Caractéristiques

- Titre : Conjuring : L'Heure du Jugement
- Titre original : The Conjuring: Last Rites
- Réalisateur(s) : Michael Chaves
- Avec : Patrick Wilson, Vera Farmiga, Mia Tomlinson, Ben Hardy, Steve Coulter, Rebecca Calder, Elliot Cowan...
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Epouvante-horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 135 minutes
- Date de sortie : 10 septembre 2025
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Quatrième volet de la saga horrifique entamée en 2013, Conjuring : L’Heure du Jugement (The Conjuring: Last Rites) signe le retour des célèbres enquêteurs du paranormal Ed et Lorraine Warren, incarnés – sans doute pour la dernière fois – par Patrick Wilson et Vera Farmiga. Réalisé par Michael Chaves, déjà aux commandes du décevant Conjuring 3 – Sous l’emprise du Diable (2021), mais aussi de La Nonne – La Malédiction de Sainte Lucie et de La Dame Blanche, ce nouvel opus se déroule en 1986 et s’annonce comme la conclusion officielle d’une franchise devenue culte, malgré ses spin-off inégaux.
Une franchise culte face à son héritage
En 1986, alors qu’ils rêvaient de tourner la page, Ed et Lorraine Warren sont entraînés malgré eux dans une ultime enquête. La famille Smurl, installée en Pennsylvanie, voit sa maison devenir le théâtre de phénomènes terrifiants, révélant la présence d’une entité plus ancienne et plus malveillante que tout ce que les célèbres démonologues ont pu affronter jusque-là. Ce dernier combat s’annonce comme le plus éprouvant de leur carrière et la conclusion – en 2h15 – d’une saga qui aura durablement marqué le cinéma d’horreur contemporain.
En 2013, Conjuring – Les Dossiers Warren s’imposait comme un phénomène inattendu, séduisant à la fois le grand public et les amateurs de frissons plus exigeants. Douze ans plus tard, la franchise a rapporté plus de deux milliard de dollars au box-office mondial et hissé Patrick Wilson et Vera Farmiga au rang d’icônes horrifiques. Cette réussite a bien sûr été ternie par des suites inégales et une flopée de spin-off paresseux, qui ont souvent dilué l’impact initial. Mais avec Conjuring – L’Heure du Jugement, Michael Chaves semble promettre un retour aux fondamentaux : une enquête finale aux accents tragiques, centrée sur l’adversaire démoniaque le plus redoutable de la carrière des Warren. Alors qu’en est-il ? Force est de constater que le réalisateur s’en tire avec les honneurs et que ce quatrième opus se pose autant en conclusion définitive qu’en possible passage de relais.

Entre horreur domestique et drame familial
Le récit alterne constamment entre deux familles : les Warren et les Smurl. Du côté d’Ed et Lorraine, les conférences ont pris le pas sur les enquêtes, et le couple vieillissant n’échappe pas aux moqueries d’étudiants sceptiques qui les accusent d’imposture. L’action se déroule à un rythme posé, aux côtés de la jeune Judy, désormais adulte, qui prend enfin sa place au premier plan du long-métrage. En parallèle, les Smurl vivent dans une maison bruyante où cohabitent trois générations, rapidement tourmentées par des phénomènes inexpliqués de plus en plus violents. Le foyer et la cellule familiale sont donc au cœur du long-métrage, qu’ils soient paisibles ou menacés par le Mal. Moins effrayant que ses prédécesseurs, ce Conjuring joue davantage sur la nostalgie et l’émotion que sur la terreur pure.
Michael Chaves mobilise malgré tout l’arsenal classique du film d’épouvante : couloirs sombres, bruitages angoissants, jouets mécaniques qui s’animent et crucifix brandis dans les ténèbres. Les teintes sépia ancrent solidement le récit dans une esthétique surannée et la maison des Smurl devient un personnage maléfique à part entière. Apparitions glaçantes, scènes de possession, lévitations et corps désarticulés rythment la progression dramatique, au son de jump scare tonitruants. Sans atteindre l’inventivité virtuose de James Wan, Chaves livre une réalisation solide, calibrée pour les amateurs de frissons. L’originalité réside dans une construction atypique : près d’une heure et demie s’écoule avant que les deux intrigues parallèles ne convergent, ce qui permet au film de s’installer dans une lente montée en tension. La conclusion, explosive, vient alors boucler le récit sur un climax redoutablement efficace.

Un final sombre et maîtrisé
Très appliqué, Michael Chaves reprend avec minutie les codes de la saga : générique en images d’archives, atmosphère vintage et objets d’époque. Les quartiers ouvriers et maisons mitoyennes, déjà explorés dans les précédents films, sont à nouveau convoqués, renforçant ce sentiment de continuité. La dimension religieuse reste omniprésente, tout comme l’encart récurrent « inspiré de faits réels », marque de fabrique de la franchise. Le récit intègre également le cirque médiatique autour de la maison hantée, et quelques clins d’œil nourrissent la nostalgie des fidèles : la poupée Annabelle, le retour du père Gordon, ou encore une ouverture en musique rock rappelant celle de Conjuring 2. Ce quatrième volet semble ainsi clore le cycle des Warren, tout en entrouvrant la porte à une relève…
Comme toujours, Vera Farmiga et Patrick Wilson prêtent leur intensité et leur chaleur à Lorraine et Ed Warren, un couple à la fois fragile et héroïque. Leur alchimie continue d’être le socle émotionnel de la saga. Mais le film met aussi en avant de nouveaux visages : Mia Tomlinson, convaincante dans le rôle de Judy, Ben Hardy en Tony, Rebecca Calder et Elliot Cowan dans la peau du couple Smurl, et la jeune Kíla Lord Cassidy en Heather. Le film s’autorise même un détour par le passé avec des versions plus jeunes d’Ed et Lorraine, offrant un bel effet de continuité grâce à une ressemblance troublante. Si la mise en scène manque parfois d’originalité, l’ensemble est porté par des personnages attachants et un crescendo émotionnel qui vient conclure l’expérience sur une note plus que satisfaisante.
En somme, Conjuring : L’Heure du Jugement réussit son pari : offrir un adieu sombre et émouvant aux Warren tout en rappelant pourquoi cette saga s’est imposée comme une référence du cinéma d’horreur contemporain. Moins inventif que les premiers volets mais sincère et maîtrisé, ce dernier chapitre marque la fin d’une ère… ou le début d’une nouvelle génération de démonologues