Nous sommes en 2024 après Jésus-Christ. Tout Paris est occupé par les salles d’Escape Game. Tout Paris ? Non ! Un centre peuplé d’irréductibles créateurs, Virtual Room, propose encore et toujours aux amateurs de loisirs originaux des escapades dans la réalité virtuelle, et depuis peu, dans la Gaule du plus célèbre des gaulois. C’est avec beaucoup d’intérêt et de curiosité que nous avons revêtu nos plus belles braies et nattés nos longs cheveux afin de rencontrer Astérix et ses amis au cours de ce Mission Potions.
Des aventures où l’on coopère
Virtual Room, donc, selon le site de l’enseigne, est « leader des aventures VR collaboratives et pionnier des salles de loisirs dédiées à la réalité virtuelle depuis 2017 ». Ils produisent, exploitent et distribuent leurs contenus VR dans leur réseau de salles, à travers une trentaine de villes dans le monde (dont une douzaine rien qu’en France).
Virtual Room a créé jusqu’à maintenant quatre expériences immersives sur des thèmes plutôt adultes (zombies, SF, jeux vidéo…). Astérix : Mission Potions est leur cinquième jeu, et leur premier à licence. Un univers fort qui parle à tout le monde (nous ne vous ferons pas l’affront de vous le présenter), et qui permet de toucher un public large et familial.
Mais cela ne veut pas dire moins de travail : les concepteurs ont dû écrire une histoire respectueuse de la bande dessinée, pour titiller notre fibre nostalgique, sans oublier de tout dessiner ou redessiner (les éléments des récents films d’animations n’ont pas été utilisés). Le challenge était posé : nous immerger dans une aventure inédite sans dénaturer l’œuvre d’origine.
L’accueil surprendra peu les habitués des escape games, à savoir un maître du jeu expliquant les quelques consignes de base. L’accent est toutefois moins mis sur l’ambiance. Logique, l’immersion commence une fois le casque de réalité virtuelle vissé sur la tête.
Les règles sont rapidement assimilées : le casque correctement ajusté pour une vision nette et un poids bien réparti sur la tête, les poignées dans les mains (ce qui nous permettra d’interagir avec les éléments du jeu), et surtout, attention aux murs, invisibles dans le jeu mais bien réels « dans la vraie vie », et qui sont représentés par une discrète grille rouge n’apparaissant que lorsque l’on s’approche un peu trop près de l’obstacle. Discret et efficace.
En pratique, le dispositif est confortable et rapidement oublié, un peu moins pour les porteurs de lunettes, qui risqueront de sentir une gêne sur la durée. Rien de rédhibitoire – la session reste courte – mais il faut le noter.
Nous étions 3 joueurs, chacun dans une petite pièce d’un abord assez froid avec son casque attaché au plafond par d’imposants câbles, ses murs gris et son ambiance tamisée. Un petit côté Matrix qui a pour mérite d’accentuer l’effet « whaou ! » lorsque le maître du jeu lance la session. Car oui…
En réalité virtuelle… la magie opère
Cela débute doucement, avec seulement un clavier virtuel géant devant soi : l’occasion de tester la manipulation des fameuses manettes pour inscrire son prénom. On tâtonne un peu, puis on comprend le truc. Et, comme nous sommes des gaulois, nos prénoms sont « gauloissisés » avec le suffixe « ix ». Votre serviteur est ainsi devenu Aurélix, avec un avatar qui arbore une magnifique paire de moustaches blondes. Classe, non ?
Une page de bande dessinée apparaît en grand, et un narrateur nous conte l’indispensable incipit de toute aventure d’Astérix qui se respecte. Saviez-vous qu’un village résistait encore et toujours à l’envahisseur ? Ça tombe bien, nous sommes dedans, directement transportés dans la hutte de Panoramix, notre druide. Se tenir grandeur nature dans les décors de la BD est, il faut l’avouer, saisissant. On se rend compte du travail énorme accompli par les créateurs : la modélisation est vraiment réussie, plein de détails sautent aux yeux.
L’un des concepteurs nous soufflera d’ailleurs que la hutte du druide n’aura pas été si simple à imaginer, tant elle apparaît différente dans chaque volume. Il a fallu faire des choix, et le résultat est impressionnant : chacun y reconnaitra la bande dessinée de son enfance.
Le druide s’adresse à nous (les voix sont celles des doubleurs originaux) et explique que nous allons devoir cuisiner notre propre potion magique. Devant soi, un chaudron fumant et pas mal de babioles, comme une serpe d’or, qui nous servira à couper du gui, un mortier à écraser des mûres, etc. Nous apprenons en douceur à interagir avec le décor et entre nous, malgré un début un peu rugueux : les instructions ne sont pas claires, et on est tiraillé entre l’envie d’explorer et le besoin de faire avancer l’histoire. Toutefois, le maître du jeu nous donne de précieuses indications et nous permet de comprendre ce que l’on attend de nous. Cette aide se fera de plus en plus discrète par la suite. Une fois habitué au système de jeu, dès le deuxième tableau, les interactions deviennent fluides.
On tape du légionnaire (romain)
Sans raconter la petite histoire qui sert de fil conducteur au jeu, nous serons baladés de décor en décor, comme la forêt, la prison du camp romain ou le village gaulois. Chaque tableau est l’occasion de découvrir un nouvel environnement, de nouveaux personnages et de nouvelles possibilités d’interaction.
C’est là toute la force de la session : les activités sont suffisamment variées pour ne pas se lasser. Après avoir cuisiné notre potion magique, nous explorerons une forêt, nous évaderons d’une prison, participerons à une bataille contre les romains…
Chaque scène regorge de petits détails qui raviront les connaisseurs. Chaque pixel donne envie d’observer, de fouiller, tester. Tout n’est pas obligatoire, on a l’impression de faire mille choses et de passer à côté de mille autres, sans jamais se sentir frustré. Car il y en a pour tous les goûts. Que vous préfériez l’exploration, la résolution d’énigmes (légères, cela reste familial), ou la baston, vous y trouverez votre compte. Jamais stressant, le jeu se déroule devant nous avec bienveillance, et surtout beaucoup de fun, ce qui plaira énormément aux enfants.
A propos de ces derniers, Virtual Room les accepte à partir de 8 ans pour cette aventure, créée pour être jouée aussi bien en famille qu’entre amis. Il faut par contre prendre en compte l’imposant casque de réalité virtuel, qui peut être lourd et générer de l’inconfort. Avant cet âge, l’exposition à un tel écran peut être déconseillé, par principe de précaution.
Dans les petites frustrations, la durée de la session 45 mn que l’on ne voit pas passer) implique d’enchaîner les tableaux selon un rythme bien défini. Il en résulte des transitions pas toujours heureuses, notamment quand une épreuve n’a pas été totalement complétée : le fondu au noir arrive soudainement, malgré la voix du narrateur faisant office de lien entre les environnements.
Aussi, certaines limites inhérentes à la VR peuvent nous sortir brièvement de l’immersion, comme la façon de se déplacer dans de grands décors : comment explorer une forêt alors que nous sommes en fait enfermés entre quatre murs ? L’astuce de se téléporter de case en case à l’aide de nos manettes fonctionne bien, mais rappelle la dure réalité matérielle. De même, il peut arriver de taper le mur avec une manette en essayant d’attraper un objet, même si c’est plutôt rare. Après tout, si notre esprit est dans un jeu vidéo, aussi immersif soit-il, notre corps reste dans la réalité physique !
Le traditionnel banquet final marque le retour à la réalité. Le casque enlevé, les images restent, tout comme la sensation d’avoir vécu tant d’aventures en très peu de temps. Gage de la réussite ? Nous arborions tous notre plus beau sourire et les étoiles dans nos yeux ont remplacé nos regards d’adultes blasés.
Le pari de Virtual Room est gagné : Astérix Mission Potions nous projette littéralement dans la bande dessinée, à travers une histoire inédite ne dénaturant pas l’univers créé par Goscinny et Uderzo. La technique est rodée, la patte artistique respectueuse de la bande dessinée et, finalement, le plaisir de s’immerger dans l’univers des célèbres gaulois est bien réel et bluffant.
Astérix : Mission Potions à la Virtual Room. Nous avons testé l’expérience à Paris, mais des adresses sont également présentes à Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Rennes, Nantes, Brest, Saint-Brieuc, Lille, Orléans, Toulon et Clermont-Ferrand, ainsi qu’à Genève et Bulle en Suisse. De 2 à 4 participants à partir de 8 ans. Durée : 45mn. Tarifs : 30 € plein tarif, 25 € pour les moins de 26 ans sur présentation d’un justificatif.