièrement dans le second acte, qui est un peu long.

… mais quelques longueurs
Au delà de ça, l’autre défaut du film est la disparition, en cours d’intrigue, du personnage de Kai (interprété par notre sublime Anamaria Vartolomei). Elle est présente dans les deux premiers actes du film avec un arc intéressant, mais disparaît lors du troisième pour ne revenir qu’à la toute fin. C’est dommage. On sent que des scènes ont été coupées en milieu de métrage avec ce personnage, qui amenait une dynamique aussi différente que prenante. De plus, certaines interactions du personnage permettent aussi de marquer les différences entre Mickey 17 et Mickey 18 et d’affirmer qu’il s’agit de deux personnes différentes. Mais bon, c’est bien peu par rapport aux différentes qualités du film, qui sont également visuelles, avec une excellente réalisation. Techniquement, Bong Joon Ho prouve encore une fois son savoir faire, notamment lors de plans séquences bien pensés.
La direction artistique nous plonge clairement dans ce futur palpable et le vaisseau, la planète, mais aussi ses créatures sont réussis dans leur design comme dans les effets spéciaux. Enfin, la musique de Jaeil Jung, principalement au piano, accompagne bien le film, avec quelques thèmes émouvants. Il expérimente davantage lors des scènes mettant en scène les créatures de Niflheim et reste plus classique dans les scènes d’action.
Mickey 17 est donc une nouvelle réussite pour Bong Joon Ho. Grâce à des métaphores bien pensées, il offre une critique de la société toujours pertinente sous couvert d’un divertissement de science fiction comique réussi avec un Robert Pattinson au sommet.