[Critique Théâtre] Numéro deux : Sorcellerie et regrets au Théâtre Tristan Bernard

Caractéristiques

  • Titre : Numéro deux
  • Ecriture : David Foenkinos, adaptation : Léonard Prain
  • Musique : Cascadeur
  • Mise en scène : Sophie Accard
  • Avec : Axel Auriant, Pierre Benezit, Valentine Revel Mouroz, Serge Da Silva
  • Durée : 1h30
  • Lieu(x) de représentation : Théâtre Tristan Bernard
  • Dates : Du 18/01/25 au 05/07/25
  • Note : 7/10

Trois ans après la parution du roman Numéro deux de David Foenkinos aux éditions Gallimard, Léonard Prain en propose une adaptation scénique sur les planches du Théâtre Tristan Bernard, mise en scène par Sophie Accard (Vole, Eddie, vole!). Très appréciée, la pièce est prolongée jusqu’au 5 juillet et vient de recevoir une nomination aux Molières 2025 dans la catégorie Révélation masculine pour Axel Auriant (découvert dans Une vie sur mesure de Cédric Chapuis), qui interprète le rôle principal.

Pottermania et récit d’une vie brisée

L’action débute en 1999. Martin Hill est un jeune garçon de onze ans, fils d’une journaliste très occupée et d’un accessoiriste de cinéma se rêvant inventeur de génie. Alors qu’il ne s’intéresse pas particulièrement au septième art, une rencontre fortuite avec David Heyman, producteur, le pousse à tenter sa chance au casting du futur sorcier le plus célèbre de tous les temps : Harry Potter. Il passe brillamment toutes les étapes jusqu’à la dernière… où Daniel Radcliffe lui vole malheureusement la vedette. Numéro deux suit alors le parcours de Martin, qui peine à se relever de ce qu’il considère comme le plus grand échec de sa vie. Comment tourner la page lorsque le rôle qui vous a échappé de peu a le succès retentissant que l’on connait?

En environ une heure trente, la pièce retrace le destin du jeune homme, de son enfance tourmentée, marquée par le divorce de ses parents, à son entrée dans la vie active. On suit en parallèle les débuts de la Pottermania, de la genèse du roman Harry Potter et de son adaptation en films, qui donneront naissance à un véritable phénomène de société. Des images d’archives sont diffusées sur l’écran d’une télévision vintage posée dans le décor, et le déroulé des événements est chronologique et documenté, offrant au spectateur une véritable plongée dans l’univers de J.K Rowling, qui prendra d’ailleurs vie sur scène pour une interview particulièrement cocasse.

© Fabienne RAPPENEAU Droits réservés.

Une galerie de personnages hauts en couleur

Numéro deux s’ouvre sur le monologue de Martin Hill, debout sur le devant de la scène, et se poursuit par la mise en scène virevoltante de son histoire, interprétée par une galerie de personnages farfelus et divertissants. Seuls trois autres comédiens sont à ses côtés : Pierre Bénézit, Valentine Rével-Mouroz et Serge Da Silva, pour incarner avec brio et humour les innombrables protagonistes de l’histoire, tour à tour parents, journaliste à postiche hilarant, ou encore beau-frère bougon de Martin. Ils s’en donnent à cœur joie pour notre plus grand plaisir et changent les décors eux-mêmes, déplaçant les meubles en un clin d’œil entre chaque scène.

Malgré quelques thématiques assez dramatiques – décès familial, maltraitance, moqueries et début de dépression – l’humour est très présent, et l’on retrouve la fantaisie et la légèreté de ton du texte de Foenkinos. Certes, certains personnages sont caricaturaux et les blagues manquent parfois de finesse car il n’est pas simple de chercher à concilier tous les publics. Cependant, la pièce est très plaisante de bout en bout et parvient toujours à proposer un divertissement de très bonne facture.

image axel auriant numéro deux
© Fabienne RAPPENEAU Droits réservés.

Une adaptation réussie du roman de Foenkinos

La relecture théâtrale de Léonard Prain est très fidèle au roman de David Foenkinos. Elle parvient, dans sa structure, à reprendre à la fois le récit biographique de Martin, à illustrer le contexte dans lequel il évolue, et à créer un suspense filé en séquençant un événement-clé de sa vie en plusieurs parties réparties tout au long de la pièce. Si le début et la fin du spectacle sont particulièrement réussis, on ressent un léger ventre mou dans la deuxième partie, lorsque le personnage de Martin se morfond sur lui-même et rechigne à rebondir. Néanmoins, la mise en scène est dynamique et inventive et parvient toujours à relancer le rythme, avec une horloge qui se met tout à coup à accélérer pour marquer une ellipse, ou encore la télévision qui s’allume brutalement pour proposer des images d’archives ou des interviews.

Le décor est chargé et coloré, avec une accumulation de meubles et de bibelots qui rappellent la profession d’accessoiriste du père de Martin et donnent du peps à l’ensemble. En projetant l’ombre de grands vitraux sur les côtés de la scène ou en utilisant les différents coins du plateau, de nouveaux décors prennent vie avec fluidité, épaulés par les costumes et perruques d’Atossa et les lumières de Simon Cornevin. Bien sûr, la magie est présente, et pas uniquement dans le thème de la pièce : la fumée, les bruitages et les flashs lumineux agrémentent l’ensemble et renforcent le jeu des acteurs avec emphase.

Numéro deux est donc une pièce joyeuse et grand public, adaptation réussie du roman de David Foenkinos. Emportée par un quatuor d’acteurs dynamiques et investis, elle plaira sans nul doute aux fans du sorcier à lunettes, mais également aux spectateurs avides de passer un bon moment en famille, à partir de sept ans.

Article écrit par

Lorsqu’elle n’enseigne pas l’italien, Lucie Lesourd aime discuter de sa passion pour le cinéma, le théâtre et les comédies musicales. Spécialisée en littérature young adult et grande amatrice de polars et thrillers, elle rejoint Culturellement Vôtre en février 2020 pour y partager ses avis lecture et sorties culturelles.

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