[Critique] L’Étrange Festival 2017 : Mon Mon Mon Monsters!

Caractéristiques

  • Titre : Mon Mon Mon Monsters!
  • Titre original : Guai guai guai guaiwu!
  • Réalisateur(s) : Giddens Ko
  • Avec : Deng Yu-Kai, Kent Tsai, Eugenie Liu, Lai Jun-Cheng, Tao Bo-Meng
  • Genre : Comédie, Fantastique
  • Pays : Taiwan
  • Durée : 112 minutes
  • Note du critique : 7/10

Le monstre est humain

L’Étrange Festival, c’est souvent l’occasion de sortir des sentiers battus, mais aussi d’aborder la production cinématographique de pays moins mis en valeur le reste du temps. Si Taiwan a connu un petit âge d’or, notamment grâce à l’immense réalisateur King Hu, aujourd’hui les plus grands films de cette nation ont du mal à nous parvenir, et c’est un constat que nous déplorons. L’édition 2016 fut l’occasion, pour les festivaliers, de découvrir The Tenant Dowstairs, d’Adam Tsuei, qui a su captiver le public. C’est le scénariste de ce film, Giddens Ko, que l’on retrouve, mais cette fois-ci derrière la caméra, avec un Mon Mon Mon Monsters! au pitch alléchant.

Lin, un jeune lycéen, est régulièrement humilié par Ren-Ho et sa bande. Quand Lin est accusé à tort d’un vol, il se retrouve en retenue avec ses tortionnaires. Peu à peu intronisé par la bande, il va découvrir dans les sous-sols du lycée une créature mystérieuse…

Mon Mon Mon Monsters! développe, dès les premières minutes, une tonalité de film de monstre. Une attaque sanglante a lieu, et les bestioles vivent en marge de la société. Schéma classique, vous dîtes-vous ? Erreur, car le réalisateur Giddens Ko va construire une ambiance et un fond que l’on peut qualifier de différent. Véritable charge contre une partie de la société taiwanaise, mais aussi celle qui domine mondialement. Non, l’individu-roi, qui s’auto-congratule à grands coups de selfies et de domination sur plus faible que lui, n’est pas une exclusivité française ou américaine. L’œuvre ici abordée a le bon goût de le rappeler, en poussant à l’extrême l’absurdité d’une jeunesse parfois sujette à des maux inquiétants.

Un film qui en a gros sur la patate

image film mon mon mon monsters

Mon Mon Mon Monsters! n’est pas un film de monstre, mais sur la monstruosité. Lin débute son cheminement comme une véritable tête de turque, une victime de harcèlement scolaire. Malmené, et totalement lâché par sa prof, plus occupée à ses prières qu’à prendre les voyous de sa classe en plein acte dangereux, le jeune garçon va se voir obligé d’accompagner ses quatre agresseurs en mission d’intérêt public. Au contact de ces cinglés, le personnage principal va changer, se faire accepter, et devenir lui-même un véritable abruti, même s’il semble subir ses nouveaux compagnons de « jeu ». Là est le vrai sujet de ce film, et les monstres apparaissent comme pour mieux le souligner. Les horribles adolescents vont kidnapper la petite sœur de la bestiole assoiffée de sang, l’attacher et lui faire subir de bien terribles supplices. On vous le signe : l’horreur n’est pas toujours celle qui a les dents acérés.

Mon Mon Mon Monsters! est clairement une charge sociale, de la part d’un réalisateur qui, tout en distillant des instants légers, en a gros sur la patate. Une ds des séquences chocs du film, tétanisante, montre un véritable meurtre que l’entièreté de l’école s’amuse à prendre en photo, à filmer, à immortaliser par le biais de selfies. Glauque. On sent clairement une rage, de la colère, qui culminera dans un final jusqu’au-boutiste. Le spectateur est continuellement pris à revers, et ne sait parfois plus s’il faut rire ou frémir de ce qui se passe à l’écran. C’est sans doute là l’un des plus beaux tours de force de Giddens Ko, qui pour autant ne livre pas une copie exempt de tous reproches. Sa gestion de la violence n’est pas des plus réussie, on aurait apprécié de celle-ci qu’elle se fasse plus brutale. Aussi, il existe une véritable préférence de traitement, de la part du metteur en scène, pour les personnages humains, de sorte que les monstres sont un peu « légers » en terme de présence, de menace, et d’écriture. Rien d’éliminatoire, surtout qu’en plus le casting fait le boulot. Incontestablement l’une des belles surprises de L’Étrange Festival 2017.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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